Rapport du Directeur général aux assemblées de l’OMPI – 14 au 22 juillet 2022
[Tel que prononcé]
Votre Excellence, Madame l’Ambassadrice Tatiana Molcean, présidente de l’Assemblée générale de l’OMPI,
Mesdames et Messieurs les Ministres,
Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs,
Mesdames et Messieurs les Délégués,
Chers collègues et amis,
J’ai l’honneur et le privilège de vous accueillir à la soixante-troisième série de réunions des assemblées des États membres de l’OMPI.
Après deux années de réunions passées dans une salle quasiment vide, quelle sensation merveilleuse d’être à nouveau en mesure de vous accueillir, 900 d’entre vous, en personne cette année. Accueillons aussi chaleureusement celles et ceux qui nous se joignent à nous en ligne depuis les quatre coins du monde. Ensemble, nous sommes plus de 1100 personnes de la communauté mondiale de la propriété intellectuelle à assister à ces assemblées cette année.
J’aimerais tout d’abord remercier notre présidente, Madame l’Ambassadrice Molcean, pour son rôle inestimable en tant que dirigeante, qui a su nous guider et nous prodiguer ses conseils, à mes collègues et à moi-même, durant la première année de son mandat, et mener à bien la préparation des assemblées de cette année. Nous remercions également les présidentes et présidents des nombreux comités, groupes de travail et autres organes de l’OMPI, dont les réunions respectives se sont tenues tout au long de cette année. Et bien entendu, nous sommes profondément reconnaissants du soutien apporté par les coordonnatrices et les coordonnateurs de groupe, dont la mission difficile est de représenter les différents groupes régionaux et de parvenir à dégager un consensus. Vos conseils, votre soutien et vos encouragements sont une aide précieuse pour le bon fonctionnement de l’Organisation dans l’intérêt de tous ses membres.
J’adresse également mes remerciements les plus sincères aux collègues nombreuses et nombreux de l’OMPI, qui ont ardemment œuvré sans relâche pour contribuer au succès de ces assemblées et qui ont travaillé tout au long de l’année en étroite collaboration avec vous toutes et vous tous.
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Chères et chers collègues,
À l’occasion des assemblées de l’année dernière, j’ai déclaré ceci : “Dans ces conditions, l’OMPI […] ne saurait faire comme si de rien n’était”. Raison pour laquelle notre Plan stratégique à moyen terme exprimait la volonté de permettre au monde “d’utiliser la propriété intellectuelle au service de la création d’emplois, de la mobilisation d’investissements, de la croissance des entreprises et, en définitive, du développement des économies et de la société”.
Lorsque j’ai fait part de cette nouvelle vision, de ce nouveau mandat, nous nous trouvions encore au beau milieu de la crise de la COVID. Cette année, il semblerait que nous commencions enfin à distinguer la lumière au bout de ce long et sombre tunnel, bien qu’à sa sortie ce ne soient pas de beaux jours sous un soleil radieux qui nous accueillent, mais plutôt une tempête et des nuages noirs qui obscurcissent le ciel.
Invasion de l’Ukraine, inflation à l’échelle mondiale, perturbations des chaînes d’approvisionnement alimentaire et énergétique : notre monde traverse une période extrêmement difficile.
Pourtant, malgré ces défis, nous n’avons pas le droit de regarder en arrière ni d’interrompre nos efforts de création d’un écosystème mondial de la propriété intellectuelle pour l’avenir.
En tant que communauté mondiale de la propriété intellectuelle, nous devons continuer de nous engager pleinement pour changer la vision de la propriété intellectuelle et transformer cet élément technique, vertical, qui intéresse uniquement les spécialistes, en un puissant moteur de l’emploi, des investissements et du développement au service de l’innovation et de la création partout dans le monde.
Et en effet, la tendance générale nous indique également que nous devons poursuivre résolument sur notre voie. Si la pandémie a été un frein considérable, elle a aussi servi de puissant accélérateur de la technologie, du numérique et de l’innovation. Dans de nombreux pays, la propriété intellectuelle cesse d’être considérée comme un élément marginal pour se placer au cœur des activités des entreprises et des économies qui ont tiré parti de la crise pour se réinventer, se restructurer et se reconstruire en se servant de l’innovation et de la création comme des moteurs de la croissance.
