4 juillet 2023
Il peut arriver que les carrières que nous aimerions choisir n’existent pas encore, et qu’en suivant ce qui attise notre curiosité, nous soyons capables de nous bâtir un espace et d’ouvrir la voie à ce qui s’avérera nécessaire dans l’avenir. Micaela Mantegna est une ancienne élève de l’Académie de l’OMPI et la première “abogamer” au monde. Elle a façonné le terme elle-même pour qu’il corresponde à ses connaissances et à ses compétences uniques en qualité d’avocate des jeux vidéo spécialisée dans les mesures, les tendances et les réglementations de ce secteur. Aujourd’hui, elle fraye le chemin pour la prochaine génération d’avocats spécialisés dans le jeu vidéo à travers les territoires encore inexplorés du métavers.
Originaire de Patagonie (Argentine), Micaela ne s’est jamais beaucoup penchée sur la propriété intellectuelle – elle a plutôt nourri sa passion pour les jeux vidéo lorsqu’elle a reçu sa première console à l’âge de 12 ans. À la parution de la série Mass Effect en 2007, elle a été attirée par le descriptif du jeu, qui fait intervenir dans le scénario un élément d’intelligence artificielle conséquent, et source de réflexion, relatif à l’éthique et à la philosophie de l’IA dans l’avenir. Cette particularité lui a fait une profonde impression, mais ce n’est que lorsque l’affaire tristement célèbre d’atteinte au droit d’auteur de Harry Potter en 2008 qu’elle a reporté son attention sur l’importance de la propriété intellectuelle, dans la mesure où l’affaire mettait en évidence en quoi l’expertise juridique pouvait offrir une grande marge de réflexion créative en se penchant sur les questions ouvertes du “cosplay” et de la “fanfiction”. En tant que “potterhead”, elle en a tiré les conclusions qui s’imposaient et s’est dirigée vers une carrière de spécialiste du droit d’auteur, et plus particulièrement, sur l’intersection entre société numérique et droit de la propriété intellectuelle. À l’époque, la recherche sur le droit en matière de jeux vidéo n’était pas très répandue, mais Micaela a suivi avec détermination ce qui attisait sa curiosité.
Pour imprimer ce nouvel axe à sa carrière, Micaela a déménagé dans la capitale pour suivre un cursus complet de spécialisation en droit de l’informatique à l’Université de Buenos Aires en 2018. Désireuse d’en apprendre plus sur la propriété intellectuelle, elle s’était inscrite aux cours d’enseignement à distance de l’Académie de l’OMPI en 2016. Le sujet du droit en matière de jeux vidéo était alors en train de prendre de l’importance avec la popularité croissante du secteur du “streaming”, et en signe de reconnaissance de sa recherche de pointe, Micaela s’est vu décerner le Google Policy Fellowship en 2017.
Faites confiance à votre curiosité et à votre intuition intellectuelle, qui peuvent s’avérer essentielles pour l’avenir. Au départ, mes recherches sur le jeu vidéo n’étaient pas considérées très pertinentes, mais maintenant que le secteur du streaming est en pleine expansion, mes travaux sont extrêmement nécessaires et demandés.
Micaela Mantegna, “abogamer”, ancienne élève de l’Académie de l’OMPI, membre du Berkman Klein Center à Harvard et stagiaire TED
Micaela avait commencé à travailler comme chercheur à l’Université de San Andrés (Argentine) lorsqu’elle entendit parler du lancement sur le campus d’un nouveau programme conjoint avec l’OMPI de master en propriété intellectuelle et innovation. Elle candidata et fut l’une des diplômés du premier groupe du programme en 2019. Son mémoire portait sur l’IA et le droit d’auteur, et elle se servit de ses travaux pour rédiger et publier son premier ouvrage, édité par l’université, “ARTIficiel : créativité, intelligence artificielle et droit d’auteur”.
