Agir pour favoriser l’innovation en matière de technologie médicale et l’accès à ces technologies dans les pays les moins avancés

14 octobre 2024

Un groupe d’experts de haut niveau du secteur de la santé représentant des gouvernements, des entreprises, des universités, des ONG et des banques de développement s’est réuni à Genève et en ligne pour discuter des moteurs actuels de l’innovation et de l’accès aux technologies médicales avancées (MedTech) dans les pays les moins avancés (PMA) et du rôle de la propriété intellectuelle dans la promotion des technologies médicales afin de relever les défis en matière de santé mondiale. Organisé par l’OMPI en partenariat avec la Banque de technologies pour les pays les moins avancés des Nations Unies et Medtronic (spécialiste mondial des technologies médicales), le séminaire a présenté les enseignements tirés d’une étude en cours qui porte sur le renforcement de la MedTech dans les PMA.

(Image : Berrod/OMPI)

Edward Kwakwa, sous-directeur général chargé du Secteur des enjeux et des partenariats mondiaux de l’OMPI, a ouvert le débat en soulignant l’impact de la pandémie de COVID-19 sur les PMA et a insisté sur le rôle de la propriété intellectuelle et de l’innovation dans l’appui à la production locale et régionale de technologies médicales. “Nous avons uni nos forces à celles de la Banque de technologies pour les PMA des Nations Unies et de Medtronic – un des principaux acteurs de la MedTech – pour étudier les conditions qui stimulent l’innovation dans ce secteur dans les PMA et, tout aussi important, les barrières qui la freinent”, a-t-il déclaré.

Mme Federica Falomi, responsable des affaires économiques, Banque de technologies pour les PMA, a insisté sur l’importance de tirer parti de la technologie et de l’innovation pour appuyer la croissance et le développement des PMA. “Cette étude conjointe met en évidence les défis existants et les possibilités concrètes de stimuler l’innovation dans la MedTech dans les PMA. La Banque de technologies est déterminée à collaborer avec les PMA pour améliorer l’accès aux technologies médicales essentielles et renforcer les capacités locales”, a-t-elle noté, soulignant que l’accès à ces technologies reste un défi majeur dans les PMA, d’après les évaluations des besoins technologiques menées par la Banque de technologies dans les PMA d’Afrique et d’Asie.

M. Trevor Gunn, vice-président chargé des relations internationales chez Medtronic, a souligné le potentiel des technologies médicales pour améliorer la qualité de vie et augmenter l’espérance de vie. Il a expliqué que les technologies médicales doivent être plus largement diffusées pour que non seulement les médecins et les ingénieurs, mais également les patients, comprennent leur potentiel s’agissant de sauver des vies et d’améliorer la qualité de vie. Il a également rappelé l’importance d’intégrer les PMA dans le débat sur la couverture sanitaire universelle afin de lutter contre les maladies non transmissibles.

Promouvoir l’innovation dans les PMA

S. E. Tareq Md. Ariful Islam, ambassadeur et représentant permanent du Bangladesh auprès des Nations Unies à Genève, a noté que la propriété intellectuelle est essentielle pour mettre en place un écosystème d’innovation. Il a souligné l’importance du partage d’informations et de la collaboration, ainsi que de l’appui au transfert de technologie, d’autant plus que le Bangladesh ne devrait plus faire partie des PMA à partir de 2026. 

S. E. James Ngango, ambassadeur et représentant permanent du Rwanda auprès des Nations Unies à Genève, a fait observer que l’aide de l’OMPI pour encourager l’innovation, faciliter le transfert de technologie et améliorer l’application des droits de propriété intellectuelle sera essentielle pour permettre au Rwanda de surmonter les obstacles et d’exploiter pleinement le potentiel des technologies médicales dans le domaine des soins de santé.

(Image : Berrod/OMPI)

Principales conclusions examinées

Les participants ont discuté de l’importance de tirer parti de la technologie et de l’innovation pour soutenir la croissance économique et le développement des PMA, tout en abordant les difficultés rencontrées par ces pays pour accéder aux nouvelles technologies médicales et les adopter. Ils ont également appelé à un investissement accru dans la recherche-développement, ainsi qu’à des cadres de propriété intellectuelle plus efficaces qui encouragent l’innovation et l’accès aux technologies.

L’OMPI a partagé les résultats de la recherche conjointe sur l’état général de la MedTech dans les PMA et a examiné les nombreux domaines qui ont une incidence sur le secteur des technologies médicales, notamment la propriété intellectuelle, les systèmes de réglementation, les incitations financières et les multiples facteurs de renforcement des capacités tels que l’enseignement scientifique et technique, la formation médicale et la sensibilisation des parties prenantes à la propriété intellectuelle.

L’étude à venir met en évidence un manque général de sensibilisation à la propriété intellectuelle dans les PMA qui se traduit par une baisse du nombre de demandes de titres de propriété intellectuelle déposées et un affaiblissement des mécanismes d’application des droits. Elle souligne également l’importance des programmes de formation et de sensibilisation et des partenariats entre les secteurs public et privé pour favoriser l’écosystème de la MedTech dans les PMA.