Les demandes internationales de brevet déposées en vertu du système du PCT de l’OMPI ont atteint leur plus haut niveau en 2021, dépassant pour la première fois le nombre de 275 000. Les demandes d’enregistrement de marques et de dessins et modèles déposées en vertu des systèmes de Madrid et de La Haye ont enregistré une croissance à deux chiffres, s’établissant respectivement à 15 et 21%. Le recours aux mécanismes extrajudiciaires de règlement des litiges a augmenté de 44%, avec une croissance de 22% en ce qui concerne les mécanismes de règlement des litiges relatifs aux noms de domaines de l’OMPI.
Ces chiffres viennent s’ajouter à l’ensemble des demandes de titres de propriété intellectuelle en augmentation ces dernières années, une hausse que beaucoup d’entre vous ont également enregistrée en tant qu’offices nationaux de propriété intellectuelle. Depuis 2015, le nombre de demandes d’enregistrement de marques a explosé, passant du simple au double pour atteindre 17 millions de demandes, tandis que les dépôts de demandes de brevet et de dessins et modèles ont enregistré une croissance plus modeste de 15% pour la même période.
D’autres aspects de l’économie de l’innovation ont également enregistré une hausse ou ont montré leur résilience. Contrairement à la période qui a suivi la crise financière de 2008, en 2020, les dépenses consacrées à la recherche-développement au niveau mondial ont affiché une croissance de plus de 3%. À l’échelle des entreprises, la recherche-développement a poursuivi sa progression en 2021, les entreprises qui dépensent le plus en recherche-développement au niveau mondial ayant augmenté leurs dépenses d’environ 10%. L’édition 2022 de l’Indice mondial de l’innovation de l’OMPI, qui sera publiée en septembre, offrira davantage d’informations sur la situation de l’innovation dans le monde.
Ces chiffres positifs au regard de la propriété intellectuelle, de l’innovation et de la créativité sont manifestement davantage portés par les différents moteurs de la croissance et découlent moins des pôles traditionnels en matière d’innovation.
En ce qui concerne les demandes de titres de propriété intellectuelle, sept demandes sur 10 sont désormais enregistrées en Afrique, en Asie et en Amérique latine. Les investissements en capital-risque ont plus que quadruplé en Afrique et en Amérique latine au cours des 12 derniers mois pour s’élever à 3 milliards de dollars É.-U.et 16 milliards de dollars É.-U., respectivement. Les industries de Bollywood et de Nollywood ont dépassé celle de Hollywood au niveau du nombre de productions cinématographiques et, en 2021, les contenus le plus diffusés en continu sur les plateformes Spotify et Netflix provenaient de Porto Rico et de la République de Corée.
Des pays aussi différents que le Brésil, la Bulgarie, l’Inde et le Viet Nam figurent parmi les plus constants dans leur progression dans l’Indice mondial de l’innovation. Et près de 50 pays comptent désormais une entreprise ayant atteint le statut de licorne – y compris l’Équateur, l’Indonésie, la Lituanie, la Malaisie, le Sénégal et la Thaïlande. Il y a 10 ans, on en dénombrait seulement cinq.
Nous vivons des moments prometteurs, où l’innovation et la créativité peuvent éclore partout dans le monde.
Mais ce qui me touche particulièrement, c’est l’impact réel de notre travail sur les êtres humains sur le terrain.
Lorsque j’étais en mission au Mexique plus tôt cette année, j’ai eu le privilège de rencontrer des communautés autochtones venues de tout le pays et qui avaient entrepris ce long voyage pour Mexico afin d’entamer le dialogue avec l’OMPI, parce qu’elles souhaitaient savoir de quelle façon la propriété intellectuelle pouvait leur être bénéfique et les aider à partager leur patrimoine avec le monde entier. Parmi ces communautés figurait un groupe particulier de femmes de l’État d’Oaxaca dont l’artisanat traditionnel consistait en une forme de tissage de la soie dénommée “Seda de Cajonos”, qui a récemment obtenu le statut d’indication géographique protégée.
