Soixante ans de Wham-O
“ Si on nous demandait, à Spud et moi, de dire ce que nous avons apporté, nous dirions que c’est de la joie.” – Richard Knerr et Spud Melin. (Photos de Wham-O)
Si on les compare à des découvertes telles que le vaccin contre la poliomyélite ou l’Internet, les innovations de la société de jeux Wham-O sont loin de faire le poids.
Mais cela ne veut pas dire qu’elles n’ont pas leur place dans l’histoire. Que ce soit le Hula Hoop, l’arrosoir Water Wiggly, la glissoire Slip’n’ Slide, le SuperBall ou le Frisbee, elles resteront toutes inscrites à juste titre dans les annales comme des produits qui, sans sauver de vies ni être révolutionnaires ou même indispensables, ont connu un succès extraordinaire parce qu’ils ont su faire le bonheur de millions de personnes à travers le monde.
La carrière de Richard Knerr, fondateur en 1948, avec son associé Arthur “Spud” Melin, de la société Wham-O et qui s’est éteint le mois dernier à Arcadia (Californie) à l’âge de 82 ans, témoignera à jamais du pouvoir de la créativité à embellir la vie du plus grand nombre. Le fait que les deux associés aient marqué la culture populaire de leur empreinte pendant tant d’années est tout aussi remarquable.
Le Hula-Hoop s’est vendu à 100 millions d’exemplaires en deux ans. Il ne fut jamais brevetable, mais l’engouement qu’il suscitait entretenait le tourbillon des dollars.
Knerr et Melin ont découvert ce qui devait devenir le Hula Hoop lorsqu’un ami australien en visite en Californie leur fit une démonstration d’un cerceau de bois utilisé en gymnastique par les écoliers de son pays. Devinant le potentiel commercial de l’objet, ils s’en inspirèrent pour fabriquer un cercle en tube de plastique de couleur vive, à l’intérieur duquel ils ajoutèrent des billes qui produisaient un son au rythme des déhanchements nécessaires pour le maintenir au niveau de la taille des joueurs. Ils en vendirent 40 millions en 1958. En 1960, les ventes mondiales avaient atteint 100 millions d’exemplaires, un record absolu, à l’époque, dans l’industrie du jouet.
Tocades
Le Hula Hoop fut peut-être la première mode à être lancée par le nouveau médium qu’était alors la télévision. Comme le dit l’historien social Richard A. Johnson dans son livre sur les engouements de l’Amérique intitulé American Fads, il est “l’aune à laquelle sont mesurées toutes les tocades nationales”. Et il est de fait que si un livre ou un film voulait dépeindre le climat des premières années de la guerre froide, il y aurait autant de chances qu’il le fasse en montrant un groupe d’adeptes du Hula Hoop occupé à onduler des hanches, les yeux pleins d’étoiles, que l’image d’une autre innovation, autrement plus menaçante, de l’époque, le nuage en forme de champignon.
Knerr et Melin (décédé en 2002) étaient non seulement des inventeurs, mais aussi des réinventeurs. Alors que la folie du Hula Hoop commençait à perdre de sa vigueur, vers la fin de la décennie, ils tombèrent sur le “disque de Pluton”, une sorte d’assiette volante que son inventeur Walter Frederick Morrison vendait dans sa voiture le long de la côte californienne. Wham-O lui racheta ses droits, modifia le disque afin de lui conférer plus de portance et un comportement de soucoupe volante, et le rebaptisa Frisbee. Depuis, l’objet a fait le bonheur de générations d’étudiants… et de chiens et inspiré un certain nombre de sports de compétition, dont plusieurs inventés par Wham-O.
Si le logo rouge et blanc de la société Wham-O est devenu – du moins dans l’esprit des jeunes garçons, qui constituent sa principale clientèle – le symbole de ce qui se fait de mieux en termes de qualité et d’innovation, Knerr et Melin n’étaient pas complètement à l’abri des erreurs de jugement. Leur “poisson instantané” (il suffisait d’ajouter de l’eau) coula à pic lorsque les œufs déshydratés importés d’Afrique refusèrent d’éclore. Leur tentative de capitaliser sur une autre lubie du début des années 60 – la peur de l’anéantissement nucléaire – connut le même sort, le public ayant fait peu de cas de leur nécessaire pour abri antiatomique à monter soi-même, qui coûtait tout de même la bagatelle de 119 dollars.
Tous deux possédaient toutefois cette rare combinaison d’inventivité, de créativité et d’audace qui est souvent l’ingrédient indispensable pour que l’inspiration puisse donner lieu à un produit tangible et à un succès commercial. Knerr a plus d’une fois attribué les réussites de la société Wham-O au fait qu’elle a toujours constitué un environnement favorable à l’éclosion des idées et à l’esprit d’entreprise. “Si on nous demandait, à Spud et moi, de dire ce que nous avons apporté, nous dirions que c’est de la joie, a-t-il déclaré au Los Angeles Times en 1994, mais c’est surtout ce pays qui nous a donné l’occasion de le faire.”
John Tarpey, OMPI, Division des communications et de la sensibilisation du public.
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