La phytothérapie pour soigner les patients souffrant d’affections oculaires au Viet Nam
La doctoresse Pham Thi Thu Ha, une clinicienne vietnamienne, soigne les patients souffrant d’affections oculaires spécifiques à l’aide de remèdes à boire à base de plantes. La doctoresse Ha, qui est également chercheuse, travaille à la mise au point de nouvelles formules de ses traitements sous forme de comprimés en vue de leur commercialisation à l’étranger.
Son intérêt pour les plantes médicinales traditionnelles a commencé dès son plus jeune âge. “J’ai commencé l’école quand j’avais cinq ans, et lorsque j’ai atteint 10 ans, en sixième année (collège), j’avais déjà commencé à me spécialiser en biologie pour étudier les caractéristiques biologiques des plantes”, raconte-t-elle. Elle a étudié à l’Académie de médecine traditionnelle du Viet Nam et obtenu le titre de docteur en médecine traditionnelle.
Elle s’intéresse principalement aux affections oculaires. Après des années de recherche, elle a fondé Son Ha Pharmaceutical Oriental Medicine en 2017, créant une clinique spécialisée dans les affections telles que le strabisme, le ptôsis (paupière tombante), la diplopie, la presbytie et l’exophtalmie (yeux exorbités).
Elle traite ces affections à l’aide de combinaisons adaptées de décoctions de plantes vietnamiennes sous forme de potions préparées à la clinique. Elle explique que la clinique exerce ses activités dans le cadre des licences nécessaires et respecte le droit vietnamien. Les traitements proposés par Son Ha Pharmaceutical Oriental Medicine ne sont pas considérés comme des médicaments; ils sont prescrits uniquement aux patients de la clinique et ne sont pas produits en masse.
Elle précise que les remèdes de la médecine traditionnelle “visent à rétablir la santé des nerfs et des muscles depuis l’intérieur du corps”. Son Ha Pharmaceutical Oriental Medicine combine l’acuponcture, la digitopuncture et la médication pour soigner des affections oculaires données.
Renforcement des capacités de l’OMPI
La doctoresse Ha a participé à des sessions de renforcement des capacités de l’OMPI en matière de propriété intellectuelle et a trouvé le programme utile, déclarant qu’il lui avait apporté des informations précieuses sur la propriété intellectuelle et sur la manière de protéger ses inventions. Elle hésite à faire breveter ses produits, car elle craint de divulguer ses formules, et préfère s’en remettre aux secrets d’affaires. Elle a également déposé une demande de marque il y a un an.
Elle espère recevoir d’autres conseils de l’OMPI sur les secrets d’affaires et la stratégie en matière de marques.
Restaurer le yin et le yang, le qi et l’équilibre sanguin
“L’essence de la médecine traditionnelle consiste à restaurer le yin et le yang, le qi et l’équilibre sanguin”, explique la doctoresse Ha. “Lorsque le corps est en équilibre, il n’y a pas de maladie. Les maladies apparaissent uniquement lorsqu’il y a un déséquilibre du yin et du yang, du qi et du sang ainsi que des organes.”
Elle fait observer que selon le concept de ce qu’elle appelle la “médecine orientale”, l’œil peut être divisé en cinq parties qui correspondent au cinq sens (la vue, l’odorat, le toucher, l’ouïe et le goût) et sont reliées aux cinq organes (le cœur, le foie, les reins, le cerveau et les poumons). “C’est pourquoi nous traitons les yeux en rétablissant l’équilibre du corps à l’aide de médicaments.”
S’appuyant sur ce même concept, elle indique que la médecine orientale peut traiter avec succès de nombreuses maladies, telles que celles liées aux muscles, aux os, aux articulations et aux lésions nerveuses, y compris la paralysie de certains nerfs crâniens. En outre, selon la doctoresse Ha, la médecine orientale peut également traiter les troubles métaboliques du foie, des reins et des voies urinaires, ainsi que des affections telles que les maux de tête, l’insomnie et la dépression.
Éviter la chirurgie pour les affections oculaires, mais faire preuve de patience
Selon la doctoresse Ha, elle est le seul médecin du Viet Nam, voire du monde entier, à traiter les affections oculaires à l’aide de la phytothérapie. L’approche la plus courante pour des affections telles que le ptôsis, le strabisme et la diplopie (vision double) est la chirurgie, en raison de l’absence de traitements spécifiques pour ces affections et de la méconnaissance des solutions offertes par la médecine orientale.
La doctoresse Ha associe la médecine orientale à l’acupuncture pour activer les nerfs externes. Dans certains cas, elle complète ces méthodes par de la vapeur d’herbes, l’application d’herbes médicinales sur la peau et des exercices spécifiques pour les yeux afin d’obtenir une efficacité optimale du traitement.
Dong y Son Ha fabrique tous les traitements oculaires prescrits par la doctoresse Ha et ils ne sont disponibles qu’à la clinique.
Elle précise que depuis 2017, elle a guéri plusieurs milliers de patients, principalement originaires du Viet Nam.
Selon elle, les patients traités par la médecine orientale ne guérissent pas aussi rapidement que ceux traités par la médecine occidentale. “La médecine orientale prend du temps, et les patients doivent donc se montrer persévérants, car la capacité de chaque personne à assimiler le médicament varie et il en va de même du processus de guérison.” Elle ajoute que la durée du traitement pour les patients est généralement de 12 à 60 jours et que 97% des patients soignés ne font pas de rechute.
La doctoresse Ha propose également des consultations en ligne et envoie des médicaments par courrier aux patients. Les consultations en ligne lui ont permis de traiter de nombreux patients pendant la COVID-19 et le confinement. Elle ajoute que les consultations sont également accessibles aux patients qui ne peuvent pas se rendre à la clinique, à ceux qui vivent à l’étranger ou à ceux qui ont des contraintes de temps.
Dans les cinq prochaines années, son objectif est de lancer la production de comprimés pour ses traitements afin de les rendre accessibles dans le monde entier, en particulier pour le ptôsis.
Autres traitements à base de plantes
Outre les traitements oculaires, Dong y Son Ha produit également diverses associations de plantes, notamment des solutions d’hygiène pour aider à prévenir et à traiter les infections vaginales et génitales chez les hommes et les femmes, ainsi qu’un sirop tonique pour soulager les toux intenses. Ces produits sont fabriqués et commercialisés par une société partenaire, Fresh Life Pharmaceutical Joint Stock Company. L’institut de recherche des industries alimentaires du Viet Nam fabrique un produit dénommé Xa Lien Thao, des sachets de thé contenant une combinaison de plantes médicinales vietnamiennes pour désintoxiquer le corps, une formule mise au point par la doctoresse Ha. Elle précise que les produits fabriqués par ces entreprises sont munis d’un code-barres et font l’objet d’une licence conformément à la loi vietnamienne.
Les agriculteurs indispensables à la production des plantes
Les plantes médicinales utilisées par Son Ha Pharmaceutical Oriental Medicine proviennent de différentes régions du Viet Nam, étant donné que chaque région présente des caractéristiques géographiques et climatiques adaptées à des plantes données. L’entreprise collabore avec de nombreux agriculteurs de différentes régions afin qu’ils cultivent les plantes médicinales sur leurs terres. Son Ha Pharmaceutical Oriental Medicine travaille également avec l’Institut national des matières médicinales de Sapa pour mettre en place des zones de plantation dédiées à des plantes particulières.