La région de l’Oaxaca a été sévèrement touchée par la pandémie et tandis que la communauté locale commence à se redresser, l’OMPI la soutient dans ses démarches pour lier la protection de cette indication géographique à l’usage des marques, des dessins et modèles et des autres formes de droits de propriété intellectuelle afin de mettre sur le marché, de commercialiser et de conditionner ce produit artisanal de façon à le faire connaître au monde entier tout en respectant les traditions locales.
Les histoires comme celle-là nous rappellent l’importance de nos travaux durant ces assemblées et nous montrent qu’en œuvrant ensemble, ici, nous pouvons changer la vie des gens, là-bas.
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Chers collègues et amis,
L’année dernière, vous avez approuvé le programme et budget pour l’exercice biennal 2022-2023, ainsi que notre Plan stratégique à moyen terme pour la période 2022-2026.
Depuis lors, notre objectif était simple : les traduire en plans et en actions concrets afin d’obtenir les résultats et l’impact que vous attendez.
Pour ce faire, nous avons continué à gérer les ressources de l’Organisation de manière prudente, efficace et rationnelle, en utilisant le cadre de gestion axée sur les résultats.
Je suis heureux d’annoncer que, malgré les défis posés par la pandémie, nous avons enregistré un solide excédent de près de 245 millions de francs suisses pour l’exercice biennal 2020-2021. Cela nous place dans une bonne position pour investir ce surplus dans des capacités, des outils et des projets afin de continuer à vous apporter un soutien solide, même si l’environnement financier et macroéconomique global reste volatile et difficile.
Notre succès repose sur des normes élevées de gouvernance et de gestion des risques, et je suis également heureux de vous annoncer que notre vérificateur externe des comptes a reconnu que notre approche de la gestion des risques et des contrôles internes était l’une des plus solides du système des Nations Unies.
Toute institution spécialisée de l’ONU qui soutient les innovateurs et les créateurs se doit d’avoir une culture d’entreprise qui encourage l’esprit d’initiative, l’action et la réactivité. La transformation de notre culture en une culture ouverte, transparente et dynamique continue d’être une priorité essentielle pour mes collègues et moi-même, et nous nous engageons pleinement à la concrétiser au fil des ans.
C’est dans cet esprit que nous avons lancé notre toute première enquête sur l’engagement des collaborateurs, dont nous utilisons déjà les résultats pour avoir des conversations franches et ouvertes au niveau des différents services, de même qu’à l’échelle de l’ensemble de l’Organisation sur ce que nous pouvons faire pour nous améliorer en tant qu’Organisation. Nous sommes également convaincus que la diversité est une force, c’est pourquoi nous continuerons à œuvrer à la mise en place d’une main-d’œuvre diversifiée et dynamique.
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C’est sur ces bases que sont la gestion dynamique, la gouvernance forte et l’administration saine que nous avons construit nos quatre piliers de travail – expliquer, rassembler, créer de la valeur et créer un impact concret. Je vais les passer en revue l’un après l’autre.
Tout d’abord, expliquer.
Pour un trop grand nombre de personnes, la propriété intellectuelle reste un sujet intimidant et purement technique qu’il vaut mieux laisser à un petit groupe d’experts et de techniciens de la propriété intellectuelle. Il faut que cela change, et la communauté mondiale de la propriété intellectuelle doit faire en sorte que le système de la propriété intellectuelle soit accessible et compréhensible pour les profanes, les innovateurs et les créateurs.
Au cours de l’année écoulée, l’OMPI a changé sa façon de communiquer au sujet de ses activités, en abandonnant les questions techniques de propriété intellectuelle au profit de récits qui donnent vie aux effets de la propriété intellectuelle sur la vie des gens. L’une des histoires les plus vues est celle du dessinateur de bandes dessinées zimbabwéen Tino Makoni, qui est à l’origine d’une nouvelle série de superhéros africains qui inspire toute une nouvelle génération d’illustrateurs et d’artistes africains.
