Le PAI soutient un système de coupons de réduction à la pointe de la technologie qui s’attaque au problème de la fraude
L’entrepreneuse marocaine Kenza Ababou a conçu un système de coupons de réduction visant à éliminer la fraude, et destiné aux commerçants, mais elle a rencontré des difficultés à préparer sa demande de brevet pour protéger son invention. Grâce au Programme d’aide aux inventeurs de l’OMPI, elle a pu faire breveter son système unique et espère changer la donne dans le domaine de la gestion des coupons de promotion au Maroc et sur l’ensemble du continent africain.
Les entreprises ont recours aux promotions pour doper leurs ventes et fidéliser leur clientèle depuis les années 1890, lorsque l’entrepreneur Charles William Post a pour la première fois émis des coupons de réduction pour ses céréales de petit-déjeuner. Dans les années 2000, les entreprises se sont lancées dans les promotions numériques, ce qui leur a permis de tirer parti du commerce en ligne, de proposer des offres personnalisées et d’effectuer des transactions de plus rapidement et plus facilement. Aujourd’hui, la popularité croissante des portefeuilles numériques – qui devraient représenter un chiffre d’affaires de 10 000 milliards de dollars E.-U. d’ici à 2025 – ouvre encore plus de possibilités pour les réductions, les programmes de fidélisation, les coupons numériques et d’autres formes de promotions.
Cependant, l’expansion rapide du commerce électronique a exposé les entreprises au risque de fraude. La fraude promotionnelle, qui consiste à utiliser des moyens illicites pour profiter d’offres promotionnelles, est en hausse; les fraudeurs utilisent différentes tactiques, telles que la réutilisation de codes promotionnels et la falsification de documents, pour profiter d’avantages et de rabais de manière indue.
Bien que la fraude promotionnelle soit parfois présentée comme un délit qui ne fait pas de victime, ce phénomène a des conséquences réelles qui peuvent être graves pour les chefs d’entreprise, notamment une perte de revenus et de clients potentiels. Les victimes ne sont pas toutes des multinationales : il s’agit souvent de petites entreprises et de start-up qui ont recours aux promotions pour établir ou développer leur activité.
Utilisation abusive des codes promotionnels
Kenza Ababou, une entrepreneuse marocaine, connaissait bien les enjeux et les possibilités liés à la promotion numérique. Après avoir travaillé dans le marketing dans son pays natal Maroc et en France, en 2013 Kenza a fondé RedTag, une entreprise marocaine qui propose des approches innovantes en ce qui concerne la gestion des coupons de réduction afin de prévenir la fraude.
Si RedTag a rapidement fourni des coupons aux grandes surfaces marocaines, telles que Marjane, Carrefour etc., Kenza souhaite à présent collaborer avec de plus petites entreprises. Ces dernières comptent pour les quatre cinquièmes du marché marocain de la vente au détail, ce qui représente un énorme potentiel d’expansion pour RedTag, mais elles ne disposent pas de l’infrastructure de sécurité numérique des géants de l’industrie. Aussi, les systèmes de coupons existants seraient des cibles faciles pour la fraude promotionnelle.
Lutter contre les arnaques avec des coupons de réduction infalsifiables
En s’inspirant de l’introduction récente des portefeuilles numériques au Maroc, ainsi que de l’omniprésence des smartphones et des applications de messagerie, Kenza a conçu un système anti-fraude innovant pour la promotion des ventes, adapté aux entreprises de toute taille. Son système de prévention de la fraude pour le commerce électronique repose sur un coupon à code unique qui peut être placé dans l’emballage d’un produit (à destination du client final), ou dans son carton (à destination des grossistes, épiciers, ou ambulants). Les clients peuvent utiliser leur application de messagerie pour envoyer ce code à un compte associé à la promotion. Une fois qu’ils ont envoyé suffisamment de codes, le compte promotionnel communique avec une centrale de traitement qui transfère l’argent dans le portefeuille numérique du client.
De par sa complexité, le système de Kenza, qui établit des canaux de communication entre les appareils personnels, les portefeuilles numériques, les institutions financières, les centrales de traitement et les comptes promotionnels, ne peut pas être contourné par les méthodes habituelles de fraude promotionnelle.
“Ce système garantit que la personne qui utilise le code a véritablement acheté le produit, explique Kenza. Cet aspect est très important pour le marché marocain car, même si les coupons de réduction ne valent qu’un ou deux dirhams (environ 10 à 20 centimes d’euro), ils ont une vraie valeur sur le marché marocain, donc la fraude est beaucoup plus tentante.”
