Messages clés
1. Une nouvelle dynamique se fait jour dans le domaine de l’innovation au niveau mondial, indépendamment des profonds écarts qui subsistent. L’indice mondial de l’innovation (GII) confirme le lien entre la progression au classement et le niveau de revenus. Des écarts importants existent aussi entre les différentes régions géographiques, notamment si l’on compare les résultats moyens des pays à revenus élevés avec ceux d’autres régions, comme l’Afrique et de grandes parties de l’Asie et de l’Amérique latine. Cela étant, le GII montre que différentes parties du monde ont conçu leurs propres "modèles d’innovation". Cela est illustré par le vaste ensemble de pays de différents continents qui figurent aux vingt premières places du classement du GII.
2. Trois catégories ont été établies sur la base de la performance des pays en matière d’innovation en fonction de leurs niveaux de revenus (PIB par habitant exprimé en dollars sur la base de la parité du pouvoir d’achat – PPA).
- Les "chefs de file de l’innovation" sont les pays à revenus élevés qui sont parvenus à créer des écosystèmes de l’innovation qui concourent à renforcer le capital humain et la mise en place d’infrastructures d’innovation stables. Cette catégorie comprend notamment les 10 pays les mieux classés, à savoir la Suisse, la Suède, Singapour, la Finlande, le Royaume Uni, les Pays Bas, le Danemark, Hong Kong (Chine), l’Irlande et les États Unis d’Amérique, auxquels viennent s’ajouter le Luxembourg, le Canada, la Nouvelle Zélande, l’Allemagne, Malte, Israël, l’Estonie, la Belgique, la République de Corée, la France, le Japon, la Slovénie, la République tchèque et la Hongrie.
- Les "apprentis dans le domaine de l’innovation" sont les économies à revenus moyens qui enregistrent des résultats en hausse dans le domaine de l’innovation grâce aux améliorations apportées à leur cadre institutionnel, à leur main d’œuvre qualifiée et formée, à une infrastructure de meilleure qualité, et à un environnement commercial moderne — même si les progrès réalisés dans ces domaines ne sont pas homogènes à tous les niveaux. Ce groupe comprend notamment la Lettonie, la Malaisie, la Chine, le Monténégro, la Serbie, la République de Moldova, la Jordanie, l’Ukraine, l’Inde, la Mongolie, l’Arménie, la Géorgie, la Namibie, le Viet Nam, le Swaziland, le Paraguay, le Ghana et le Sénégal. Parmi les pays à faibles revenus figurent le Kenya et le Zimbabwe.
- Les "mauvais élèves de l’innovation" sont les pays dotés d’un potentiel d’innovation sur la base de leurs niveaux de revenus, mais dont les systèmes d’innovation présentent des faiblesses. Cette catégorie comprend aussi bien des économies à revenus élevés, comme le Qatar, les Émirats arabes unis, l’Oman, le Brunei Darussalam, le Koweït, la Grèce et la Trinité et Tobago, que des pays à revenus moyens comme l’Argentine, le Belarus, le Mexique, le Botswana, le Panama, la République islamique d’Iran, le Gabon, la République bolivarienne du Venezuela, l’Algérie, la République arabe syrienne, l’Angola, la République démocratique populaire lao, le Yémen et le Soudan.
3. Investir dans l’innovation en temps de crise est primordial. Si l’innovation ne saurait guérir instantanément tous les maux financiers, elle est un élément essentiel pour assurer une croissance durable et la prospérité future. Sur fond d’incertitudes commerciales liées à la crise économique, de nombreuses grandes sociétés multinationales ont préféré accumuler des liquidités plutôt que de les investir dans la recherche développement. Il y a également un risque de voir cesser dès 2011 les dépenses publiques d’investissement dans la recherche développement dans le cadre des plans de relance économique établis en 2009. La recherche développement et l’innovation ne peuvent être abandonnées, puis simplement reprises lorsque l’économie se redresse.
4. Il est indispensable de mettre l’accent sur la dimension systémique de l’innovation et le renforcement des liens dans l’écosystème de l’innovation. Les nations les plus innovantes (comme les pays scandinaves) ont renforcé les liens entre les différents acteurs de l’innovation, plus particulièrement dans le domaine des sciences, de l’enseignement supérieur, des organismes publics, ainsi que dans les secteurs privé et à but non lucratif. De nombreuses économies riches en ressources ont considérablement investi dans le capital humain ces dernières années, mais n’ont pas encore récolté les fruits de ces initiatives en termes d’innovation en raison d’un manque de coordination entre les différents secteurs.
5. Les discussions de politique générale en Europe doivent comporter un volet consacré à l’innovation. On constate l’apparition d’une Europe à plusieurs vitesses, ce qui crée une fracture entre les chefs de file de l’innovation en Europe du Nord et de l’Ouest, les pays baltes et d’Europe de l’Est qui progressent dans le classement et l’Europe méridionale qui enregistre de moins bons résultats.
6. L’Amérique du Nord doit s’employer à remédier à ce qui pourrait devenir une faiblesse chronique. Si les États Unis d’Amérique continuent d’obtenir d’excellents résultats en matière d’innovation et restent leader dans ce domaine à de nombreux égards, on voit néanmoins apparaître des points de pression en termes de ressources humaines et d’ouverture aux compétences mondiales. Par rapport à l’an dernier, le Canada est le seul pays à ne plus figurer au classement des 10 pays les plus innovants.
7. Les pays BRIC (Brésil, Fédération de Russie, Inde et Chine) ont en commun des difficultés institutionnelles et de gouvernance et doivent renouveler leurs vecteurs d’innovation s’ils veulent pouvoir exploiter pleinement leur potentiel. Tout comme l’an dernier, la Chine et l’Inde font preuve d’une grande capacité à transformer les poches d’excellence dans leurs infrastructures en résultats positifs pour l’innovation et sont en tête du classement selon l’indice mondial de l’efficacité de l’innovation. Parmi les pays BRIC, c’est le Brésil qui a enregistré cette année le plus net recul au palmarès du GII.
8. Mesurer l’innovation est une gageure. L’innovation répond désormais à une définition plus large qui ne se cantonne plus aux seuls laboratoires de recherche développement et articles scientifiques publiés. Elle englobe également l’innovation sur le plan social et en termes de modèle d’affaires. Sur la base de discussions avec des spécialistes de l’innovation et des apports du comité consultatif et des experts partenaires, le modèle du GII est ainsi revu chaque année. Si le résultat final se présente sous la forme de plusieurs classements, le GII cherche avant tout à faciliter le cheminement menant à une meilleure évaluation et une meilleure compréhension de l’innovation et à recenser les politiques ciblées, les bonnes pratiques et autres moyens concourant à favoriser l’innovation.