Par ailleurs, nous avons développé nos moyens de communication. Nous avons lancé notre compte Instagram à la fin de l’année dernière; 60% des personnes qui nous suivent ont 35 ans ou moins et nous devrions lancer notre compte TikTok l’année prochaine. Nous comptons désormais plus de 350 000 abonnés sur l’ensemble de nos plateformes de réseaux sociaux, ce qui correspond à une progression à deux chiffres depuis les dernières assemblées.
Nous avons également tiré parti de la puissance du numérique pour créer de nouveaux liens avec nos parties prenantes. Notre exposition virtuelle sur les indications géographiques a attiré 70 000 visiteurs en ligne depuis son lancement à l’automne dernier et, pour sensibiliser les jeunes des communautés autochtones au changement climatique, nous avons récemment organisé un prix de photographie pour les jeunes des peuples autochtones et des communautés locales qui a recueilli plus de 230 candidatures du monde entier.
Je suis également heureux de vous annoncer que la Journée mondiale de la propriété intellectuelle a enregistré cette année une participation record au niveau mondial. Le thème était “La propriété intellectuelle et les jeunes : Innover pour un avenir meilleur”. Nous avons enregistré plus de 15 millions d’impressions sur nos plateformes numériques et près de 600 manifestations ont été organisées à cette occasion dans 189 États membres, soit le taux de participation le plus élevé jamais enregistré.
Nous constatons qu’un grand nombre d’offices de propriété intellectuelle communiquent d’une manière nouvelle et originale et développent des capacités bilingues, à savoir la capacité de parler de la propriété intellectuelle d’une manière technique entre nous, mais aussi de communiquer sur la propriété intellectuelle avec d’autres personnes d’une manière qui les touche. Nous espérons que vous serez plus nombreux à vous joindre à ce mouvement pour connecter votre communauté à notre travail.
Deuxièmement, l’OMPI continue de jouer un rôle essentiel en tant qu’instance mondiale qui rassemble les gens pour qu’ils échangent des idées, établissent des normes et s’associent de différentes manières.
Il est encourageant de constater que nos comités et groupes de travail reprennent leurs activités et leur rythme de travail habituels à mesure que la situation sanitaire se stabilise. Bien qu’il n’y ait pas encore de consensus absolu sur toutes les questions en suspens, la reprise de ces réunions me donne l’espoir que la communauté de la propriété intellectuelle pourra prendre des mesures concrètes pour faire avancer ces questions.
Et il n’est pas nécessaire de chercher bien loin pour constater que si l’obtention d’un consensus est un défi, celui-ci n’est pas impossible. Le 1er juillet dernier, des offices de propriété intellectuelle du monde entier ont mis en œuvre la nouvelle norme ST.26 de l’OMPI relative à la présentation des listages des séquences de nucléotides et d’acides aminés dans les documents de brevet, point culminant d’un processus qui a nécessité des années d’étroite coopération, de collaboration et de consensus. Par conséquent, quand on veut, on peut, et le Secrétariat est prêt à aider les États membres à trouver la bonne voie.
Outre ses activités normatives, l’OMPI reste un lieu de débat sur les questions de pointe en matière de propriété intellectuelle. Nous avons entamé des discussions sur les questions relatives aux secrets d’affaires, un sujet qui occupe de plus en plus le devant de la scène dans de nombreux secteurs. Par ailleurs, nous continuons à alimenter notre Dialogue sur la propriété intellectuelle et les technologies de pointe. Depuis les dernières assemblées, deux sessions ont été tenues et ont attiré plus de 2000 participants de plus de 110 pays. Notre sixième dialogue, qui débutera le 21 septembre, se penchera sur les inventions fondées sur l’intelligence artificielle et les questions de politique générale qui y sont liées, des questions qui présentent beaucoup d’intérêt pour un grand nombre d’entre vous en tant que directeurs généraux d’offices de propriété intellectuelle.
