4 octobre 2021
À l’occasion de la Journée mondiale des enseignant(e)s, l’Académie de l’OMPI propose de partager les expériences et les points de vue de deux enseignants remarquables qui ont eu un fort impact sur les nouvelles générations d’innovateurs, de créateurs et de créateurs d’entreprise en Roumanie et à la Trinité-et-Tobago.
L’Académie travaille avec les enseignants et les responsables des programmes d’études dans les ministères de l’Éducation partout dans le monde, afin d’œuvrer à la promotion de l’enseignement à l’innovation et à la créativité par le biais de la propriété intellectuelledans les programmes scolaires de l’enseignement primaire et secondaire. Les mesures prises et les formations dispensées sont organisées sous les auspices du service IP4Youth&Teachers de l’Académie de l’OMPI.
Sur les pas de sa mère, Elena Roxana Vișan a décidé de suivre une carrière d’enseignante en sciences sociales. Après avoir obtenu une spécialisation en droit à l’Université Valahia de Targoviste et une spécialisation en administration publique à l’Académie d’études économiques de Bucarest, elle a conclu son doctorat en sciences administratives à l’Université nationale d’études politiques et d’administration publique de Roumanie. Elle est ensuite devenue enseignante et, vingt-trois ans plus tard, elle continue de former des jeunes élèves. À l’heure actuelle, Roxana s’intéresse à la créativité interdisciplinaire, la création d’entreprise et l’enseignement de la propriété intellectuelle dans des classes du secondaire, avec des thèmes comme “Les inventions des civilisations anciennes”, “Les marques traditionnelles roumaines” et “Revues des inventeurs”.
Le premier contact de Roxana avec les questions de créativité, de création d’entreprise et d’enseignement de la propriété intellectuelle a eu lieu à l’occasion d’un cours de formation pour enseignants organisé conjointement par l’Office roumain du droit d’auteur (ORDA) et l’Académie de l’OMPI à Bucarest en 2016. Depuis, elle s’implique dans la formation à la propriété intellectuelle d’enseignants et d’élèves, notamment par le biais d’ateliers sur la propriété intellectuelle à l’intention des élèves, de concours nationaux visant à promouvoir les inventeurs du pays concerné, ainsi que lors des commémorations de la Journée mondiale de la propriété intellectuelle. Roxana a également élaboré un guide pratique pour enseignants sur l’enseignement de la propriété intellectuelle et elle organise, dans les instituts pédagogiques, des formations à la propriété intellectuelle d’une durée d’un an, à l’intention des étudiants qui se destinent à l’enseignement dans le système éducatif national.
La jeunesse roumaine est très créative. J’aspire à promouvoir l’importance de la propriété intellectuelle, parce qu’elle constitue un paradigme nouveau pour le développement humain dont notre pays a besoin pour sa croissance socioéconomique.
Elena Roxana Vișan, enseignante en sciences sociales, Collège pédagogique national La Reine Marie (Roumanie)
Elle est fréquemment confrontée au défi de convaincre ses élèves et leurs parents de l’importance des cursus et des missions portant sur la propriété intellectuelle, dans la mesure où la propriété intellectuelle n’est pas une matière obligatoire dans les programmes scolaires roumains. Sous un angle administratif, elle s’emploie également à faire rentrer les questions de propriété intellectuelle dans le nombre limité d’heures proposées dans les programmes d’enseignement tels qu’ils sont conçus, mais elle parvient à relier la propriété intellectuelle à un grand nombre de matières scolaires en gérant efficacement le temps qui lui est consacré et en puisant dans sa force de persévérance.
En tant qu’enseignante, elle a encadré plusieurs jeunes étudiants créatifs. Le rôle de Roxana a également été reconnu dans l’excellent mentorat qu’elle a assuré auprès de l’équipe féminine qui a participé au Technovation Girls Challenge en Roumanie, organisé en partenariat avec les États-Unis d’Amérique. Son groupe a mis au point un outil numérique pour déficients visuels.
J’adore mon métier et je veux continuer d’inspirer les élèves à exploiter leur créativité, parce qu’ils sont la lumière de notre société.