Les défis de l’obtention d’un brevet
Kenza s’est rendu compte que son invention était unique en son genre. “Aujourd’hui, RedTag est la seule entreprise au Maroc qui propose des coupons de réduction infalsifiables, aussi bien pour les grandes surfaces que pour les petits commerces, intégrant ce dispositif anti-fraude, fait-elle observer. Il était évidemment très important pour moi de le protéger par un brevet, parce qu’il s’agit d’une innovation qui est le fruit d’une longue réflexion.”
Lorsque Kenza a commencé à effectuer des recherches sur la procédure de délivrance de brevets, elle s’est toutefois aperçue qu’elle ne possédait pas le savoir-faire technique nécessaire pour préparer et déposer une demande de brevet susceptible d’être acceptée. “La rédaction d’un brevet est un métier à part entière. C’est une activité très complexe et codifiée, et il y a des règles très strictes à respecter. Il faut comprendre les particularités de l'invention et savoir ce qu’il faut mettre en avant. J’avais vraiment besoin de l’aide d’une personne compétente.”
Kenza n’est pas la seule à rencontrer ces difficultés. Les systèmes qui protègent la propriété intellectuelle sont des créations juridiques complexes et de nombreux inventeurs ne possèdent pas la formation nécessaire pour comprendre les aspects techniques de la procédure de délivrance de brevets. De ce fait, presque la moitié des inventeurs ne parviennent pas à obtenir des brevets pour leurs inventions lorsqu’ils se représentent eux-mêmes. Il est possible de faire appel à des conseils en brevets, mais bon nombre d’inventeurs (en particulier dans les pays du Sud) ne disposent pas des ressources financières nécessaires pour avoir accès à ces services professionnels.
Programme d’aide aux inventeurs
Le Programme d’aide aux inventeurs (PAI) de l’OMPI aide les inventeurs comme Kenza à obtenir les conseils professionnels dont ils ont besoin pour s’orienter dans le système des brevets et à commercialiser leurs inventions. Fruit d’un partenariat entre l’OMPI et plusieurs offices nationaux de brevets, le PAI met les inventeurs en rapport avec un conseil en brevets ou un agent de brevets bénévole qui leur fournit à titre gracieux des services relatifs à la rédaction et à l’instruction des demandes de brevet. Le PAI compte des bénévoles dans neuf pays (Afrique du Sud, Chili, Colombie, Équateur, Kenya, Maroc, Pérou, Philippines et Singapour), ce qui lui permet d’aider les inventeurs à faire breveter leurs innovations non seulement dans leur pays, mais aussi à l’étranger.
Kenza a découvert le PAI grâce à l’Office marocain de la propriété industrielle et commerciale (OMPIC), qui l’a aidée à présenter sa demande d'assistance dans ce cadre. Après avoir été sélectionnée par le Programme, Kenza a commencé à travailler avec Mohamed El Harzli, bénévole dans le cadre du PAI et directeur du Centre d’innovation et de transfert de technologie de l’université marocaine Abdelmalek Essaâdi.
“M. El Harzli m’a énormément aidée, se souvient Kenza. Mon entreprise est unique et fait face à des problématiques uniques, et il a vraiment fait l’effort de la comprendre, de même que la nature et l’objet de mon invention.” Mohamed a effectué une recherche sur l’état de la technique avant le dépôt de la demande pour s’assurer qu’un système similaire n’avait pas déjà été inventé avant de rédiger et de déposer une demande nationale de brevet. Il a également aidé Kenza à déposer une demande ultérieure en vertu du Traité de coopération en matière de brevets (PCT) de l'OMPI, ce qui permet à Kenza de demander la protection de son invention dans les 157 États contractants du PCT. “Vraiment, sans lui, je n’y serais pas arrivée”, confie Kenza.
Commercialiser le système RedTag contre les arnaques aux promotions
In 2021, Kenza was granted two patents for her invention in Morocco thanks to the support she received from the IAP. With her IP now secure, Kenza is excited to implement her coupon management system in Morocco and start working with the small businesses that comprise the bulk of Morocco’s retail market. Looking further ahead, she hopes her coupon fraud prevention system will one day be used by businesses across Africa.
Kenza looks back on her time with the IAP fondly and encourages her fellow innovators to get involved. “I think that the IAP is an extraordinary opportunity for many inventors in Morocco. Without it, I would never have filed or even drafted my patent application. So I hope the IAP will continue helping inventors like me.”
Vous voulez en savoir plus? Consultez la page Web du Programme d’aide aux inventeurs pour en savoir plus sur les modalités de participation en tant qu’inventeur, conseil agissant à titre gracieux ou partenaire du programme.