Le 1er novembre prochain, nous lancerons également le premier dialogue de haut niveau de l’OMPI sur le financement adossé à des actifs de propriété intellectuelle. Cette question présente un intérêt considérable pour de nombreux États membres et nous nous réjouissons de réunir des parties prenantes des secteurs commercial, financier et public pour examiner comment nous pouvons aider les jeunes entreprises et les PME à tirer parti de leur propriété intellectuelle et de leurs actifs incorporels pour obtenir des financements. Pour alimenter ces discussions, nous sommes en train de publier une série de rapports sur les mesures prises par différents pays dans ce domaine, à commencer par Singapour l’année dernière, mais aussi le Brésil, le Canada, la Chine, la Jamaïque, le Japon, le Mexique, la République de Corée, le Royaume-Uni et la Suisse.
Nous sommes heureux de favoriser le débat entre les gens, mais nous voulons également les rassembler pour faire avancer les choses. Les partenariats jouent un rôle de plus en plus important, car ils nous permettent d’avoir un impact à grande échelle. Pour relever des défis mondiaux complexes tels que la pandémie ou le changement climatique, il faut des partenariats entre différentes parties prenantes.
Pour soutenir davantage les PME, nous collaborons avec la Chambre de commerce internationale, le Centre du commerce international et l’Agence internationale pour les énergies renouvelables afin de mettre notre expertise et nos programmes à la disposition des PME qu’ils gèrent ou qui font partie de leurs réseaux. Nos liens avec des ONG telles que l’Association of University Technology Managers et l’Association internationale pour les marques nous permettent de nous appuyer sur un large éventail de compétences en matière de propriété intellectuelle pour vous aider dans des domaines tels que le transfert de technologie, les savoirs traditionnels et le soutien aux femmes dans le domaine de la propriété intellectuelle.
Un autre domaine dans lequel nous collaborons avec des partenaires pour changer des vies est le travail de notre Consortium pour des livres accessibles. L’ABC compte désormais plus de 750 000 titres disponibles en 80 langues qui peuvent faire l’objet d’échanges transfrontaliers, ce qui contribue à élargir les possibilités en matière d’apprentissage et de loisirs pour des millions de personnes du monde entier aveugles ou présentant des déficiences visuelles ou d’autres difficultés de lecture des textes imprimés.
En tant qu’institution spécialisée de l’ONU, notre mission est de mettre à profit notre expertise pour relever les défis mondiaux. C’est pourquoi nous sommes ravis d’avoir finalement adhéré au Groupe des Nations Unies pour le développement durable cette année, et nous nous engageons pleinement à mettre notre expertise en matière de propriété intellectuelle et d’innovation au service de la réalisation des ODD.
À Genève et ailleurs, nous continuons à créer des partenariats pour aider les États membres à relever des défis complexes tels que la pandémie. En avril dernier, nous avons lancé, en partenariat avec l’Organisation mondiale de la Santé et l’Organisation mondiale du commerce, la “plateforme trilatérale d’assistance technique sur la COVID-19”. Cette plateforme en ligne, hébergée par l’OMPI, permet aux membres de faire appel à l’expertise des trois organisations et résulte directement de nos liens de coopération étroits en matière de propriété intellectuelle, de santé publique et de commerce. J’encourage vivement les États membres à se rendre sur cette plateforme et à réfléchir à l’aide qu’elle peut leur apporter. Nous organiserons également un troisième atelier trilatéral sur les diagnostics en automne qui sera suivi le 15 décembre d’un colloque conjoint sur la COVID-19 et la préparation aux pandémies.
Le changement climatique est l’un des défis mondiaux pour lesquels trouver des solutions innovantes est essentiel à tous les égards. Je suis heureux de vous annoncer que la plateforme remaniée de WIPO GREEN, la plateforme qui permet de mettre en relation des partenaires proposant des technologies pour lutter contre le changement climatique, continue de croître et couvre désormais près de 130 000 besoins, technologies et brevets. En outre, neuf partenaires supplémentaires ont rejoint la plateforme depuis les dernières assemblées, et nous avons soutenu six nouveaux accords de partenariat en Argentine, en Chine, en Indonésie et au Japon. La prochaine étape pour WIPO GREEN consistera à nous concentrer sur certains secteurs verticaux de l’industrie tout en apportant un soutien aux offices de propriété intellectuelle dans l’élaboration de politiques visant à promouvoir les technologies de lutte contre le changement climatique dans leur pays.
