Les conseils de Priscilla Mante aux futurs scientifiques

17 mai 2022

Vous êtes-vous déjà refréné de faire quelque chose que vous aviez vraiment envie de faire parce que vous aviez peur de ne pas y arriver et de vous rendre ridicule?  Vous est-il déjà arrivé d’emprunter la voie de la facilité, dans l’espoir d’y trouver un succès assuré?  Priscilla Kolibea Mante nous raconte ici en quoi nos décisions basées sur la peur se mettent en travers de nos plus belles réussites.

Le facteur peur

Tout au long de son parcours au Ghana, Priscilla Mante rêva de changer le monde un jour, soit en devenant la première présidente africaine de la Banque mondiale, soit en développant un traitement pour une maladie incurable. Elle fut toujours une élève brillante à l’école et, lorsqu’elle arriva en dernière année de lycée, elle souffrit du syndrome de l’imposteur et choisit, par peur, d’étudier les arts et les sciences humaines, dans l’espoir que ces études seraient plus faciles, ce qui l’aiderait à préserver sa réputation d’étudiante modèle. Toutefois, après avoir terminé le premier trimestre de ce cursus d’arts et sciences humaines, elle comprit que les matières étudiées ne l’intéressaient pas vraiment et affronta sa peur des sciences pour demander à changer d’orientation. Priscilla Mante poursuivit alors des études pharmaceutiques à l’Université des sciences et technologies Kwame Nkrumah (KNUST) à Kumasi, au Ghana.

academy-2022-news0019-1-360
(Photo: Pharmedia)

En fin de compte, la vie vous amène là où vous voulez aller.  Il ne faut juste pas prendre de décisions basées sur la peur.  Trouvez en vous la confiance qui vous permettra de relever de plus grands défis.

Priscilla Kolibea Mante, maître de conférences et chercheur en neurosciences à l’Université KNUST

Priscilla Mante a commencé à travailler comme chargée de cours et chercheur à la suite de sa rencontre avec son mentor, le professeur Eric Woode, qui fut une source d’inspiration pour elle, avec sa vision du développement de la recherche en neurosciences en Afrique de l’Ouest.  Les recherches de Woode étaient centrées en particulier sur la douleur, la dépression et l’épilepsie et, après avoir travaillé étroitement avec des patients diagnostiqués avec ces pathologies et avoir constaté leur combat, Priscilla se fixa pour objectif de trouver un traitement pour l’épilepsie.  Elle s’engagea dans un doctorat en pharmacologie à l’Université KNUST plutôt qu’à l’étranger et est aujourd’hui maître de conférences et chercheur en pharmacologie dans son université de rattachement.

Connaître la propriété intellectuelle, c’est pouvoir

(Photo: Pharmedia)

Les recherches en neurosciences de Priscilla Mante portant sur les options thérapeutiques alternatives à base de plantes pour traiter l’épilepsie pharmacorésistante lui valurent la Bourse régionale L’Oréal-UNESCO au titre du Ghana en 2018 et, en 2019, elle fut sélectionnée parmi les Jeunes talents internationaux pour l’Afrique et les États arabes du programme L’Oréal-UNESCO Pour les Femmes et la Science. Grâce à cette reconnaissance, Priscilla Mante participa au cours de formation à la propriété intellectuelle de l’OMPI en 2019. Le partenariat entre l’OMPI et l’UNESCO a été mis en place en 2018 dans le but d’apporter aux femmes scientifiques reconnues par le programme L’Oréal-UNESCO Pour les Femmes et la Science les connaissances en propriété intellectuelle qui leur sont nécessaires pour protéger et valoriser leurs recherches.

