Innover en matière de santé mondiale : aperçu des différentes séances lors de l’Assemblée mondiale de la Santé 2024

Juin 2024

Les événements organisés en marge de l’Assemblée mondiale de la Santé 2024 ont permis de présenter des innovations révolutionnaires et des efforts de collaboration visant à relever les défis urgents en matière de santé mondiale. Durant la semaine du 27 au 31 mai, plus d’une centaine d’événements ont été organisés par des gouvernements, des entreprises, des ONG, des universités et des partenaires du développement à Genève pour discuter des priorités mondiales en matière de santé, dont un grand nombre concerne l’innovation dans ce secteur.

Les séances ont rassemblé des experts et des parties prenantes de divers domaines pour échanger sur les défis émergents et les innovations en matière de santé mondiale, y compris les données d’expérience des pays, notamment dans la lutte contre les maladies non transmissibles, la résistance aux antimicrobiens, la production locale, la FemTech, le numérique et l’IA au service de la santé. Le rôle important de l’innovation, du processus décisionnel fondé sur les données, des partenariats public-privé et de la recherche inclusive s’agissant de faciliter les progrès en matière de santé mondiale a été souligné. Sania Nishtar, nouvelle directrice exécutive de Gavi, l’Alliance du Vaccin, et David Reddy, nouveau directeur général de l’IFPMA, nous ont également fait part de leur vision de l’avenir.

Vous trouverez ci-dessous une présentation de quelques-uns des nombreux événements organisés en marge de l’Assemblée mondiale de la Santé 2024 et portant sur l’innovation dans le secteur de la santé.

La Deep Tech au service de la santé mondiale

Un atelier du CERN organisé dans le cadre du Global Health Forum portait sur les possibilités d’utiliser les connaissances en physique des particules pour mettre au point des solutions dans le domaine des soins de santé. Le CERN, Organisation européenne pour la recherche nucléaire, a présenté ses contributions au traitement du cancer, aux radiographies couleur en 3D et aux progrès de la santé numérique. Il a souligné son rôle de “courtier du savoir” qui met en relation des parties prenantes aux fins du transfert de technologie et cherche à créer des partenariats pour de nouveaux projets de développement. L’atelier a réuni divers participants, dont l’unité de santé pour les migrants des Hôpitaux universitaires de Genève et des organisations telles que Médecins sans frontières, qui proposent des produits médicaux innovants et accessibles, comme des technologies pour la gestion du diabète.

Innovations numériques pour la détection de la tuberculose

Un événement organisé en marge de l’Assemblée mondiale de la Santé a mis en lumière le potentiel des systèmes de radiographie numérique pour la détection précoce de la tuberculose. Ces dispositifs ultraportables sont capables de contrôler les patients, d’analyser les images à l’aide de l’IA en quelques minutes et de détecter non seulement la tuberculose, mais aussi d’autres maladies comme le cancer et la COVID-19. Cependant, permettre un accès plus large à cette technologie prometteuse reste un défi. Les responsables de la santé de pays où la prévalence de la tuberculose est élevée, comme les Philippines, le Pakistan et le Nigéria, ont souligné la nécessité d’une collaboration entre les gouvernements et le secteur privé pour y remédier. Naomi Wanjiru, qui a survécu à la tuberculose, a souligné l’importance d’un diagnostic précoce et le potentiel de la santé numérique pour surmonter les obstacles à l’accès aux soins.

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(Image : wangyangcn/E+/GettyImages)

Des vaccins pour un monde sans résistance aux antimicrobiens

L’International Vaccine Institute (IVI) a organisé une séance sur le rôle des vaccins dans la lutte contre la résistance aux antimicrobiens dans les pays à revenu faible et intermédiaire. Les intervenants ont souligné l’importance des vaccins existants et des nouveaux vaccins dans ce domaine. Le ministre éthiopien de la santé a fait état des progrès réalisés dans la mise au point et la production locale de vaccins, tandis que la Suède a présenté les efforts qu’elle déploie à long terme pour lutter contre la résistance aux antibiotiques. Les débats ont mis en évidence la nécessité d’une collaboration intersectorielle, d’un renforcement des cadres réglementaires et d’un investissement dans la collecte de données pour orienter la mise au point et la mise en œuvre des vaccins.

Découvrez l’entretien accordé à l’OMPI par Soumyo Mukherji, professeur titulaire de la chaire Madhuri Sinha d’ingénierie biomédicale à l’Institut indien de technologie de Bombay (IITB) et innovateur de premier plan dans le domaine des biocapteurs et de la bio-instrumentation, sur la propriété intellectuelle et la résistance aux antimicrobiens.

