Les plus grandes industries cinématographiques du monde
27 février 2023
Par David Hancock (Omdia), Jeff Slee et Sacha Wunsch-Vincent (OMPI)[1]
Seuls l’avenir du cinéma immersif et le financement des films à budget moyen à partir de 2023 nous diront si les niveaux d’avant la pandémie pourront à nouveau être atteints.
La pandémie de COVID-19 a eu un gros impact sur la production cinématographique mondiale, entraînant une chute spectaculaire du nombre de films produits, qui est tombé à 5438 en 2020, soit une baisse de 40% par rapport au nombre record de 9098 films en 2019, ce qui témoigne du grand intérêt que continuent de susciter les contenus de longue durée.
Cela dit : nos nouvelles données sur les films, produites par Omdia en collaboration avec l’Indice mondial de l’innovation, montrent une forte croissance de la production cinématographique en 2021[2], de l’ordre de 40%, pour un total de 7589 films, ce qui ne correspond pas encore aux niveaux d’avant la pandémie, mais représente néanmoins une reprise significative.
Faits marquants
L’effondrement de la production cinématographique en 2020 pendant la pandémie de COVID-19 a résulté principalement d’une chute importante de la production en Inde (-51%), en Chine (-37%), aux États-Unis d’Amérique (-45%), au Japon (-27%) et en Argentine (-67%), ces pays étant classés en fonction de la baisse du nombre de films produits.
La reprise de la production de films en 2021 est principalement imputable à l’Inde (+642 films), aux États-Unis d’Amérique (+496), à l’Argentine (+149) et au Mexique (+148). La Chine (-85) est l’un des rares grands sites de production cinématographique à ne pas être parvenu à se remettre de la crise liée à la pandémie; la Malaisie (-20), l’Australie (-20) et le Japon (-16) enregistrent également des baisses.
En 2021, l’Inde et son célèbre Bollywood arrivent en tête du classement avec plus de 1800 films, soit environ 24% de la valeur totale non échelonnée, gagnant ainsi 2% supplémentaires de la part mondiale, ce qui en fait le champion mondial incontesté en ce qui concerne le nombre de films produits. Les États-Unis d’Amérique et leur célèbre Hollywood arrivent au deuxième rang, avec environ la moitié du total indien et 12% de l’ensemble des productions de longs métrages. La Chine est troisième, avec une part mondiale de 7%, et le Japon quatrième, avec 6%.
En ce qui concerne les économies à revenus moyens ou faibles, le Mexique, l’Argentine, la Fédération de Russie, le Brésil, la République islamique d’Iran, l’Indonésie et les Philippines, classés en fonction du nombre de films produits, figurent sur la liste des 20 principaux pays producteurs de films dans le monde en 2021.
En Afrique, l’Afrique du Sud arrive en tête au 29e rang mondial (31 films), suivie de l’Égypte au 33e rang (25 films), et la Tunisie, qui a vu le nombre de ses films quadrupler par rapport à l’année dernière, se classe au 42e rang mondial (15 films).
Si l’on ajuste la production cinématographique à la taille de la population, l’Islande arrive en tête, suivie de la Lettonie, de l’Estonie, de la Suisse et de la Slovénie.
Alors que le cinéma poursuit sa reprise en 2022, les niveaux de production de films au niveau mondial sont en train de remonter. La demande sans précédent d’espaces de studio, l’essor de la production virtuelle et l’entrée des streamers dans le secteur des salles de cinéma sont autant d’éléments qui confirment l’intérêt vif et durable pour le long métrage. Dans l’ensemble, la production cinématographique au cours de la dernière décennie a presque doublé par rapport aux années 1980 et 1990, sous l’effet de plusieurs facteurs, notamment la baisse des coûts de production rendue possible par les nouvelles technologies et l’augmentation du nombre d’écrans de cinéma haut de gamme dans le monde.
À l’avenir, l’immersion que permet l’expérience cinématographique haut de gamme devrait séduire les spectateurs du monde entier. Les prouesses en matière de création et de technologie qui ont permis la création du film Avatar : La Voie de l’eau, et les recettes au box-office qui en ont résulté, confirment ces prévisions.
Quelques sélections pour les Oscars 2021, 2022 et 2023, dans la catégorie des longs métrages internationaux :
Lunana : l’école du bout du monde (Bhoutan) : un chanteur en devenir vivant avec sa grand-mère dans la capitale du Bhoutan rêve d’obtenir un visa pour partir en Australie.
Argentina, 1985 (Argentine) : une équipe d’avocats s’attaque à la dictature argentine des années 1980, dans une bataille contre vents et marées et une course contre la montre.
EO (Pologne) : ce film suit un âne qui, au cours de ses voyages, rencontre des gens bons ou mauvais et éprouve tantôt de la joie, tantôt de la peine, tout en décrivant à travers ses yeux une vision moderne de l’Europe.
L’homme qui a vendu sa peau (Tunisie) : son propre corps transformé en œuvre d’art vivante et rapidement exposé dans un musée, Sam, un réfugié syrien, réalisera rapidement qu’il a vendu bien plus que sa peau.
Source : Oscars.org et base de données cinématographiques IMDB.
Informations générales
L’Indice mondial de l’innovation comprend un pilier relatif aux produits créatifs, avec trois sous-piliers : les actifs intangibles, les produits et services créatifs et la créativité en ligne. L’indicateur relatif au nombre de longs métrages nationaux est disponible dans le sous-pilier concernant les produits et services créatifs. Ces données sont mises à disposition grâce à la collaboration entre Omdia et l’Organisation Mondiale de la Propriété Intellectuelle (OMPI).
Omdia est un groupe de recherche et de conseil en technologie, établi dans plus de 25 centres de recherche et couvrant plus de 200 marchés, qui aide à établir des liens entre les différents acteurs de l’écosystème de la technologie. Omdia gère une série de bases de données dans les secteurs du cinéma, de la télévision et des médias, y compris la production de films, la distribution en salle et l’exploitation cinématographique.