Une conférence internationale de haut niveau traite du rôle de la propriété intellectuelle dans les industries de création
Genève,
29 octobre 2007
PR/2007/526
Des ministres, des hauts responsables de l’élaboration des politiques, des représentants de l’industrie et des musiciens de premier plan, des artistes, des universitaires et des représentants de la société civile venus de toutes les régions du globe ont souligné l’importance fondamentale du secteur de la création dans la promotion de l’identité culturelle et du développement économique ainsi que de la création de richesses au cours d’une conférence de haut niveau sur le rôle de la propriété intellectuelle dans les industries de création qui s’est ouverte à l’Organisation Mondiale de la Propriété Intellectuelle (OMPI) le 29 octobre 2007. Cette conférence de deux jours constitue une occasion exceptionnelle pour les parties intéressées d’échanger leurs points de vue sur le rôle de la propriété intellectuelle dans le secteur dynamique constitué par les industries de création.
En ouvrant la Conférence internationale sur la créativité et les industries de création, le directeur général de l’OMPI, M. Kamil Idris, a souligné l’importance du rôle du système de propriété intellectuelle et son utilité en tant que moyen de valoriser le potentiel économique du secteur et de tirer parti de sa croissance soutenue. Le directeur général a déclaré que “cet évènement important constitue une excellente occasion de sensibiliser le public à l’importance des industries de création et au rôle de la propriété intellectuelle dans leur développement. Aujourd’hui, les industries de création suscitent un vif intérêt dans le monde entier, en particulier en ce qui concerne leur contribution économique au développement et à la croissance”. M. Idris a ajouté que “le débat sur les industries de création est souvent axé sur le côté culturel”. Il a souligné la contribution importante de la propriété intellectuelle à la croissance durable de ce secteur indiquant que “c’est précisément en vue d’examiner les questions de propriété intellectuelle en relation avec les industries de création que cette conférence a été organisée”.
M. Idris a instamment demandé aux participants de prendre en considération la dimension économique du processus de création. “En outre, les aspects économiques devraient être analysés de façon à évaluer dans quelle mesure ce secteur peut contribuer à la croissance économique, au développement social et à la diversité culturelle”. À cet égard, le directeur général a appelé l’attention sur les orientations élaborées par l’OMPI pour les enquêtes économiques dans ce secteur. M. Idris a souligné l’importance et le potentiel de croissance considéré sous l’angle du développement du secteur des industries de création comme l’attestait le fait que les résultats de la recherche découlant de ces enquêtes montraient que la contribution moyenne des industries de création au PIB et à l’emploi au niveau national était respectivement de 5,4% et 6,2%.
En ouverture de la conférence, M. Tarek Mitri, ministre de la culture du Liban, a évoqué la tension entre l’“impératif éthique” de préserver la diversité culturelle en accordant un soutien aux créateurs et l’engagement en faveur du développement des industries de création axé sur la croissance économique et la création d’emplois. Le ministre a déclaré que les produits issus de la créativité ne constituaient pas des biens de consommation et ne devraient pas être transformés en marchandises mais étaient bel et bien des actifs économiques. Il a dit que la propriété intellectuelle constituait un moyen de concilier ces différences. “Les forces du marché ne peuvent pas garantir à elles seules la préservation et la promotion de la diversité culturelle. La politique menée par les pouvoirs publics, en partenariat avec le secteur privé et la société civile, joue un rôle essentiel”. Il a parlé des enjeux des industries de création propres à une culture donnée, indiquant que, “dans un petit pays comme le nôtre, un certain nombre d’industries culturelles peuvent ne pas être compétitives au‑delà des frontières du Liban où le marché est limité, mais elles doivent se développer si nous voulons que la créativité prospère et si nous avons à cœur de préserver la pluralité culturelle de notre pays”.