Lire l’entretien

L’hémisphère Sud ouvre la voie dans le cadre de l’initiative “Une seule santé”

Un autre débat a porté sur le rôle des pays du Sud en tant que moteur de la promotion de l’innovation dans le cadre de l’approche “Une seule santé”, qui intègre la santé humaine, animale et environnementale pour prévenir les pandémies. Les intervenants ont noté que les discussions sur l’initiative “Une seule santé” portent essentiellement sur les maladies zoonotiques. Pour être efficaces, les interventions doivent s’appuyer sur la participation des communautés et sur des solutions spécifiques à chaque contexte, qui tiennent compte des modes de consommation locaux et des interactions entre l’homme, l’animal et le bétail. Les partenariats public-privé et les innovations du secteur privé en matière d’échantillonnage et de surveillance ont été jugés essentiels pour faire progresser l’initiative “Une seule santé”. Le débat a fait apparaître que, pour relever les défis de l’initiative “Une seule santé”, il faut non seulement des solutions techniques, mais également une volonté politique et la collaboration de toutes les parties prenantes.

Améliorer l’équité en matière de santé grâce à l’innovation

Lors d’une séance consacrée à Devex CheckUp sur l’amélioration de l’équité en matière de santé grâce à l’innovation, les participants ont souligné que l’innovation dans le domaine de la santé n’exigeait pas toujours des solutions de haute technologie. La séance a permis de reconnaître le rôle important que peuvent jouer les solutions de haute technologie dans les pays en développement, à condition d’être adaptées au contexte local et aux aspects environnementaux. Les principaux obstacles à l’innovation dans le domaine de la santé qui ont été identifiés sont le manque de volonté politique, de financement, d’infrastructure et de participation du secteur privé.

(Image : sanjeri/E+/GettyImages)

Soutenir le secteur en plein essor de l’innovation dans le domaine de la santé en Afrique

Une autre discussion importante lors la séance consacrée à Devex CheckUp a porté sur l’appui à apporter au secteur en plein essor de l’innovation dans le domaine de la santé en Afrique. Les participants ont souligné l’importance de la création d’une infrastructure pour analyser les systèmes de santé partout en Afrique. La séance a porté sur la difficulté à obtenir des investissements de la part de grandes entreprises et les complications résultant des financements provenant de donateurs, qui sont souvent assortis de clauses restrictives. Les start-up locales ont beaucoup de mal à obtenir la certification de l’OMS concernant l’efficacité, la qualité et la sécurité en raison de délais trop longs, ce qui pousse certaines d’entre elles à se tourner vers le secteur privé où les exigences sont moins contraignantes et les opportunités commerciales plus sûres.

Priorité à l’innovation

Les événements en marge de l’Assemblée mondiale de la Santé 2024 ont mis en évidence le rôle essentiel de l’innovation et de la collaboration s’agissant de relever les défis mondiaux en matière de santé. Qu’il s’agisse de l’application de la physique des particules par le CERN aux solutions de santé, de l’utilisation de systèmes de radiographie numérique pour la détection de la tuberculose ou de la mise au point de vaccins pour lutter contre la résistance aux antimicrobiens, les progrès technologiques permettent d’améliorer considérablement les résultats en matière de santé. Les débats ont également fait ressortir l’importance d’un processus décisionnel fondé sur des données, de partenariats public-privé et d’une recherche inclusive tenant compte des disparités entre les hommes et les femmes et des contextes locaux.

Rôle de l’OMPI

En sa qualité d’institution spécialisée du système des Nations Unies pour les questions de propriété intellectuelle et d’innovation, l’OMPI joue un rôle clé dans la promotion de l’innovation et l’accès aux progrès qui en résultent.

L’unité chargée de la santé mondiale à l’OMPI met en œuvre des activités et conclut des partenariats démontrant la contribution apportée par la propriété intellectuelle et l’innovation à la résolution des problèmes de santé dans le monde. Grâce à des partenariats et projets stratégiques, les travaux de l’unité montrent que la propriété intellectuelle favorise à la fois l’innovation et l’accès aux technologies de la santé et que le maintien d’un système mondial de propriété intellectuelle équilibré peut contribuer à un écosystème d’innovation garantissant l’accès généralisé aux technologies de la santé.

L’unité chargée de la santé mondiale appuie les travaux en cours de l’initiative “Une seule santé”, en encourageant les discussions sur les licences volontaires et en soutenant les jeunes innovateurs des pays à revenu faible ou intermédiaire grâce à la bourse d’innovation en matière de santé mondiale.