Indice mondial de l’innovation 2018 : l’innovation localisée
Par Kyle Bergquist, Division de l’économie et des statistiques de l’OMPI et Edward Harris, Section de l'information et des médias de l'OMPI
L'Indice mondial de l’innovation s’attache à analyser les indicateurs de performance de l’écosystème de l’innovation à l’échelle macroéconomique. L’indice mondial de l’innovation, qui en est à sa 11e édition, est largement reconnu par les dirigeants mondiaux et les décideurs de niveau national comme un outil permettant de mieux comprendre comment dynamiser les capacités nationales en matière d’innovation.
Mais l’innovation est aussi un phénomène qui part de la base, grâce à des personnes qui, au travail ou chez eux, mettent en œuvre des idées nouvelles, que ce soit à titre individuel ou au sein d’une entreprise, d’une université ou d’un établissement de recherche. Quels sont les facteurs qui font de certains endroits et environnements de plus hauts lieux de l’innovation que d’autres?
Une équipe de chercheurs de l’OMPI s’attache actuellement à répondre à cette question, en ajoutant une nouvelle fonction à l’Indice mondial de l’innovation qui, en associant les mégadonnées à des techniques de cartographie de pointe, permet de mettre en évidence les pôles d’activité en matière d’innovation dans le monde entier.
Cette année, les économistes de l’OMPI ont ajouté des articles scientifiques à l’analyse par groupes qu’ils ont menée sur les demandes de brevet déposées en vertu du Traité de coopération en matière de brevets (PCT), qu’on appelle également “système international des brevets”.
L’analyse par groupes de l’OMPI, qui a été entamée dans l’Indice mondial de l’innovation 2017, est la première du genre à étudier les brevets et les publications scientifiques à l’échelle de la planète. Elle permet aux décideurs de mieux comprendre les caractéristiques locales de l’innovation.
Parmi les données évaluées cette année figure un million de demandes de brevet déposées en vertu du PCT entre 2012 et 2016 par 2,8 millions d’inventeurs à près d’un million d’adresses différentes.
Quelque 8,5 millions d’articles scientifiques, rédigés par 22,5 millions d’auteurs à 7,4 millions d’adresses différentes ont également été passés en revue.
Puis, un algorithme a classé ces données par localité, grâce à des techniques de cartographie perfectionnées. Il en résulte une représentation visuelle riche de la densité des activités liées à l’innovation dans des pôles situés à travers le monde.
Le graphique ci-après illustre l’activité en matière de dépôt international de demandes de brevet par groupe, en représentant le nombre de demandes PCT par centaine de kilomètres carrés :
Le graphique ci-après illustre la quantité de publications scientifiques par groupe, en représentant le nombre de publications par centaine de kilomètres carrés :
L’ajout des publications scientifiques aux données sur les brevets a permis de faire des découvertes intéressantes qui ont été publiées dans l’Indice mondial de l’innovation 2018 :
- Les 100 principaux groupes sont situés dans 28 économies. Les États-Unis d’Amérique, avec 26 groupes, est le pays qui en compte le plus, suivi de la Chine (16 groupes), l’Allemagne (8), le Royaume-Uni (4) et le Canada (4).
- En dehors de la Chine, des groupes situés dans cinq pays à revenu intermédiaire (le Brésil, la Fédération de Russie, l’Inde, la République islamique d’Iran et la Turquie) figurent parmi les 100 groupes principaux.
- Le groupe de Tokyo-Yokohama est celui qui compte le plus grand nombre d’inventeurs et d’auteurs scientifiques combinés, très largement devant le groupe de Shenzhen-Hong Kong, qui se classe au deuxième rang du classement.
- Le groupe de Pékin, où le nombre de publications scientifiques parues est le plus élevé, a progressé dans le classement.
- San Diego, 6e dans le classement précédent, a chuté dans celui de cette année, en raison de la baisse du nombre de publications enregistrée dans le groupe.
- Le groupe de New York se hisse à la 8e place, cette progression est attribuable en grande partie aux modifications apportées à la série de données, qui ont élargi le groupe pour y inclure la région de Princeton (New Jersey).
Cette analyse par groupes brosse un tableau provisoire de l’innovation au niveau local. Cette analyse, menée par des économistes et des statisticiens de l’OMPI, constitue une base de référence qui sera améliorée au fil du temps.
L’innovation est un phénomène éminemment complexe et en constante évolution. Les études réalisées se doivent de suivre le rythme de celle-ci.
L’investissement permanent de l’OMPI en faveur des techniques analytiques et économétriques appliquées dans sa base de données statistiques garantit que les ressources et les outils que l’OMPI met à la disposition des décideurs continuent de s’améliorer et soient utiles aux responsables politiques dans leur prise de décision.