Le ministre a déclaré que “l’appui fourni aux créateurs aura un effet positif sur l’économie”, ajoutant : “Les industries fondées sur le droit d’auteur ont été sous‑évaluées et n’ont pas été considérées comme un moteur économique et une source de croissance majeur malgré leur contribution notable à l’économie libanaise”. Selon une étude récente de l’OMPI, la contribution des industries de création au PIB du Liban et à l’emploi s’élevait respectivement à 4,75% et 4,49%
Mme Olivia Grange, ministre de l’information, de la culture, de la jeunesse et des sports de la Jamaïque, a déclaré que “les exportations culturelles de la Jamaïque vers le monde ont été absolument exceptionnelles”. La culture de la Jamaïque “puise ses racines dans l’imagination créatrice d’une population très diverse, forgée dans le creuset d’expériences, de luttes et de succès communs”. Mme Grange a réaffirmé la volonté de son gouvernement de gérer les ressources culturelles de la Jamaïque, précisant que “nous sommes conscients du fait que ce sont la créativité et la capacité d’innovation du peuple jamaïcain émanant de la culture qui constitueront les fondements d’une création de richesses durable au bénéfice de tout notre peuple”. Elle a ajouté : “Le nouveau Gouvernement de la Jamaïque s’est engagé à développer notre économie en mettant l’accent au niveau de la politique à suivre et de la planification sur la création d’un environnement propice aux industries de création. Il s’agit là maintenant d’un thème prioritaire dans le cadre du programme de travail de notre pays concernant le commerce et les investissements”.
Le ministre a déclaré que les industries jamaïcaines de création “non seulement pourront s’appuyer sur un cadre législatif solide propice à la protection des droits des créateurs et des propriétaires d’actifs de propriété intellectuelle mais disposeront aussi d’un mécanisme de suivi et d’application bien huilé”. Mme Grange a fait état des conclusions de l’étude de l’OMPI selon laquelle les industries fondées sur le droit d’auteur contribuaient à environ 5,1% du PIB de la Jamaïque, ce qui correspond à la contribution des secteurs des industries extractives et de l’agriculture. Le ministre a déclaré que “, à cet égard, je dois rendre hommage à l’engagement de M. Kamil Idris et du personnel de l’OMPI qui se sont employés à éduquer les gouvernements et les peuples de la région des Caraïbes et d’ailleurs en les sensibilisant au potentiel de la propriété intellectuelle en tant qu’instrument fondamental et nécessaire du développement économique”. Le ministre a mentionné en outre plusieurs initiatives prises actuellement par son gouvernement tendant à renforcer la compétitivité des industries de création de la Jamaïque au niveau mondial, plus particulièrement en relation avec les indications géographiques, les savoirs traditionnels et dans le cadre de la révision de la loi sur les brevets et dessins et modèles industriels.
Le Prince Adetokunbo Kayode, ministre de la culture, du tourisme et de l’orientation nationale du Nigéria, a déclaré : “La créativité … est une ressource humaine fondamentale au potentiel illimité”. Il a souligné le fait que la créativité est ancrée dans la culture, notant que “la langue, les pensées, la musique, l’habillement, les pratiques spirituelles, etc. constituent des expressions culturelles à proprement parler qui deviennent source de créativité. Lorsqu’elles sont organisées stratégiquement, ces activités peuvent être groupées en activités commerciales et en industries fournissant des produits et des services qui répondent à des besoins de la société dans les domaines de l’éducation, du divertissement et du commerce”. Évoquant les 350 groupes ethniques du Nigéria, le ministre a déclaré : “le Nigéria peut se prévaloir d’au moins 350 courants de créativité culturelle. Dans un monde qui s’appuie de plus en plus sur une économie mue par la créativité et fondée sur les savoirs, cette réalité se traduira par un réservoir de ressources considérable qui renforcera la puissance économique et l’image du Nigéria une fois la stratégie pertinente mise en œuvre”.
