Débat d’experts sur l’Indice mondial de l’innovation 2018 : innover aujourd’hui pour un environnement plus propre et un avenir plus vert
30 octobre 2018
Par Edward Harris, Division des communications, OMPI
Celles et ceux qui, pour enrayer le changement climatique, misent sur une révolution simple et rapide fondée sur les “énergies vertes” trouveront dans l’édition 2018 de l’Indice mondial de l’innovation intitulée “L’innovation, source d’énergie pour le monde entier” des éléments utiles pour définir la voie à suivre, malgré des chiffres inquiétants. Les projections indiquent en effet que, d’ici à 2040, les besoins en énergie à l’échelle mondiale seront jusqu’à 30% supérieurs aux besoins actuels et que les approches conventionnelles en matière d’approvisionnement en énergie ne sont pas viables dans le contexte du changement climatique. L’Indice mondial de l’innovation 2018 révèle en outre que l’activité inventive en matière de technologies vertes a culminé il y a environ cinq ans et décline lentement depuis.
Autrement dit, pour assurer un avenir viable sur le plan environnemental, il nous faut trouver de nouvelles idées… maintenant. C’est le message qui ressort du débat d’experts organisé conjointement par l’OMPI et le Centre d’études internationales sur l’environnement le 29 octobre à l’Institut de hautes études internationales et du développement (IHEID) à Genève.
Le Directeur général de l’OMPI, M. Francis Gurry, a présidé une table ronde réunissant six experts de renommée internationale pour un débat de 90 minutes sur un large éventail d’innovations potentiellement positives. Il a notamment été question des progrès impressionnants réalisés dans le domaine des technologies de stockage, en partie sous l’impulsion de l’industrie automobile, des nouvelles utilisations de la technologie de la chaîne de blocs, ou encore des nouvelles politiques publiques qui font évoluer les habitudes en matière de consommation d’énergie tout en encourageant la recherche et le développement de technologies vertes.
Paroles d’experts sur l’innovation
“L’innovation est ce dont nous avons le plus besoin aujourd’hui”, a déclaré l’hôte de la soirée, M. Philippe Burrin, directeur de l’IHEID à Genève, en accueillant les centaines de personnes venues assister au débat. “L’innovation est primordiale pour nous tous et requiert un système très stable”.
“Le seul moyen de faire face à un enjeu sociétal tel que le changement climatique est de modifier notre manière de faire, ce qui suppose d’innover”, a déclaré M. Gurry dans son allocution d’ouverture. “C’est par l’innovation que nous sortirons de cette crise, c’est là que réside la solution, avec la mise en place de très nombreux autres systèmes d’appui, bien entendu”.
M. Bruno Lanvin, corédacteur de l’Indice mondial de l’innovation 2018 et membre de l’INSEAD, a présenté aux experts et au public les conclusions de ce rapport, qui a acquis une renommée internationale pour son classement des 126 pays les plus innovants au monde, en tête duquel la Suisse figure depuis des années.
M. Lanvin a attiré l’attention du public sur une tendance préoccupante révélée dans l’Indice mondial de l’innovation 2018 : le nombre de familles de brevets portant sur les technologies vertes a culminé en 2012, l’invention sous-jacente survenant généralement environ 18 mois avant la publication du brevet. Le pic de l’activité inventive a donc été atteint aux alentours de 2010. Depuis lors, et jusqu’en 2015, une diminution du nombre de familles de brevets portant sur les technologies vertes a été constatée chaque année, ce nombre étant passé de 113 547 en 2012 à 109 266 en 2015, soit une diminution totale de 4%.
De même, le nombre de demandes internationales de brevets déposées en vertu du PCT a culminé en 2013, puis diminué de 11% environ entre 2013 et 2017.
Cependant, “l’innovation dans le secteur de l’énergie est un phénomène mondial et nous devons prendre garde à ne pas croire qu’elle est l’apanage des grandes entreprises et des grands laboratoires qui enregistrent des progrès dans divers domaines. Bien sûr, il existe de nouvelles batteries et de nouvelles façons de transmettre l’énergie”, a déclaré M. Lanvin, “mais l’innovation énergétique est aussi présente dans les régions les plus pauvres d’Afrique et en Asie du Sud-Est. L’innovation est présente partout, pas uniquement dans les technologies, mais aussi dans les modèles commerciaux et les habitudes de consommation. Il y a donc des enseignements à tirer dans le monde entier”, a-t-il dit en introduction au débat.
M. l’Ambassadeur Omar Zniber, représentant permanent du Royaume du Maroc auprès de l’Office des Nations Unies à Genève et des autres organisations internationales en Suisse, a fait part de l’expérience de son pays dans le secteur de l’énergie, décrivant les politiques volontaristes adoptées par le gouvernement pour favoriser les sources d’énergie renouvelable et réduire ainsi la dépendance vis-à-vis des combustibles fossiles, faisant observer que le pays n’avait “pas d’autre choix que d’opter pour les énergies renouvelables”.
M. Gurry, qui présidait le débat, a résumé les échanges en déclarant qu’il y avait lieu d’être optimiste puisqu’il ressortait de ce débat que le secteur de l’énergie était bien plus confiant qu’on ne le pensait : “Voici ce que je retiens du débat de ce soir” a-t-il déclaré, “le secteur de l’énergie est bien plus confiant que je ne l’imaginais. Et c’est une bonne nouvelle”. “Nous pouvons espérer de belles avancées grâce à l’innovation dans le secteur de l’énergie”.
En savoir plus
- Measuring Innovation in Energy Technologies (Document de recherche économique, en anglais seulement)
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