L’utilisation du droit d’auteur pour le développement au Nigéria : BBC World Trust
M. Akim Mogaji, directeur de création du BBC World Service Trust, Nigéria, a été au nombre des représentants de l’industrie et de la société civile qui, en marge de la réunion en février du Comité provisoire sur les propositions relatives à un plan d’action de l’OMPI, ont parlé de l’u tilisation de la propriété intellectuelle au service du développement.
Le BBC World Service Trust est une organisation de développement internationale qui aide les étudiants dans les pays en développement à créer des programmes de radio et de télévision dont l’o bjet est d’améliorer la qualité de la vie en conjuguant l’enseignement et les loisirs. M. Mogaji par exemple dirige la série radio nigériane extrêmement populaire Story Story, qui traite de la pauvreté, de la gouvernance et du VIH/SIDA en décrivant sous la forme d’un feuilleton la vie de ses personnages. C’est il y a six ans que le Trust a sollicité les services de M. Mogaji pour l’aider à réaliser un projet de sensibilisation du public aux droits de l’homme au Kenya, au Brésil, au Nigéria et au Mexique. À la première projection à Genève de son documentaire, Wetin Day, M. Mogaji a parlé de l’importance du droit d’auteur pour créer dans les pays en développement des compagnies de cinéma et de media viables. On trouvera ci-dessous les commentaires extraits de notre entretien avec M. Mogaji après la projection.
" Voices, notre principal projet depuis 2003, enseigne à des diffuseurs à acquérir différentes compétences et à produire des programmes. Nous espérons que, lorsque nous partirons dans 2, 4 ou 5 ans, nous laisserons derrière nous une unité de production autonome. Nous espérons par ailleurs que ceux que nous avons formés deviendront à leur tour des formateurs pour l’industrie - et nous espérons la transformer de cette façon. En fin de compte, il faut qu’elle soit une entreprise commerciale et, pour ce faire, vous devez avoir placé un droit d’auteur qui fera revenir l’argent. Nous ciblons les jeunes pour qu’ils sensibilisent les étudiants à l’importance du droit d’auteur avant qu’ils n’accèdent à l’i ndustrie.
"Nous aimerions nous voir comme un projet de la diaspora et nous essayons de faire revenir autant de gens que possible au Nigéria pour y former des Nigérians. Quelques-unes des personnes les plus brillantes et les plus compétentes dans les industries de la planète, au Royaume-Uni, aux États-Unis d’Amérique et en France notamment, sont des Nigérians ou certainement des Africains. Il y a eu au Nigéria un exode de cerveaux massif et cet exode se poursuit. Il faut l’inverser si nous voulons que le Nigéria rajeunisse.
"Il y a un lien entre d’une part la bonne protection et la bonne application des droits d’auteur et, d’autre part, la nécessité de faire revenir les Nigérians au pays en les y intéressant. Si tout est en place, ils gagneraient de l’argent et créeraient une nouvelle industrie. Le Nigéria nécessite une nouvelle industrie. L’Afrique a besoin de ses propres médias pour pouvoir se faire entendre, se montrer au reste du monde et, surtout, se révéler.
"Aujourd’hui, le droit d’auteur ne joue qu’un très petit rôle dans ‘Nollywood’, l’industrie cinématographique nigériane. Peu après la sortie des films - sur vidéo et non pas sur pellicule - ils sont copiés et elle n’en tire aucun revenu. Les vendeurs récupèrent l’argent qu’ils ont consacré à leurs dépenses initiales pour faire tourner le film alors que les réalisateurs et les créateurs eux ne reçoivent rien. La loi ne sert à rien aussi longtemps qu’elle n’est pas appliquée. C’est une préoccupation pour ceux d’entre nous qui travaillons pour créer une industrie créatrice viable au Nigéria.
"Pourquoi cette formation? Pour améliorer la qualité du produit. Faites un produit de qualité et votre public l’appréciera car il se rendra compte que cela vaut la peine de le payer. Mais nous devons être réalistes. Le Nigéria est un pays de quelque 140 millions d’habitants dont 90 millions vivent avec un dollar ou moins par jour. Nous disons aux producteurs qu’ils doivent fixer des prix réalistes s’ils veulent que leurs œuvres soient respectées. Je crois que nous devons ici apprendre les uns des autres".
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