27 juillet 2023
Trente personnes ont passé une semaine autour d’objets du quotidien. Ces objets ordinaires, en l’occurrence un marteau et un ôte-agrafes, ils ne les verront plus jamais du même œil. Ces acteurs de l’innovation se sont réunis à Genève pour perfectionner leurs compétences en rédaction de demandes de brevet. Leur objectif commun : apprendre comment convertir des idées en actifs précieux. Au bout d’une semaine, les participants ont acquis cette compétence et plus encore : un réseau international de professionnels.
Ils avaient entamé leur parcours plusieurs mois avant de franchir les portes de l’OMPI. En tant que participants au Programme international de formation à la rédaction des demandes de brevet, ils se trouvaient à mi-parcours d’une expérience d’apprentissage pratique de huit mois. Ce programme novateur, qui en est à sa deuxième édition, est le fruit d’une collaboration entre l’OMPI et la Fédération internationale des conseils en propriété intellectuelle (FICPI). Dispensé en trois phases, il commence par un module d’apprentissage à distance exhaustif, qui offre aux apprenants des fondements solides concernant les principes de base de la rédaction de demandes de brevet. Les participants prennent ensuite part à un atelier pratique où ils doivent appliquer ces compétences. Le programme se termine par un mentorat, qui offre aux apprenants la possibilité d’obtenir un retour d’information personnalisé en vue d’améliorer leurs compétences en rédaction de demandes de brevet.
La particularité de ce programme de formation réside dans son approche mondiale. Pour gagner du terrain, la plupart des inventions doivent cibler de multiples marchés. Aussi les spécialistes en brevets doivent-ils concevoir leurs demandes en ayant le monde entier à l’esprit. Les formateurs du programme, originaires des États-Unis d’Amérique, du Royaume-Uni, de l’Afrique du Sud et de l’Inde, ont partagé leurs connaissances approfondies en matière de rédaction de demandes de brevet et de difficultés liées à la composition de demandes pour différents pays. Ensemble, ils formaient une équipe forte de plus de 77 années d’expérience.
“Je ne m’attendais pas à une telle diversité chez les formateurs, ce sont des esprits précieux. J’ai acquis des connaissances concernant la rédaction de demandes de brevet dans différents ressorts juridiques. Chaque formateur a son style et vous guide pour organiser vos revendications”, a déclaré Soad Essam Abueldahab, responsable du service de la propriété intellectuelle chez EVA Pharma (Égypte). Se confronter à différents styles et pratiques de rédaction permet aux participants d’acquérir des connaissances essentielles pour rédiger des demandes de brevet plus solides. “C’est un tournant pour les rédacteurs de demandes de brevet”, a déclaré Yigremachew Eshetu Wolde, maître assistant à l’Université de Wolaita Sodo (Éthiopie).
Une demande de brevet de qualité ne doit pas se contenter de décrire une invention. Elle doit prévoir comment d’autres pourraient mettre en œuvre la même idée de base en y apportant de légères modifications. C’est l’un des points essentiels de l’atelier de Genève. Comme le dit Simon Njuguna, adjoint diplômé de la direction de la gestion de la propriété intellectuelle et chargé de liaison avec le secteur universitaire auprès de l’Université d’agriculture et de technologie Jomo Kenyatta (Kenya) : “j’ai appris à poser les bonnes questions à partir du formulaire de divulgation de l’invention et à me demander, si j’étais un concurrent, comment je pourrais porter atteinte à la revendication”.
À l’instar d’autres participants, Simon a l’intention de transmettre les connaissances qu’il a acquises dans le cadre du programme afin d’amener son université à un niveau supérieur. “J’ai envie de mieux rédiger et de partager les concepts que j’ai découverts avec mes collègues.”
Avec de simples objets comme un marteau et un ôte-agrafes, les apprenants se sont exercés à rédiger des revendications de brevet. Ils ont appliqué les concepts qu’ils avaient découverts, réfléchissant à la fonctionnalité de ces outils, leur finalité et à d’autres utilisations possibles, ainsi qu’à la terminologie exacte que l’on peut utiliser pour rédiger une demande de brevet pour de tels outils. Lors du dernier exercice de l’atelier, une simulation de procès en contrefaçon, les apprenants ont découvert que le langage prenait une toute nouvelle signification - en fournissant une description claire et concise du marteau, de ses composants et de sa finalité, et au-delà de la question du langage, en quoi ce marteau particulier était différent d’autres outils dotés d’une fonction similaire.
Durant leur séjour à Genève, les participants travaillent ensemble grâce à des exercices collectifs. Cette approche axée sur le travail d’équipe permet aux formateurs comme aux étudiants d’apprendre les uns des autres. L’accent mis sur le travail de groupe a également un autre objectif : tisser des liens entre professionnels en devenir. Cette année, les participants étaient originaires de 23 pays et grâce aux généreux financements du Fonds fiduciaire mondial du Japon pour la propriété industrielle et d’autres donateurs qui ont offert des bourses, 18 participants au moins ont bénéficié d’un financement pour assister à l’atelier. Certains participants sont les seuls professionnels de leur pays à posséder des compétences rédactionnelles. Ce travail peut se révéler éprouvant dans la solitude.
Après l’atelier, les participants ne se sentent plus seuls. Jessica Hernández Galeano, scientifique spécialisée dans la propriété intellectuelle chez AGP eGlass (Colombie) décrit le temps passé à Genève en ces termes : “J’ai été ravie de rencontrer des gens du monde entier et de comprendre les différentes façons d’aborder la rédaction des demandes de brevet. Je me suis fait beaucoup d’amis et créé un vaste réseau de personnes extraordinaires”. Le plus important est peut-être que tous les participants “partagent la même passion pour la propriété intellectuelle”.
Les participants vont maintenant mettre ce qu’ils ont appris en pratique. Au fil des prochains mois, ils travailleront sur des exercices dans leur propre domaine d’expertise. Pour chaque exercice, ils recevront un retour d’information personnalisé de la part des formateurs ainsi que des conseils pour améliorer leur pratique. Ils bénéficieront de séances collectives de retour d’information sur les exercices, au cours desquelles les formateurs leur présenteront les erreurs courantes observées et leur prodigueront des conseils supplémentaires en matière de rédaction. En outre, les apprenants participeront à des forums de discussion qui leur permettront d’apprendre les uns des autres.
Les inscriptions à la prochaine édition du programme international de formation à la rédaction de demandes de brevet de l’OMPI débuteront à la fin de 2023. Si vous souhaitez faire partie de notre liste de diffusion, veuillez envoyer un message.