Elle a écrit le livre, qui explore l’intelligence et la créativité artificielles, à l’intention des artistes, des créateurs de contenus et des diffuseurs en continu intéressés à en savoir plus sur la dynamique de la nouvelle ère de créativité qui s’ouvre. Au départ, Micaela a rédigé son livre en espagnol parce qu’elle voulait prendre part aux contributions latino-américaines aux publications sur la propriété intellectuelle et l’apprentissage automatique. Ses recherches et le succès de son livre ont tous deux été rendus possibles grâce au réseau de soutien que lui ont apporté l’Université de San Andrés et ses pairs du Programme conjoint de maîtrise en propriété intellectuelle.
J’encourage vivement mes collègues chercheurs d’Amérique latine à s’inscrire au Programme conjoint de maîtrise en propriété intellectuelle et en innovation proposé par l’OMPI et l’Université de San Andrés, parce qu’à l’issue du cursus, non seulement vous aurez acquis les connaissances permettant de renforcer la société, mais vous aurez également gagné une communauté de soutien grâce aux élèves du programme. Cela crée vraiment un terrain fertile pour bâtir une communauté de chercheurs, ainsi qu’un système de soutien inestimable.
Micaela Mantegna, “abogamer”, ancienne élève de l’Académie de l’OMPI, membre du Berkman Klein Center à Harvard et stagiaire TED
À l’heure actuelle, Micaela travaille à la traduction de son livre dans d’autres langues et rédige un deuxième ouvrage, axé sur le métavers. Elle est également membre du Berkman Klein Center à l’Université de Harvard, où elle mène des recherches sur l’éthique et les politiques en matière de jeux vidéo, ainsi que sur les technologies immersives de réalité augmentée (RA), en mettant l’accent sur la gouvernance du métavers.
Aujourd’hui, tout le monde est créateur de contenus, et le droit de la propriété intellectuelle est un élément fondamental du métavers. La recherche sur cette thématique est importante… et aujourd’hui, plus que jamais.
Micaela Mantegna, “abogamer”, ancienne élève de l’Académie de l’OMPI, membre du Berkman Klein Center à Harvard et stagiaire TED
Comme Micaela est une joueuse fanatique impliquée dans les différents aspects du terrain, de la recherche universitaire au cosplay, elle était travaillée par l’inégalité entre les sexes qui est prégnante dans les jeux vidéo. La question l’a frappée encore plus lorsqu’elle a participé à une conférence sur le jeu vidéo en 2018 et qu’elle a remarqué que tous les intervenants étaient des hommes. Afin de marcher sur les traces du Commandant Shepard de la trilogie Mass Effect, elle a voulu protéger ses collègues femmes et, dans un geste héroïque, a pris la décision de mettre sur pied une communauté pour les femmes dans les jeux, dans le but de les rendre autonomes. Women In Games Argentina (WIGAr) a été lancé en 2018 et compte fièrement environ 300 membres aujourd’hui.
À mon avis, le but ultime de Women in Games Argentina serait de ne plus avoir besoin d’exister, dans le sens où on aurait un secteur d’activités équitable sans discrimination de genre, et une société dans laquelle il n’y aurait pas de place pour la toxicité ou la violence contre les femmes qui pratiquent, développent ou travaillent dans le jeu vidéo. Nous organisons diverses campagnes visant à la fois à sensibiliser à ces questions et, en même temps, à autonomiser davantage de femmes et de minorités pour leur permettre d’envisager une carrière dans le jeu vidéo, en présentant différents rôles et professions qu’elles peuvent occuper dans ce secteur.
Micaela Mantegna, “abogamer”, ancienne élève de l’Académie de l’OMPI, membre du Berkman Klein Center à Harvard et stagiaire TED
En tant qu’apprenante à vie et “abogamer”, Micaela continue de renforcer ses connaissances et ses compétences en matière de propriété intellectuelle, quand elle n’est pas occupée à susciter les curiosités créatrices, à jouer aux jeux vidéo ou à naviguer en ligne sur son réseau local.
L’Académie de l’OMPI offre des possibilités de formation tout au long de l’année à ceux qui souhaitent élargir leurs connaissances et leurs compétences en matière de propriété intellectuelle dans le cadre de son Programme de perfectionnement des cadres, de son Programme d’enseignement à distance, de ses programmes de Master conjoints et des cours d’été de l’OMPI.
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