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Caméra, action, droit d’auteur

Juin 2007

“Il ne s’agit pas seulement d’économie : le rêve y a aussi sa place.” - M. Ajay Dua, du Ministère indien du commerce et de l’industrie

Alors que les vedettes et les meilleurs réalisateurs mettent les paparazzis dans tous leurs états ce mois-ci au soixantième Festival de Cannes, l’industrie cinématographique est au summum du pouvoir de fascination. On ne pourra jamais en dire autant du droit d’auteur. Mais le clinquant et les films à succès masquent la fondation solide que représentent le droit d’auteur et les droits connexes, c’est-à-dire ce qui permet aux cinéastes de rentabiliser leur investissement et à l’industrie cinématographique d’être prospère.

Et prospère, elle l’est bien. En Inde, cette industrie, qui représente 85 milliards de roupies (2 milliards de dollars), devrait croître au taux équivalent annuel de 16% au cours des cinq prochaines années1. Aux États-Unis, l’industrie du cinéma et de la télévision a fait travailler plus de 1,3 million de personnes en 20052. Les superproductions sud-coréennes, qui ont dépassé les 10 millions de billets vendus3, ont contribué à l’explosion de la culture populaire “Kim Chic” dans la région. La production de films est florissante au Maroc et en Iran. Et beaucoup d’autres pays sont sur les rangs ...

Un film est l’exemple même de l’œuvre réalisée en collaboration. Entre l’idée originale et la fin du montage, un cinéaste investit dans les œuvres de beaucoup d’autres créateurs - scénaristes, compositeurs de chansons, paroliers et compositeurs de musiques de films, cybernographistes, décorateurs et costumiers - sans parler des artistes interprètes ou exécutants. Il faut prévoir des contrats définissant la propriété et l’utilisation des multiples éléments de créativité afin de protéger les intérêts de toutes les personnes concernées, d’éviter des litiges coûteux, de faciliter le financement et la distribution et de se protéger contre la copie illicite. 

Menace

Voilà le hic. Les progrès étourdissants de la technologie numérique s’avèrent être tout à la fois une manne et un fléau pour l’industrie cinématographique. La vidéo n’a pas tué le cinéma, comme le redoutaient les studios de cinéma des années 80 (voir Le magnétoscope… 50 ans après, Magazine de l’OMPI n° 6/2006), mais l’ampleur atteinte aujourd’hui par le piratage numérique est communément considérée comme la plus grave menace pour ceux que cette industrie fait vivre. Les dispositifs techniques de protection, tels que la gestion numérique des droits, ont montré qu’ils n’offraient pas une panacée et les associations créées dans ce secteur dans les pays développés comme dans les pays en développement réclament un renforcement de la législation sur le droit d’auteur et la mise en place de mécanismes d’application des droits plus efficaces.  

Nous consacrons un article, Débusquer le piratage : Les aventures de Flo et Lucky, à une approche de l’application d’un genre nouveau que le gouvernement malaisien met en œuvre en coopération avec la Motion Picture Association. Parallèlement, le gouvernement et les associations cinématographiques continuent d’organiser des campagnes de sensibilisation articulées autour de divers types de messages visant à dissuader les consommateurs d’acheter des DVD piratés. La dernière initiative antipiratage en date, qui a coûté des millions de livres sterling, lancée par l’Industry Trust for IP Awareness Trust au Royaume-Uni, où près d’une personne sur trois regarderait des contenus illégaux, rompt avec les messages antérieurs qui étaient focalisés sur l’application des droits et sur le caractère criminel de l’activité des pirates. Cette campagne, en effet, se donne pour objectif de déconsidérer la consommation de marchandises piratées en tournant en dérision les “Knock-off Nigels”, c’est-à-dire les individus qui évitent de payer une tournée au pub, donnent à leur petite amie une montre de contrefaçon et achètent des DVD piratés. 

La parole est aux parties prenantes

Les activités de sensibilisation du public que l’OMPI mène de son côté dans ce domaine entendent donner la parole aux créateurs et aux parties prenantes. Dans les entretiens qui suivent, un producteur de cinéma indien et une personnalité de marque de l’industrie cinématographique nigériane martèlent le message suivant lequel, si la propriété intellectuelle encourage la créativité, les déficiences de l’application ne font que décourager les créateurs et mettre à mal le potentiel économique des industries de création. 

Articles sur des sujets connexes figurant dans des numéros antérieurs :

  • L’Afrique s’anime : L’histoire de Pictoon au Sénégal, septembre/octobre 2005
  • Quand Shakespeare rencontre Bollywood : la propriété intellectuelle mise en scène à Delhi, novembre/décembre 2005
  • L’industrie cinématographique florissante de l’Argentine, mai/juin 2005 
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1. FICCI - Rapport annuel 2007 de PricewaterhouseCoopers sur l’industrie indienne du spectacle et des médias.
2. Rapport 2006 de la MPAA, The Economic Impact of the Motion Picture and Television Production Industry on the United States.
3. Conseil cinématographique coréen, Rapport succinct sur l’industrie cinématographique coréenne en 2006.

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