Son appétit pour les opportunités de formation à la propriété intellectuelle continua de grandir et Priscilla Mante participa au cours de perfectionnement sur la gestion des actifs de propriété intellectuelle en République de Corée, organisé conjointement par l’Académie de l’OMPI, l’Office coréen de la propriété intellectuelle (KIPO), l’Association coréenne pour la promotion des inventions (KIPA) et l’Institut supérieur coréen des sciences et technologies (KAIST).  Afin de continuer à renforcer ses connaissances et ses compétences en matière de propriété intellectuelle, elle s’inscrivit également à une série de cours d’enseignement à distance de l’OMPI.  Elle s’attache désormais à transmettre ces enseignements en partageant ses connaissances de la propriété intellectuelle avec ses pairs, avec d’autres scientifiques et chercheurs de son université et avec les artistes de sa communauté, en particulier son mari qui est musicien.

Je partage les bonnes paroles de la propriété intellectuelle parce que la transmission de mes connaissances me permet de ne pas les oublier.

Priscilla Kolibea Mante, maître de conférences et chercheur en neurosciences à l’Université KNUST

Donner un avenir à la science en Afrique

Après avoir conclu un projet et une publication sur l’utilisation de la cryptolépine pour le traitement de la neurocysticercose en 2021, Priscilla Mante a commencé à mettre au point un traitement médicamenteux de l’épilepsie qu’elle prévoit, maintenant qu’elle est informée sur ses droits de propriété intellectuelle, de faire breveter avec le soutien de son université.  Elle finit également ses travaux sur un appareil de diagnostic qu’elle espère protéger par un brevet lorsqu’il sera terminé.  Les principaux défis auxquels elle se heurte dans ses recherches scientifiques concernent l’accès limité aux consommables et aux équipements dans les pays en développement, indépendamment des fonds disponibles.

Il s’agit d’un problème d’accès qui limite la disponibilité des outils fondamentaux pour la recherche au Ghana, et la pandémie de Covid-19 n’a fait qu’empirer l’acquisition de consommables et d’équipements.  Nous avons eu zéro accès et nos recherches sont restées au point mort.

Priscilla Kolibea Mante, maître de conférences et chercheur en neurosciences à l’Université des sciences et technologies Kwane Nkrumah

La détermination de Priscilla Mante ressort clairement dans les liens de collaboration étroits qu’elle a noués avec les instituts de recherche à l’étranger qui soutiennent et facilitent divers volets de ses recherches, comme l’accès aux consommables et aux équipements.

Priscilla Mante préside l’Académie ghanéenne des jeunes chercheurs, où elle encadre de jeunes scientifiques de son pays en leur dispensant des conseils pour leurs recherches, en les aidant à renforcer leur confiance en eux et à surmonter leur éventuelle peur à s’engager dans les domaines des sciences, de la technologie, de l’ingénierie et des mathématiques, ainsi qu’en les informant sur l’importance de la propriété intellectuelle pour la science.  Priscilla Mante espère pouvoir un jour bâtir à partir de sa vision de mentor un “Centre de recherche sur le système nerveux central pour l’Afrique”, dans lequel les scientifiques des pays africains pourraient mener des travaux de recherche innovateurs en neurosciences.  En attendant, elle va continuer à chercher un traitement de l’épilepsie, encadrer les futures générations de chercheurs en sciences au Ghana et vivre de belles aventures gastronomiques avec son mari.

Prêts à relever le défi?

L’Académie de l’OMPI propose des cours de propriété intellectuelle à distance de niveau général et avancé, dispensés en sept langues (français, anglais, arabe, chinois, espagnol, portugais et russe) au Centre de formation en ligne de l’OMPI.  Les inscriptions à la deuxième session des cours d’enseignement à distance en 2022 sont à présent ouvertes.

S’inscrire à un cours d’enseignement à distance de l’OMPI

Vous pouvez vous mettre au défi d’en apprendre davantage sur une série de domaines de la propriété intellectuelle comme le droit d’auteur, les brevets, les marques, la gestion de la propriété intellectuelle, les ressources génétiques, l’accès aux technologies médicales, les licences de logiciel, les exportations, entre autres.  Vous pouvez suivre les cours à distance à votre rythme, entamer des discussions avec des experts en propriété intellectuelle et des participants du monde entier, et enfin, recevoir un certificat électronique de l’OMPI attestant que vous avez terminé le cours avec succès.

Pour en savoir plus :