De “Buttons to Biotech” à “Progress and Potential” et au-delà : études de l’USPTO sur les disparités entre hommes et femmes dans le domaine des brevets
11 novembre 2022
Novembre 2022 ・ 5 minutes reading time
De “Buttons to Biotech” à “Progress and Potential” et au-delà : études de l’USPTO sur les disparités entre hommes et femmes dans le domaine des brevets
L’Office américain des brevets et des marques (USPTO) mesure la qualité d’inventeur parmi les femmes depuis des décennies et s’emploie actuellement à approfondir ses recherches. Découvrez les principaux résultats et les nouvelles méthodes qu’ils ont mises au point pour prédire la répartition entre les sexes des inventeurs et les thèmes des brevets.
Les déposants des États-Unis d’Amérique figurent parmi les utilisateurs les plus actifs du système des brevets. Cependant, le pays a une longue histoire de lacunes en matière de diversité dans l’innovation, à l’instar d’autres économies développées. Et tout comme la plupart des offices de propriété intellectuelle de ces économies développées, l’USPTO mène actuellement des recherches actives et élabore des programmes stratégiques visant à renforcer la contribution des femmes à la protection par brevet.
Dans son exposé présenté lors d’une série de séminaires en ligne de l’OMPI sur les disparités entre hommes et femmes dans la région des Amériques, qui s’est déroulée le 14 octobre 2021, l’économiste en chef de l’USPTO, Andy Toole, a décrit les efforts déployés par son office pour mesurer la contribution des femmes au système des brevets.
1. Analyser le genre dans la protection par brevet à l’USPTO
En 1996, l’USPTO a publié sa première analyse statistique de la qualité d’inventeur parmi les femmes intitulée “Buttons to Biotech” (Des boutons à la biotechnologie). Cette étude examinait la part des inventrices dans les différents instruments de propriété intellectuelle – notamment les brevets, les dessins et modèles industriels, les brevets de plante et autres – délivrés entre 1977 et 1996. Elle portait sur les inventrices de brevets américains, définis comme étant des brevets dont les premiers déposants résidaient aux États-Unis d’Amérique. Les données montraient que pour 100 brevets délivrés en 1977, deux comptaient au moins une inventrice. Cette part a progressé au fil des ans et pour 100 brevets délivrés en 1998, moins de 10 comptaient au moins une inventrice.
Un peu plus de deux décennies plus tard, en 2019, l’USPTO publiait son deuxième rapport intitulé “Progress and Potential: Profile of Women Inventors in U.S. Patents” (Progrès et potentiel : profil des inventrices dans les brevets américains). Il s’intéresse tout particulièrement aux inventrices dont le nom figure sur les brevets délivrés entre 1976 et 2016. Les données indiquent que les progrès se poursuivent au fil du temps : sur 100 brevets délivrés en 2016, 21 comptaient au moins une inventrice.
Dans ces deux études, le genre est attribué de manière binaire et repose sur le sexe des inventeurs à la naissance. Toutefois, les méthodologies utilisées pour déterminer le sexe des inventeurs, notamment s’il s’agit de femmes, dans les documents de propriété intellectuelle diffèrent considérablement d’un rapport à l’autre. Dans l’étude de 1996, les chercheurs vérifiaient manuellement les noms de chaque inventeur de l’instrument de propriété intellectuelle américain délivré et attribuaient le sexe en fonction de ces noms. En revanche, dans l’étude de 2019, les chercheurs ont été en mesure d’attribuer le sexe des inventeurs de manière automatisée : ils ont combiné le Dictionnaire mondial des noms de genre de l’OMPI avec une base de données d’IBM dénommée “Global Name recognition database” (base de données mondiale de reconnaissance des noms). Cette approche permet d’automatiser la levée d’ambiguïtés liées aux noms des inventeurs et attribue des probabilités pour déterminer leur sexe. Compte tenu du volume croissant de dépôts de demandes de titres de propriété intellectuelle ces dernières années, cette méthode permet d’économiser du temps et des efforts et est incontestablement plus efficace.
2. Tout est dans la méthode
L’un des enseignements importants de cette analyse est la nécessité d’élaborer une politique de résolution d’entité visant à désambiguïser les noms des inventeurs figurant dans les documents.
Comme il existe plusieurs méthodes dans le monde pour déterminer le sexe de personnes citées dans des documents, l’USPTO souhaitait trouver laquelle constituait l’algorithme le plus précis pour établir le sexe des inventeurs de brevet. Neuf méthodes différentes ont été testées. La précision des différents algorithmes évalués a été mesurée par rapport à un ensemble de données réelles comprenant les informations sur le sexe que les examinateurs de l’USPTO ont relevées dans leurs dossiers.
D’après les premières conclusions, le Dictionnaire mondial des noms de genre de l’OMPI 2.0 a donné les meilleurs résultats parmi les différentes méthodes d’établissement du sexe. Vous trouverez de plus amples informations dans le rapport à venir de l’USPTO.
3. Prochaine étape
L’équipe de M. Toole s’est servie d’un algorithme d’apprentissage automatique pour prédire si les brevets ont trait à l’intelligence artificielle (IA). Le modèle actuel a analysé plus de 11 millions de brevets et a produit de très bons résultats. La base de données qui en résulte, la Artificial Intelligence Patent Dataset, ainsi que l’article qui l’accompagne, peuvent être téléchargés et utilisés gratuitement. Les résultats sont comparables aux travaux de l’Office canadien de la propriété intellectuelle portant sur le même thème.
La production de statistiques et de visualisations sur les disparités entre hommes et femmes dans les brevets américains vous intéresse? Vous pouvez utiliser l’API PatentsView gérée par l’USPTO, entièrement en libre accès. Si vous souhaitez en savoir plus sur l’expérience américaine, vous pouvez également consulter notre sélection d’études sur l’innovation et la propriété intellectuelle et sur l’innovation dans ce pays.
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