Reprise de l’industrie mondiale du cinéma : 2022 et 2023 marquent un retour spectaculaire mais restent en deçà des normes prépandémie

28 mars 2024

David Hancock (Omdia), Jeff Slee et Sacha Wunsch-Vincent (OMPI)
L’industrie cinématographique mondiale se remet rapidement de la pandémie de COVID-19, la croissance de la production de films étant tirée par l’Inde, la Türkiye et l’Espagne, même si la nouvelle production cinématographique et les recettes au guichet sont encore en deçà du niveau de la fin de la dernière décennie.

L’industrie cinématographique mondiale se remet rapidement de la pandémie de COVID-19, la croissance de la production de films étant tirée par l’Inde, la Türkiye et l’Espagne, même si la nouvelle production cinématographique et les recettes au guichet sont encore en deçà du niveau de la fin de la dernière décennie.

C’est ce qui ressort des données publiées récemment par l’OMPI et Omdia, qui fournit des données importantes sur le secteur de la création que l’OMPI utilise dans son rapport phare “Indice mondial de l’innovation”.

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Pour rappel : la pandémie de COVID-19 a entraîné une chute spectaculaire de la production cinématographique mondiale, marquée par une baisse de 41% des longs métrages produits en 2020 et un effondrement de 72% des recettes mondiales des salles de cinéma en 2020. L’une des principales préoccupations des observateurs du secteur était de savoir si cette interruption aurait un effet durable sur la fréquentation des salles de cinéma et, par conséquent, sur la production cinématographique.

Heureusement pour les cinéphiles, de récentes données révèlent une reprise vigoureuse de l’industrie mondiale du cinéma en 2022 et 2023. Néanmoins, les recettes en salles et les chiffres de la production cinématographique sont encore loin des niveaux prépandémie (voir les figures 1 et 2).

  • Les recettes mondiales au guichet ont augmenté de 29,4% en 2023 pour atteindre 33,2 milliards de dollars É.-U. (Données provisoires), après une croissance de 21,8% en 2022. Ce chiffre est toujours inférieur de près de 9 milliards de dollars É.-U. au pic mondial atteint en 2019 et se situe donc à 80% du niveau du marché entre 2017 et 2019[1]. Les trois films les plus rentables à l’échelle mondiale en 2023 sont Barbie, Super Mario Bros, le film et Oppenheimer. Omdia prévoit que presque tous les marchés se seront redressés d’ici 2025-2026[2].
  • Produites par Omdia en collaboration avec l’Indice mondial de l’innovation, nos données récentes font également apparaître une croissance continue de la production cinématographique en 2022 de 15% (+1 152 films), pour un total de 8 748 films, moins prononcée qu’en 2021 où l’on observait un rebond de 40%, mais à seulement 5% du niveau record prépandémie d’environ 9 200 films atteint en 2019.
  • D’un point de vue historique, et malgré le déclin induit par la pandémie, le nombre de longs métrages produits en 2022, le deuxième plus élevé jamais enregistré, représente plus du double des niveaux observés en 2000, ce qui témoigne de la vitalité de la production cinématographique mondiale à l’ère de la production et de la distribution numériques (voir la figure 2).

Figure 1 : situation de l’industrie mondiale du cinéma (films produits, axe de gauche, et recettes en salles, en milliards de dollars É.-U., axe de droite), 2016-2023

Données principales sur la production cinématographique mondiale

  • Au sein de ce secteur, qui se remet des fermetures consécutives à la COVID-19, la croissance de la production cinématographique en 2022 a été tirée principalement par l’Inde (+679 films), le Japon (+144), la Türkiye (+111) et l’Espagne (+49). Les reculs les plus importants sont enregistrés aux États-Unis d’Amérique (-109), en Chine (80) et en France (-57).
  • En 2022, l’Inde, berceau de Bollywood, conserve la première place avec près de 2 500 films, soit environ 29% du volume mondial, et gagne 5% de part mondiale, ce qui en fait le champion mondial incontesté en nombre de films produits (voir le tableau 1 et la figure 3).
  • Les États-Unis d’Amérique et leur célèbre Hollywood arrivent au deuxième rang, avec un tiers du total de l’Inde et environ 10% de l’ensemble des productions de longs métrages dans le monde, soit un recul de trois points de pourcentage de leur part mondiale. Dans l’édition de l’Indice mondial de l’innovation de l’année prochaine, nous étudierons les effets qu’ont eus les grèves des scénaristes et des acteurs aux États-Unis d’Amérique sur la situation, même s’il est probable qu’elles se traduiront par de nouvelles baisses en 2024.
  • Le Japon dépasse la Chine et se hisse en troisième position, avec une part mondiale de 7%. Les films japonais tirent le secteur national, en particulier les films d’animation, qui gagnent en popularité dans le monde entier.
  • La Chine arrive en quatrième position, avec une part mondiale de 6%, les restrictions liées à la COVID-19 étant toujours en vigueur dans le pays. Les productions locales sont aujourd’hui le moteur du secteur cinématographique et représentent 85% des recettes au guichet en 2023.
  • Les autres pays à revenu intermédiaire figurant sur la liste des 20 premières économies productrices de films dans le monde en 2022 sont les suivants : Mexique, Argentine, Türkiye, Brésil, Fédération de Russie, Philippines et Iran, par nombre de films produits.
  • En ce qui concerne l’Afrique, le Maroc fait un bond de 19 places pour atteindre le 45e rang du classement mondial, passant de 8 films en 2021 à 25 en 2022. Vient ensuite l’Égypte, au 51e rang (21 films), puis l’Afrique du Sud, à la 53e place du classement mondial non échelonné (20 films).
  • Si l’on ajuste la production cinématographique à la taille de la population, l’Islande arrive en tête, suivie de la Suisse, de l’Estonie, de la République tchèque et du Luxembourg. La Barbade est citée pour la première fois et entre dans les dix premiers, à la sixième place.

Tableau n° 1 : principaux pays producteurs de longs métrages, en chiffres absolus (à gauche) et en fonction de la population (à droite), 2022

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Figure 2 : nombre annuel de longs métrages nationaux produits dans le monde, 2000-2020

Figure 3 : nombre annuel de longs métrages nationaux produits dans le monde, par principaux pays producteurs, 2000-2020

À l’avenir, les recettes du secteur seront stimulées par de nouveaux films inspirés de jouets ou d’actifs de propriété intellectuelle liés aux jeux (par exemple, Transformers, Mario Bros., etc.) et par de nouvelles formes de contenu cinématographique original, y compris des tournées de concerts en direct (comme la tournée The Eras de Taylor Swift).

Informations générales

L’Indice mondial de l’innovation comprend un pilier relatif aux produits créatifs, qui compte trois sous-piliers : les actifs immatériels, les produits et services créatifs et la créativité en ligne. L’indicateur relatif au nombre de longs métrages nationaux, qui figure sous le pilier relatif à la créativité, est établi dans le cadre de la collaboration de l’Indice mondial de l’innovation de l’OMPI et d’Omdia. Omdia gère une série de bases de données dans les secteurs du cinéma, de la télévision et des médias, y compris la production de films, la distribution en salle et l’exploitation cinématographique. Vous pouvez consulter les profils des pays couverts par l’Indice mondial de l’innovation comme la Chine, l’Inde ou les États-Unis d’Amérique. Pour en savoir plus, consultez la page Web de l’Indice mondial de l’innovation et la base de données de production cinématographique d’Omdia (sur abonnement).