Mesdames et Messieurs,
L’une des caractéristiques de l’OMPI, qui en fait une organisation unique parmi les institutions des Nations Unies, est que nous sommes un fournisseur de services non seulement pour les parties prenantes gouvernementales, mais aussi pour les entrepreneurs et les entreprises.
Nous sommes heureux de constater que la demande en faveur de ces services reste solide, et nous sommes pleinement déterminés à faire en sorte qu’ils continuent à créer de la valeur pour nos utilisateurs. Des investissements réguliers dans les plateformes informatiques pertinentes, par exemple le projet de plateforme résiliente et sécurisée pour le PCT, et un engagement accru des clients et des utilisateurs seront essentiels pour améliorer notre efficacité, maintenir les normes de service et améliorer l’expérience client. Nous espérons ainsi continuer à créer de la valeur pour vos innovateurs utilisant nos services aux fins du transfert de leur propriété intellectuelle au-delà des frontières.
Nous nous engageons également à vous fournir les données dont vous avez besoin pour faire des choix politiques en pleine connaissance de cause, et nous sommes heureux que deux tiers des près de 80 pays ayant participé à notre première enquête sur l’utilisation de l’Indice mondial de l’innovation aient déclaré l’utiliser comme une source précieuse d’information politique en vue de renforcer leurs écosystèmes d’innovation. Notre équipe œuvre également à la réalisation d’un projet visant à aider les États membres à saisir et à mieux mesurer les paramètres de l’économie créative.
Notre progiciel à l’intention des offices de propriété intellectuelle continue de fournir l’architecture informatique et les logiciels donnant aux offices de propriété intellectuelle les moyens de gérer leurs opérations administratives et de numériser leurs services, les versions les plus récentes permettant aux offices de propriété intellectuelle d’utiliser des solutions basées sur l’informatique en nuage. Plus de 90 États membres de l’OMPI utilisent déjà le progiciel à l’intention des offices de propriété intellectuelle et la demande devrait augmenter à mesure que les offices de propriété intellectuelle numériseront leurs services et collaboreront en ligne avec les déposants et les utilisateurs.
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L’un des aspects les plus importants et les plus gratifiants de nos activités consiste à vous aider, vous nos membres, en particulier les pays en développement et les pays les moins avancés, à mettre la propriété intellectuelle au service de la croissance et du développement. Créer un impact représente un facteur essentiel de succès à cet égard, car un actif intangible tel que la propriété intellectuelle doit être rendu tangible afin que sa valeur puisse être effectivement perçue.
Dans le cadre de notre Plan stratégique à moyen terme, nous avons défini les femmes, les jeunes et les PME comme axes prioritaires. Je vais mettre en évidence certaines de nos activités dans ces domaines.
En collaboration avec le Chili, la Colombie, la République dominicaine et le Mexique, nous mettons en œuvre un nouveau projet visant à aider 32 femmes à faire carrière dans les domaines des sciences, de la technologie, de l’ingénierie et des mathématiques grâce à un programme de formation et de mentorat sur mesure visant à renforcer les compétences pratiques en matière de propriété intellectuelle dans des domaines tels que la biotechnologie, l’ingénierie et la chimie.
En Ouganda, nous avons aidé 70 femmes entrepreneurs à utiliser la propriété intellectuelle dans la mise au point et la commercialisation de produits. Treize certificats de marque ont été délivrés pour soutenir ces femmes entrepreneurs dans leur stratégie de marque, et 15 autres sont en cours d’élaboration.
