Prix INDEX – le pont de Maosi
"Classiquement, l’architecture d’un pont doit résoudre les problèmes de la portée, de la situation et de la charge d’une manière aussi élégante que possible. Le pont [de Maosi] est modeste et morcelé, mais il répond brillamment aux exigences de la situation. C’est un merveilleux exemple de ce qu’une réflexion architecturale et conceptuelle inventive arrive à produire : un ouvrage à la fois esthétique et socialement utile." – Commentaire du jury décernant le prix international 2006 du Royal Institute of British Architects
Parmi les principaux candidats à un prix INDEX Design for Life de cette année figure un ouvrage extraordinaire construit dans la province éloignée de Gansu, au nord-ouest de la Chine. Qu’est-ce qui le rend extraordinaire? Ce n’est ni de la haute technologie, ni une grande œuvre d’art; il se distingue par l’harmonie entre les principes qui ont présidé à sa conception et à sa construction et les besoins de la communauté qu’il dessert.
La rivière Po traverse en son milieu le village de Maosi, qu’elle coupe en deux. L’ancien pont de bois était toujours emporté par les pluies de mousson et les habitants du village devaient le reconstruire chaque automne. Sa surface étroite et glissante était dangereuse pour les 200 enfants qui devaient traverser la rivière plusieurs fois par jour pour aller à l’école et en revenir. Les accidents étaient fréquents; une mère et son enfant avaient trouvé la mort, emportés par les flots.
Le professeur Edward Ng Yan-ynug, de la Faculté d’architecture de l’Université chinoise de Hong Kong (CUHK) passa un jour dans ce village; il voulut relever le défi de concevoir une solution peu onéreuse, simple et facile à entretenir par les villageois. Il réunit des architectes, des ingénieurs, des non-spécialistes et des étudiants pour faire germer les idées. Deux années de recherches et de plans ont abouti au Wu Zhi Qiao (pont éternel), long de 80 mètres.
Plutôt que d’essayer de conquérir la nature par une structure massive, l’équipe a construit des piliers sans fondation, d’une forme étudiée pour minimiser la résistance à l’eau et suffisamment lourds pour ne pas être emportés par le courant. Le pont a été en grande partie construit à la main par les habitants du village, avec l’utilisation systématique de matériaux naturels locaux tels que la pierre et le bambou. Il est composé de segments munis de poignées : si un segment se détache, six personnes peuvent le remettre en place. Les plates-formes de bois reposant sur les piliers sont disposées en quinconce. Cela interdit l’accès du point aux véhicules lourds et constitue un avantage supplémentaire selon la croyance traditionnelle chinoise voulant que les mauvais esprits ne sachent pas tourner à droite ni à gauche. "Après 20 ans, je peux maintenant à nouveau aller à pied voir mes amis sur l’autre rive", disait un vieil homme aux bâtisseurs du pont.
Le nouveau pont a survécu aux crues depuis déjà 15 mois, et les plates-formes de bambou ont gagné en solidité du fait qu’elles ont été recouvertes de boue. Le projet a remporté trois grands prix d’architecture, dont celui du Royal Institute of British Architects (RIBA). Encouragée par le succès, l’équipe s’est lancée dans un autre projet de construction de pont dans un village tibétain du Sichuan. Le professeur Ng espère que cela inspirera aux jeunes du village eux-mêmes l’idée de construire encore d’autres ponts, pour atteindre d’autres communautés.
Elizabeth March, Rédaction, WIPO Magazine, Division des communications et de la sensibilisation du public
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