Le ministre a ajouté : “Une gestion systématique des ressources culturelles de nos pays garantit un actif économique d’une très grande valeur pour le marché mondial”. Il a mentionné l’importance de la diversité culturelle : “La créativité s’épanouit dans une société caractérisée par la diversité des cultures du fait de l’existence d’une multitude d’idées et situations diverses et d’environnements différents avec lesquels il faut travailler”. Le Prince Kayode a évoqué l’importance économique des industries culturelles et les efforts du gouvernement de son pays visant à encourager et à soutenir la créativité dans ce secteur. “Des industries culturelles correctement organisées et gérées offrent un potentiel considérable”. “Il est clair que le développement économique au niveau mondial dans ses aspects avant‑gardistes s’oriente inexorablement dans des directions qui reposent fortement sur les ressources créatives des pays”, a‑t‑il ajouté. À cet égard, le ministre a fait état de “l’urgence accrue dans chaque pays de mettre en place un cadre pour la protection” des ressources créatives. “Le système de propriété intellectuelle constitue un des mécanismes que les pays adoptent pour faire en sorte que la créativité soit protégée et débouche sur des projets rentables”.
M. Christian Valentin, conseiller personnel du secrétaire général de la Francophonie, a mentionné le large éventail et la richesse des contributions émanant de créateurs francophones et a fait état du défi constitué par la préservation de la diversité culturelle et la nécessité d’encourager simultanément le développement d’industries culturelles viables et productives représentant un part de plus en plus importante des recettes. Il a souligné l’importance économique des industries culturelles et a déclaré que le système de la propriété intellectuelle jouait un rôle indispensable dans la poursuite de leur développement. M. Valentin a par ailleurs présenté dans leurs grandes lignes les diverses initiatives lancées par son organisation en faveur du secteur des industries culturelles des pays francophones, y compris en ce qui concerne le renforcement des capacités et sur le plan de la sensibilisation.
Sur le thème “le concept et les origines de la créativité”, le musicien vedette jamaïcain Shaggy a expliqué son expérience personnelle s’agissant de la “naissance” de l’idée créative et de l’évolution ultérieure de cette idée. Ce musicien dont le talent a été récompensé par le passé a déclaré que “cela commence par une idée”; il a évoqué les difficultés rencontrées par les artistes pour se démarquer des principaux genres musicaux. Il a noté que la musique reggae est même considérée comme la “musique d’une minorité” malgré la formidable réussite et l’extraordinaire popularité de nombreux artistes reggae. Shaggy, qui a vendu plus de 22 millions d’albums, a dit que les artistes eux‑mêmes doivent continuer d’être créatifs. “Nous devons faire preuve de créativité non seulement dans la chanson mais dans la commercialisation de la chanson”. “Nous devons faire de notre mieux pour rendre l’industrie plus créative”. Évoquant les défis à relever à tous les niveaux – industrie, artistes, décideurs –, il a déclaré qu’“il y a beaucoup de fleuves à franchir et que nous sommes ici pour les franchir ensemble”.
Pendant toute la conférence, les intervenants traiteront de thèmes aussi divers que le concept et les origines de la créativité, la créativité et la propriété intellectuelle au service du développement, les savoirs et le capital culturel et le couple propriété intellectuelle‑industries de la création. Une réunion d’experts sera consacrée aux questions de mesures et traitera de sujets tels que l’économie de la culture comme instrument d’analyse, l’expérience de l’OMPI en ce qui concerne l’évaluation de la contribution économique des industries de création, ainsi que l’index de la créativité vu de Hong Kong.
Les participants de la conférence s’entretiendront aussi de la place des industries de création dans l’environnement numérique, et plus particulièrement de questions telles que le cadre juridique international et les défis de la protection des contenus en ligne ainsi que le rôle de la gestion collective à l’ère du numérique. Une dernière partie de la conférence sera consacrée aux activités commerciales liées à la créativité et à une série de pratiques recommandées touchant aux modèles d’entreprise innovants de tous les continents dans les secteurs de la musique, du livre, du cinéma et des jeux.
La conférence est ouverte au public. Le programme est disponible sur le site https://www.wipo.int/meetings/en/2007/ip_ind_ge/program.html et les modalités d’inscription se trouvent sur le site https://www.wipo.int/meetings/en/2007/ip_ind_ge/registration.html
Pour plus de renseignements, on peut s’adresser à la Division de l’information et des medias de l’OMPI:
- Tél: (+41 22) 338 81 61 / 338 72 24
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