Nous en sommes à la deuxième phase de notre programme de mentorat et de jumelage destiné aux femmes entrepreneurs des communautés autochtones et locales. Et nous avons récemment lancé notre premier projet relatif à la propriété intellectuelle et à l’entrepreneuriat féminin dans la région arabe, afin d’aider 35 femmes entrepreneurs de Pétra, en Jordanie, à enregistrer, gérer et commercialiser leurs droits de propriété intellectuelle.
L’engagement auprès des jeunes est une autre priorité essentielle de l’Organisation. Les jeunes ne sont pas seulement nos futurs innovateurs et créateurs, ils constituent aussi une grande partie de la population dans les régions en développement comme l’Afrique, où 65% de la population a moins de 30 ans.
En conséquence, nous avons élaboré un programme régional pour l’entrepreneuriat des jeunes qui, par l’intermédiaire d’activités de mentorat et de renforcement des compétences en matière de propriété intellectuelle, aide davantage de jeunes entrepreneurs africains à utiliser le système de propriété intellectuelle pour stimuler leurs activités. Nous travaillons également à un nouveau projet avec le Cabo Verde visant à former 200 jeunes entrepreneurs à la valorisation de la propriété intellectuelle.
Parallèlement, nous avons élargi le travail de l’Académie de l’OMPI de manière à aller au-delà du transfert des connaissances techniques en matière de propriété intellectuelle pour favoriser l’acquisition de compétences pratiques dans ce domaine. En lançant des cours tels que “IP4Youth&Teachers”, ainsi que des programmes sur la propriété intellectuelle à l’intention des jeunes entreprises et des producteurs d’applications et de jeux vidéo, nous visons à doter les entrepreneurs et les chefs d’entreprise, notamment, de compétences dans le domaine de la propriété intellectuelle pour réussir.
Pour ceux qui souhaitent approfondir leurs connaissances en matière de propriété intellectuelle, nous répondons à la demande en développant notre réseau d’instituts de formation à la propriété intellectuelle dans le monde. Nous comptons actuellement une douzaine d’instituts de formation à la propriété intellectuelle en activité, chiffre qui devrait passer à 30 dans les années à venir, avec l’établissement de nouveaux instituts en Algérie, en Türkiye, aux Émirats arabes unis et avec des partenaires internationaux tels que l’ARIPO, l’ASEAN et le Conseil de coopération du Golfe.
Nous nous préparons également à lancer la deuxième série d’appels à candidatures pour notre Programme pour les jeunes experts, qui a permis à 11 jeunes experts du monde entier de venir à l’OMPI pour approfondir leurs connaissances et leurs compétences en matière de propriété intellectuelle afin de devenir la prochaine génération de dirigeants dans le domaine de la propriété intellectuelle et de l’innovation dans votre pays ou votre région.
Un aspect essentiel de nos activités consiste également à aider les jeunes entreprises et les PME à utiliser la propriété intellectuelle pour développer leurs activités. Les PME jouent un rôle fondamental dans l’économie mondiale, puisqu’elles représentent 90% de toutes les entreprises dans le monde, emploient 70% de la main-d’œuvre mondiale et génèrent jusqu’à la moitié du PIB mondial.
Depuis son lancement en novembre dernier, notre outil de diagnostic de la propriété intellectuelle a aidé plus de 3000 chefs d’entreprise à prendre conscience de leurs actifs de propriété intellectuelle et de la manière dont ils sont connectés à leur stratégie commerciale, générant plus de 800 rapports personnalisés. L’outil a déjà été traduit dans les six langues de l’ONU, et deux autres langues seront bientôt ajoutées.
Outre les projets réguliers de formation des PME en Éthiopie, en Arabie saoudite, en Syrie, à la Trinité-et-Tobago et en Ukraine, entre autres, nous offrons un programme relatif à la commercialisation et la monétisation de la propriété intellectuelle destiné aux micro, petites et moyennes entreprises en Colombie, en République dominicaine et au Pérou et nous collaborons avec le Salvador et la Géorgie dans le cadre de programmes de formation à l’intention des petites entreprises dans leurs secteurs technologiques et agricoles. Et l’Académie de l’OMPI a enregistré au cours de l’exercice 2020-2021 la participation de 15 000 PME, soit une augmentation de 20% par rapport au dernier exercice biennal.