M. Khondaker Abdullah-Al-Mamun, consultant en recherche de terrain établi au Bangladesh, a donné des informations sur la conformité du pays avec l’écosystème mondial de la MedTech, en mentionnant les évolutions récentes de ses cadres de réglementation et de propriété intellectuelle. Il a identifié des obstacles à l’innovation tels que les manques en matière de capital-risque, de financement de l’innovation et d’assurance maladie, ainsi que la sous-utilisation des talents locaux, des facteurs qui contribuent à la fuite des cerveaux. Il a ajouté en conclusion que la création de centres de transfert de technologie et de propriété intellectuelle dans les universités pour former les jeunes contribuerait de manière significative à la croissance du secteur des technologies médicales du pays.

Jean-Pierre Hakizimana, consultant en recherche de terrain établi au Rwanda, a parlé de la capacité de production locale de technologies médicales, relevant une forte dépendance aux importations. Le poids croissant des maladies non transmissibles, qui représentaient 48% des décès dans le pays en 2019, constitue un autre défi majeur. M. Hakizimana a également noté que, en dépit de la récente promulgation de la loi de 2024 sur la propriété intellectuelle qui encourage l’innovation, des obstacles subsistent, comme une faible sensibilisation aux procédures de propriété intellectuelle, des lacunes techniques dans le dépôt des demandes de brevet et une pénurie d’avocats spécialisés dans les brevets au Rwanda.

(Image : Berrod/OMPI)

Principaux points de vue du groupe d’experts

Au cours de la discussion, M. Md.Golam Sorwar Bhuiyan, ancien directeur de la Bangladesh High Tech Authority, a fait remarquer que, si son pays exporte des médicaments vers 168 pays, il importe 80% de ses produits MedTech de pays comme l’Inde, le Japon et le Royaume-Uni. Il a souligné la nécessité de mettre en place une industrie locale des technologies médicales pour répondre aux besoins des 170 millions d’habitants du pays. En ce qui concerne le Rwanda, M. Christian Sekomo Birame, directeur général de l’Agence nationale de recherche et de développement industriels, a donné des précisions sur le fonds national d’innovation du pays visant à aider les jeunes innovateurs en leur fournissant des fonds d’amorçage et des incubateurs pour les jeunes start-up.

M. Jérémie Piton, directeur adjoint de l’innovation technologique et du développement de produits chez FIND Diagnostics, a expliqué l’objectif de l’organisation consistant à parvenir à la durabilité en travaillant avec les fabricants des PMA, en particulier pendant la pandémie de COVID-19. Les experts ont abordé la question de la méfiance à l’égard des produits qui peut se poser après un transfert de technologie d’un pays développé vers un pays en développement et ont donné des exemples de leur travail dans le domaine des tests de diagnostic rapide, en fournissant un financement, une assistance technique et des partenariats pour le transfert de technologie.

Mme Carla Richetti, responsable MedTech, International Finance Corporation, a identifié plusieurs défis auxquels est confronté le secteur des technologies médicales, notamment les coûts élevés, l’accès limité au financement, les défaillances de la chaîne d’approvisionnement, la formation inadaptée, la lenteur de l’adoption des nouvelles technologies et la faiblesse de l’écosystème de propriété intellectuelle dans certains contextes. M. Natnael Shimelash, directeur du programme East Africa Biodesign (Rwanda), a souligné les difficultés liées à l’absence de voies d’accès claires pour les innovateurs dans les premières phases de développement et au caractère embryonnaire des organismes de réglementation. Il a souligné le rôle des universités dans la stimulation de l’innovation dans la MedTech grâce au transfert de technologies, aux possibilités de création de produits et au renforcement des capacités.

Les participants à l’événement ont souligné le potentiel de la MedTech s’agissant d’améliorer les résultats en matière de santé et de réduire la pauvreté dans les PMA. Cependant, ils ont également reconnu les obstacles importants qui freinent la mise au point et l’adoption de ces technologies, notamment l’accès limité au financement, la faiblesse des écosystèmes de propriété intellectuelle et les problèmes de réglementation.

À propos de la Banque de technologies des Nations Unies

La Banque de technologies pour les pays les moins avancés des Nations Unies a été créée en 2016 en tant qu’organe subsidiaire de l’Assemblée générale des Nations Unies afin d’aider les PMA à renforcer leurs capacités en matière de science, de technologie et d’innovation.

À propos de Medtronic

Medtronic est une entreprise mondiale de recherche et de fabrication spécialisée dans la technologie, les services et les solutions médicales.

À propos de l’OMPI

L’Organisation Mondiale de la Propriété Intellectuelle, institution spécialisée des Nations Unies, a pour mission de mettre en place un système international de propriété intellectuelle équilibré et accessible, qui stimule l’innovation et la créativité.