Équiper les spécialistes des brevets en Afrique
1 février 2024
Un célèbre proverbe africain, qui dit “si tu veux aller vite, marche seul mais si tu veux aller loin, marchons ensemble”, décrit bien la semaine que les spécialistes africains des brevets ont passée ensemble à Harare, dans le cadre d’un atelier destiné à améliorer leurs compétences en matière de rédaction. L’atelier, qui constitue la première phase du programme de formation à la rédaction des demandes de brevet pour les États membres et les États ayant le statut d’observateur auprès de l’ARIPO, avait pour objectif simple de doter les spécialistes des brevets de la région des compétences nécessaires en matière de rédaction afin de soutenir leurs écosystèmes d’innovation locaux. Organisé par l’OMPI et l’ARIPO et bénéficiant du soutien financier du Fonds fiduciaire mondial du Japon pour la propriété industrielle, l’atelier s’est tenu au siège de l’ARIPO à Harare du 11 au 15 septembre 2023.
Le manque de savoir-faire dans la région explique partiellement le faible nombre de brevets délivrés en Afrique par rapport à d’autres régions. Selon les indicateurs mondiaux relatifs à la propriété intellectuelle de l’OMPI, moins de 1% des demandes de brevet sont déposées en Afrique. Ce programme vise à accroître la participation des innovateurs africains au système des brevets, la formation ciblant divers acteurs de l’écosystème d’innovation. Les participants sélectionnés venaient de bureaux de transfert de technologie, d’instituts de recherche et d’offices de brevets. Ils étaient originaires de 21 pays (Angola, Botswana, Burundi, Cap-Vert, Eswatini, Gambie, Ghana, Kenya, Libéria, Malawi, Maurice, Mozambique, Namibie, Nigéria, Ouganda, République-Unie de Tanzanie, Rwanda, Sao Tomé-et-Principe, Sierra Leone, Somalie et Zimbabwe), pour un total de 26 participants.
Aspect pratique
Le programme de formation à la rédaction des demandes de brevet est le fruit de la coopération entre l’OMPI et l’ARIPO. Il s’agissait de la quatrième édition, animée par des conseils en brevets chevronnés venus de l’Afrique du Sud, des États-Unis d’Amérique et du Japon afin d’offrir une perspective internationale. L’atelier a suivi une approche globale de la rédaction, allant des exigences juridiques à la mise au point des revendications afin d’élaborer des demandes de brevet intéressantes d’un point de vue commercial. Il a permis d’aborder l’optimisation des revendications pour différents domaines techniques, en soutenant les participants qui créent des inventions dans les domaines de l’ingénierie, de la chimie, de la science des matériaux et de la biotechnologie.
La rédaction des demandes de brevet n’est pas une tâche simple. Vous devez comprendre à la fois le droit et la technologie. Les meilleurs rédacteurs de demandes de brevet sont également des communicants, qui savent exprimer l’invention en termes clairs et concis. Pour renforcer ces compétences, l’atelier a utilisé comme exemples des objets de la vie quotidienne, allant de la passoire à la fourchette. Chaque journée de l’atelier commençait par une séance interactive sur les bases de la rédaction des demandes de brevet, suivie d’un exercice pratique destiné à mettre les participants au défi. En fin de compte, l’atelier a porté principalement sur l’acquisition de connaissances fondamentales solides sur ce qui constitue une bonne revendication de brevet.
Les participants ont particulièrement apprécié les exercices pratiques. Selon Mme Linda Amanya, responsable du transfert de technologie au Conseil national ougandais pour la science et la technologie, “pour moi, les séances de rédaction pratique ont constitué l’élément le plus utile”.
Apprendre en pratiquant
Selon John Maxwell, “le travail d’équipe rend le rêve possible”. Les participants travaillaient en petits groupes sur des exercices pratiques de rédaction. Ils ont démonté les ôte-agrafes et les ont examinées d’un œil neuf en les décrivant avec des termes techniques. Après chaque exercice, ils présentaient leur travail pour recevoir des commentaires de la part des formateurs et de leurs pairs. Mme Otlhapile Dinakenyane, directrice par intérim chargée du transfert de technologie à l’Université internationale des sciences et technologies du Botswana, a déclaré : “J’ai beaucoup appris grâce aux discussions sur les exercices et aux commentaires que nous avons reçus de la part des formateurs et des autres participants”. L’esprit de collaboration a favorisé l’échange de points de vue et de critiques constructives qui ont permis aux participants d’améliorer leurs connaissances et leurs compétences.
Les formateurs ont insisté auprès des participants sur le fait qu’un brevet bien rédigé ne doit pas seulement protéger une invention, mais également permettre à d’autres personnes compétentes dans le domaine de comprendre le fonctionnement de l’invention. M. Benson Baituru, examinateur de brevets à l’Institut kényan de la propriété industrielle, a déclaré avec enthousiasme : “l’établissement des revendications a été l’aspect le plus utile de l’atelier, car cela me permettra d’interpréter correctement les revendications lors de l’examen”. Ces compétences amélioreront la communication entre les déposants de demandes de brevet et les examinateurs dans la région et, en fin de compte, la qualité des actifs qui en découlent.
Le dernier jour de l’atelier, les participants ont analysé des études de cas dans lesquelles les brevets ont donné lieu à un transfert de technologie. Cela a permis de consolider la façon dont ils peuvent mettre en pratique ce qu’ils ont appris tout au long de la semaine, une fois rentrés chez eux. “Les études de cas sur la propriété intellectuelle et le transfert de technologie présentées ont été très utiles pour mes activités quotidiennes. Il est important d’encourager les universités et les instituts de recherche à protéger leurs innovations afin de pouvoir effectuer des transferts de technologie appropriés, attirer des financements et prendre part à des collaborations”, a déclaré M. Erasto Shemu Mlyuka, responsable de la gestion et du transfert de technologie à la Commission scientifique et technique de la République-Unie de Tanzanie.
Parcours de formation
L’atelier sur la rédaction des demandes de brevet s’est avéré essentiel pour permettre aux spécialistes des brevets d’acquérir des connaissances et des compétences indispensables. La formation a été suivie d’une session de mentorat en ligne pendant six semaines. Au cours de cette période, les participants ont travaillé individuellement sur des exercices de rédaction et ont reçu des commentaires de la part des formateurs. Ce volet pratique permet de consolider les connaissances et les compétences acquises par les participants pendant l’atelier. À la fin de chaque exercice, une séance de commentaires en groupe animée par les formateurs a permis d’obtenir des conseils supplémentaires sur l’exercice et des astuces de rédaction.
Pour de nombreux participants, il s’agit d’une première étape sur le long chemin de la construction de leurs écosystèmes d’innovation. Les programmes de rédaction des demandes de brevet de l’OMPI permettent d’acquérir les compétences nécessaires pour transformer les idées en actifs commerciaux. Il s’agit là d’un élément essentiel pour réaliser le potentiel que l’innovation africaine peut apporter en contribuant aux économies locales et en améliorant les conditions de vie. Si ce programme est un indice, l’avenir est prometteur.
Vous souhaitez en savoir plus sur les programmes de rédaction des demandes de brevet de l’OMPI?
L’OMPI propose deux types de programmes de formation : des ateliers sur la rédaction des demandes de brevet dans les États membres (aux niveaux national et régional) et le Programme international de l’OMPI en matière de formation à la rédaction des demandes de brevet. En savoir plus.