Pour les chercheurs, notre réseau de centres d’appui à la technologie et à l’innovation continue de s’étendre, s’élevant l’année dernière à 1300 centres dans près de 90 pays, qui ont traité au total 1,7 million de demandes. Nous sommes en train de relier ces centres à des réseaux nationaux, notamment en Eswatini, en Sierra Leone et au Cabo Verde, et nous commençons à relier les réseaux nationaux aux réseaux régionaux, avec un projet pilote dans les États baltes. Le mois dernier, nous avons également achevé un projet englobant 22 universités en Égypte et 11 universités en Jordanie afin de renforcer leurs compétences en matière de gestion des droits de propriété intellectuelle.
Nous sommes également déterminés à mettre la propriété intellectuelle au service des communautés, notamment dans le domaine du patrimoine et des savoirs traditionnels, afin qu’elle puisse les aider à faire connaître leur artisanat, leur patrimoine et leur sagesse au monde entier, en créant des emplois et en renforçant les communautés dans ce processus.
J’ai évoqué précédemment notre projet relatif à la “Seda de Cajonos” au Mexique. Nous avons également lancé notre première initiative communautaire au Brésil, en collaboration avec l’agence gouvernementale SEBRAE, pour soutenir le développement de marques collectives pour les communautés Tefé et Alvarães dans la région amazonienne. Cela a permis à 420 producteurs de créer de la valeur à partir de produits fabriqués à partir de farine, de miel et d’huiles locales.
En outre, nous avons lancé une série de projets d’indications géographiques nationales et régionales, notamment en vue d’appuyer le “Madd de Casamance” au Sénégal, le “Miel de Chechar” en Algérie, le “sel de mer de Kampot” au Cambodge et le “Kava” dans les îles du Pacifique.
Pour donner suite aux commentaires de nos membres relevant de la catégorie des PMA, nous avons également mis en place un large éventail de mesures d’appui, visant à fournir une assistance technique ciblée, substantielle et efficace aux pays qu’il est prévu de sortir de la liste des PMA. Nous avons déjà commencé à prendre contact avec les PMA pour mettre en œuvre ces mesures et encourageons les PMA à prendre contact avec nous pour en savoir plus.
Enfin, nous nous réjouissons que le programme d’assistance dans le cadre de la COVID-19, que nous avons élaboré l’année dernière à la demande des États membres, donne de bons résultats, avec 23 projets déjà achevés ou en cours de mise en œuvre, et 8 autres en discussion. Cependant, nous encourageons vivement les États membres à tirer parti du large éventail de mesures de soutien et d’assistance disponibles dans le cadre de ce programme.
Ceci n’est qu’un aperçu du travail accompli par l’Organisation pour soutenir ses États membres et pour faire de l’OMPI votre véritable partenaire dans l’utilisation de la propriété intellectuelle au service de la croissance et du développement.
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Chers collègues et amis,
Quels que soient les défis à relever et les difficultés rencontrées, la communauté mondiale de la propriété intellectuelle peut et doit s’appuyer sur le dynamisme, l’énergie et l’optimisme des innovateurs et des créateurs que nous soutenons, et poursuivre le processus de transformation que nous avons entamé ensemble.
Mes collègues et moi-même espérons sincèrement que ces assemblées nous donneront non seulement l’occasion de réaffirmer notre relation avec vous, nos membres, mais vous permettront aussi de renouer les liens entre vous, de repenser le rôle de la propriété intellectuelle et des institutions de propriété intellectuelle, et de renouveler nos efforts pour transformer la propriété intellectuelle, qui n’est plus un simple ensemble de droits juridiques, en un puissant catalyseur d’emplois, d’investissements, de croissance des entreprises et, en fin de compte, de développement économique et social.
L’OMPI continuera à vous accompagner sur la voie de la croissance et du développement, et vous souhaite à tous des assemblées réussies, fructueuses et intenses.
Merci beaucoup.