Elena Roxana Vișan, enseignante en sciences sociales, Collège pédagogique national La Reine Marie (Roumanie)
Quand Nisa Suepaul était au lycée, sa plus jeune sœur a été tuée dans un accident de voiture et ce furent ses enseignants qui, à cette période la plus difficile de sa vie, l’ont entourée et soutenue dans cette tragédie. En signe de reconnaissance pour tout ce qu’ils avaient fait pour elle, Nisa a décidé qu’elle voulait faire la même chose pour les autres en suivant une carrière d’enseignante. Elle a étudié l’économie, la gestion et l’éducation à l’Université des Indes occidentales et à l’Université de Sheffield, ainsi que le droit à l’Université de Londres. Elle a débuté comme professeur de gestion d’entreprise pour des élèves du secondaire au Lakshmi Girls’ Hindu College à Saint-Augustine (Trinité-et-Tobago). En tant qu’éducatrice, elle s’est rendu compte que les méthodes archaïques d’enseignement, avec prise de notes et mémorisation, n’étaient pas aussi efficaces que les approches plus pratiques consistant à encourager les élèves à faire appel à leur créativité. Ses plans de cours ont évolué avec l’intégration d’exercices pratiques permettant de capitaliser sur les talents créatifs de ses élèves. Elle attribue ses résultats à la méthodologie que lui a apportée la taxonomie de Bloom.
Après sa carrière d’enseignante, Nisa a été promue au poste de responsable des programmes scolaires au Ministère de l’éducation de la Trinité-et-Tobago. Elle a considéré que son impact en tant que responsable des programmes pouvait être plus grand si elle contribuait à la conception, à l’élaboration et à la mise en place de programmes scolaires susceptibles de servir à l’ensemble des écoles de son pays. Dans le cadre de ses attributions, elle est chargée de superviser 650 professeurs de commerce et vente dans l’enseignement secondaire à la Trinité-et-Tobago. Elle insiste auprès de son groupe d’enseignants sur l’importance de recourir à des exercices pratiques créatifs en lien avec les questions de propriété intellectuelle, afin de nourrir un “Idéal de Citoyen des Caraïbes” qui puisse encourager l’esprit d’entreprise chez les jeunes par le biais de la créativité et de l’innovation. La plupart des questions de commerce et vente du ressort de Nisa comprennent des éléments puisés dans l’esprit d’entreprise, la créativité et la protection des droits de propriété intellectuelle. Elle mesure l’impact considérable de son action auprès des enseignants et des élèves à l’aulne des résultats aux examens nationaux pour les classes d’économie du secondaire, qui continuent d’enregistrer une forte amélioration.
Nisa apporte également son concours à une série de compétitions et d’initiatives autour de l’entrepreneuriat, organisées à l’intention des étudiants de la Trinité-et-Tobago. Les étudiants participent depuis 2017 à la compétition annuelle National Secondary School Entrepreneurship Competition, un jeu virtuel où des groupes d’étudiants doivent créer une entreprise avec un certain capital de départ. Les trois premières équipes à engranger des bénéfices à la fin de l’épreuve remportent la compétition. Nisa est particulièrement fière de plusieurs gagnants qui ont ensuite lancé leur propre entreprise en s’inspirant des idées qu’ils avaient élaborées au cours de la compétition. Elle reconnaît que pour que les compétitions parviennent à faire intégrer l’innovation, la créativité et l’enseignement de la propriété intellectuelle dans les programmes scolaires du secondaire, il faut le soutien du secteur privé, dans la mesure où les étudiants sont amenés à développer leurs connaissances pratiques à partir des expériences qu’ils vivent auprès des PME et des grandes entreprises. Elle se félicite également des partenariats entre les secteurs public et privé qui ont fourni les financements nécessaires, ainsi que des efforts déployés par les enseignants en commerce et vente du Ministère de l’éducation, qui ont permis d’inscrire l’entrepreneuriat dans les programmes scolaires.
Le meilleur conseil que je peux donner à ceux qui se lancent dans l’enseignement de la propriété intellectuelle, c’est de s’en emparer. De trouver un moyen d’intégrer dès le départ la propriété intellectuelle dans le programme du cours. Nous le devons aux jeunes esprits créatifs de notre pays.
Nisa Suepaul, Responsable des programmes scolaires (Trinité-et-Tobago)
Enfin, Nisa espère que, dans un proche avenir, l’accent sera mis davantage encore sur la propriété intellectuelle à tous les niveaux du système éducatif. En dépit de ses nombreuses activités à la fois comme responsable de programmes, dirigeante de sa petite entreprise et membre de plusieurs comités nationaux, dont le Conseil du Queens Hall, un théâtre d’arts de la scène à Port-d’Espagne, elle prévoit de préparer un doctorat en enseignement de la propriété intellectuelle. Lorsqu’elle a un peu de temps libre, elle adore se détendre en pratiquant des danses latines et en passant de précieux moments avec sa famille, notamment ses deux filles qui sont actuellement dans le secondaire. Nisa prend toujours bien soin de leur transmettre ses connaissances en matière de droits de propriété intellectuelle lorsqu’elles composent des chansons, avec des amis.