Quelles économies sont en tête du classement selon l’Indice de développement de l’administration en ligne des Nations Unies?

20 avril 2023

Par Mena Mokammel, OMPI
Une évaluation de la transformation numérique des services gouvernementaux et des principales difficultés auxquelles les économies sont confrontées.

Les gouvernements du monde entier sont confrontés à une multitude de défis dans leurs efforts pour fournir des services efficaces, efficients et équitables aux citoyens à l’ère du numérique.

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L’Indice mondial de l’innovation de l’OMPI utilise les données sur l’administration en ligne du Département des affaires économiques et sociales des Nations Unies pour évaluer les performances en matière d’innovation des économies et, en l’occurrence, des gouvernements, dans le domaine de l’adoption et de l’impact des technologies de l’information.

La pandémie de COVID-19 a mis en évidence l’importance des initiatives d’administration en ligne, les gouvernements ayant dû s’adapter rapidement à de nouveaux modes de prestation de services aux citoyens. Les gouvernements doivent tenir compte de plusieurs tendances et défis mondiaux s'ils veulent naviguer avec succès dans l’ère numérique.

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Le Danemark, la Finlande, la République de Corée, la Nouvelle-Zélande et l’Islande sont les chefs de file de l’administration en ligne

Le Danemark, la Finlande, la République de Corée, la Nouvelle-Zélande, l’Islande, la Suède, l’Australie, l’Estonie, les Pays-Bas et les États-Unis d’Amérique sont en tête du classement en 2022, selon les données de l’enquête des Nations Unies sur l’administration en ligne utilisées dans l’Indice mondial de l'innovation. Ces acteurs majeurs de l’administration en ligne partagent plusieurs facteurs de réussite. On peut notamment citer l’engagement des organismes publics et des parties prenantes en faveur de l’innovation numérique, avec un plan précis pour atteindre la maturité numérique, l'attention particulière portée à l’accessibilité et à l’inclusivité, à la participation des citoyens et à la prestation de services (par exemple l’identification numérique, les boîtes aux lettres numériques, les services d'imposition en ligne, etc.), ou encore l’accent mis sur la cybersécurité et la confidentialité des données. En outre, une culture de la collaboration et du partage des connaissances entre les organismes publics et les parties prenantes contribue à l’amélioration continue de l’administration en ligne.

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*L’indice de développement de l’administration en ligne (EGDI) est une moyenne pondérée de l’indice de participation en ligne, de l’indice des services publics en ligne, de l’indice de l’infrastructure de télécommunication et de l’indice des capacités humaines.

Découvrez les lauréats régionaux du classement sur le développement de l’administration en ligne

Conformément à la catégorisation par pays de l’Indice mondial de l’innovation[1] l’infographie ci-après présente une carte des principaux lauréats régionaux en matière d’administration en ligne. En dehors de l’Amérique du Nord et de l’Europe, les trois premières régions sont l’Afrique de l’Ouest, l’Asie centrale et l’Amérique latine, où des pays comme les Émirats arabes unis (13e sur 193 pays), Israël (16e), le Kazakhstan (28e), l’Uruguay (35e) et le Chili (36e) ont obtenu de bons résultats. En Afrique subsaharienne, l’Afrique du Sud (65e) est en tête.

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L’administration en ligne est sortie de l’impasse de la pandémie, mais les progrès globaux sont inégaux, tant d’une région à l’autre qu’à l’intérieur d’une même région : les pays à haut revenu sont en tête, la région de l’Afrique subsaharienne reste à la traîne.

Le développement de l’administration en ligne a connu des améliorations globales entre 2018 et 2022, en particulier si l’on compare les données antérieures à la pandémie à celles d’aujourd'hui. Néanmoins, la transformation numérique globale du secteur public est loin d’être achevée, la plupart des progrès réalisés ces dernières années concernant principalement la prestation de services pendant la pandémie de COVID-19, mais surtout les services de santé, d’éducation et de protection sociale, plutôt que la modernisation de l’architecture informatique et la résolution du problème du manque de connectivité.

En outre, comme le montrent les classements, on constate de grandes différences i) d’une région à l’autre et ii) à l’intérieur d’une même région. Si l’on examine de plus près les différences qui existent à l’intérieur d’une même région, par exemple dans la région d’Asie centrale et du Sud, on trouve des leaders solides, dont les gouvernements ont fait preuve d’une volonté politique claire et fait les investissements nécessaires, comme le Kazakhstan, mais aussi d’autres pays, comme l’Afghanistan et le Pakistan, qui se situent en queue de peloton.

Sur les 48 pays de la région de l’Afrique subsaharienne, une grande majorité (44 pays) se situe dans le bas du classement, entre le 106e et le 193e rang. Les exceptions sont l’Afrique du Sud (65e), Maurice (75e) et les Seychelles (85e). Ces deux derniers ont pu obtenir de meilleurs classements grâce à leurs avantages uniques en tant que petits États insulaires dotés d’un environnement politique stable, ce qui leur a permis d’investir dans des projets d’administration en ligne.

Les défis liés à l’accessibilité financière, à l’accès et à la capacité (par exemple, la culture numérique) restent d’actualité. Sans l’adoption de mesures ciblées et systématiques pour aider les pays à faible revenu et à revenu intermédiaire de la tranche inférieure, la transformation numérique accentuera les inégalités entre les pays et au sein de ceux-ci (disparités entre zones rurales et urbaines) et entre les régions. Afin de garantir que personne ne soit laissé pour compte, il importe de réfléchir à la manière dont nous pouvons utiliser ces données, ainsi qu’à la conception et à la mise en œuvre d’un tel programme. Il s’agit notamment de collecter des données qui tiennent compte des besoins des groupes vulnérables, d’impliquer les personnes dans le processus de conception et d’utiliser des approches novatrices pour que les groupes les plus défavorisés soient pris en considération. Ces approches doivent être adaptées au contexte de chaque groupe et leur efficacité doit être régulièrement évaluée.

Informations générales

L’Indice mondial de l’innovation comprend un pilier sur l’infrastructure, avec un sous-pilier sur les technologies de l’information et de la communication et deux indicateurs relatifs aux services publics en ligne (3.1.3) et à la participation électronique (3.1.4). Ces données proviennent de l’Enquête des Nations Unies sur l’administration en ligne réalisée par la Division des institutions publiques et de l’administration numérique (anciennement la Division de l'administration publique et de la gestion du développement), Département des affaires économiques et sociales des Nations Unies (DESA), Enquête sur l’administration en ligne 2022. Télécharger les données sur l’administration en ligne.

Notes de bas de page

[1] [1] Asie centrale et du Sud (CSA), Europe (EUR), Amérique latine et Caraïbes  (LCN), Amérique du Nord (NAC), Afrique du Nord et Asie occidentale (NAWA), Asie du Sud-Est, Asie de l’Est et Océanie (SEAO), Afrique subsaharienne (SSA).