Dua Lipa, Taylor Swift et Rihanna ont racheté les droits sur leur musique, tandis que Bruce Springsteen, David Bowie, Bob Dylan et Dr. Dre ont vendu les leurs. Mais que se passe-t-il donc?
Lorsqu’un musicien vend son catalogue, il vend en réalité les droits sur ses titres, y compris les redevances payées lorsque sa musique est consommée et utilisée. En vertu du contrat d’enregistrement, le droit d’auteur et les droits connexes sont répartis entre l’artiste et la maison de disques. Les catalogues musicaux sont traditionnellement vendus aux multinationales, comme Universal ou Sony Music. Néanmoins, depuis les années 2020, les fonds d’investissement rachètent également ces catalogues, dopant ainsi leur valeur. Si les ventes de catalogues continuent d’augmenter, des artistes tels que Dua Lipa rachètent leur propre musique et reprennent le contrôle de leurs droits.
L’assurance d’un revenu immédiat
Lorsqu’un musicien vend son catalogue, il est sûr du montant qu’il reçoit. Ses revenus ne dépendent pas de la popularité future de ses titres, ni des éventuelles crises que pourrait connaître l’industrie musicale. L’avantage pour le vendeur est de générer des revenus immédiats, qui peuvent être énormes selon la popularité des titres vendus.
Comme dans l’immobilier, certains moments sont meilleurs que d’autres pour vendre. Pendant la crise de la COVID-19, les artistes qui ne généraient pas de revenus en raison de l’annulation de leur tournée ont eu tout intérêt à vendre, afin de bénéficier de l’augmentation de la valeur de leur catalogue due à l’intérêt des investisseurs. En 2020, Bob Dylan a vendu à Universal une partie de ses droits sur plus de 600 chansons, pour un montant estimé à plusieurs centaines de millions de dollars. Depuis, Bruce Springsteen, Tina Turner, Dr. Dre et même Justin Bieber ont fait de même. Dans le système du droit d’auteur, les personnes qui détiennent les droits sur une œuvre de création en conservent le contrôle pendant une période pouvant aller jusqu’à 70 ans après la mort du créateur original, selon le pays. En vendant de son vivant, le créateur est assuré de profiter de suite d’un revenu escompté pour l’avenir.
Dans ce contexte, pourquoi certains musiciens rachètent-ils leurs propres catalogues?
Les artistes reprennent le contrôle sur leurs droits et leurs revenus
L’intérêt pour les musiciens de racheter leurs catalogues n’est pas seulement financier. Lorsque les artistes sont propriétaires de leur musique, ils ont le pouvoir de décider de l’utilisation de leur œuvre et ont leur mot à dire sur toutes les questions de direction artistique pendant l’enregistrement.
Il y a près de 20 ans, Jay-Z a acheté les droits sur ses œuvres. Depuis lors, d’autres artistes ont suivi, notamment Rihanna en 2016, Zara Larsson en 2022 et Dua Lipa en 2023. Lorsque l’ancien label de Taylor Swift a vendu ses six premiers albums sans son accord, elle a réenregistré ces albums et est devenue propriétaire des nouvelles versions, qui sont rapidement devenues plus populaires que les originaux sur les plateformes de diffusion en continu. Elle a depuis accepté de signer avec un nouveau label, à condition de rester propriétaire de tous les enregistrements futurs.
L’histoire de Taylor Swift a été rendue célèbre grâce aux réseaux sociaux et aux médias, qui font rapidement circuler l’information. En réponse à ce phénomène, les principales maisons de disque ont intégré de nouvelles clauses dans les contrats, stipulant que les artistes ne peuvent pas réenregistrer leurs titres pendant une période pouvant aller jusqu’à 30 ans.
La diffusion de l’information dans l’intérêt des artistes
Les artistes étant de plus en plus conscients de leurs droits, un nombre accru de maisons d’édition proposent des contrats en vertu desquels elles ne sont plus propriétaires des enregistrements, mais détiennent des licences exclusives sur ceux-ci. Elles peuvent également rester propriétaires des enregistrements pendant un certain nombre d’années avant que l’artiste ne reprenne le contrôle de ses droits. Kylie Minogue, par exemple, a passé un accord de ce type, selon lequel la propriété des enregistrements lui revient après un certain nombre d’années.
Aujourd’hui, les musiciens peuvent mieux connaître et comprendre leurs droits. L’Organisation Mondiale de la Propriété Intellectuelle et la Music Rights Awareness Foundation ont créé une plateforme en ligne gratuite, la plateforme CLIP, pour aider les créateurs à s’informer sur leurs droits de propriété intellectuelle. Pour en savoir plus, cliquez sur le lien goclip.org.