Bienvenue dans le domaine public
Par Miriam Phillips
Cette année, les pays dans lesquels les œuvres sont protégées pendant 70 ans après le décès de leur auteur accueillent dans le domaine public une véritable moisson d’œuvres littéraires, artistiques et musicales dont les auteurs sont décédés en 1937. Miriam Phillips, étudiante en musique à l’université de Cambridge, au Royaume-Uni, en a choisi quelques-uns pour le blogue IPKat.
Jean de Brunhoff manifeste très jeune un grand amour des livres. Voulant devenir artiste, il fait toutefois des études de peinture, à l’Académie de La Grande Chaumière. Devenu père de deux garçons, il invente pour eux, et ensuite avec leur participation, l’histoire d’un petit éléphant qu’il illustre de ses dessins et finit par publier. Ce premier album sera suivi de six autres, dans lesquels sont relatés la naissance de Babar, la perte de sa mère, son voyage à la ville, son éducation, son retour chez lui, son mariage, son couronnement, la naissance de ses enfants et le développement de son royaume. Après le décès prématuré de Jean de Brunhoff à l’âge de 38 ans, son fils aîné Laurent reprendra la série et la portera à la cinquantaine de livres de Babar qui existent encore aujourd’hui.
Sir James Matthew Barrie (1860-1937)
Né en Écosse et fils de famille nombreuse, JM Barrie acquiert le goût des contes et des romans d’aventures de sa mère, qui lui en lit chaque soir. Il quitte son village à l’âge de 13 ans pour aller poursuivre ses études. Il publie en 1888 son premier succès, Idylles du temps jadis, un recueil plein d’esprit de courtes histoires sur la vie en Écosse. Après avoir adapté à la scène son roman Le petit ministre, Barrie entreprend d’écrire pour le théâtre. Son livre Peter Pan ou le garçon qui ne voulait pas grandir (publié à l’origine sous le titre de Peter and Wendy) fut d’abord une pièce de théâtre dont la première a été donnée en 1904. Les personnages ont été inspirés par les histoires que Barrie racontait aux cinq enfants de son amie Sylvia Llewelyn Davies.
Don de droit d’auteur |
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En 1929, J. M. Barrie a fait don de tous ses droits sur Peter Pan à l’hôpital pour enfants Great Ormond Street de Londres. L’établissement a ainsi pu bénéficier depuis des redevances sur les ventes de livres, les représentations théâtrales et les nombreuses adaptations cinématographiques de son œuvre, ce qui lui a permis de se faire une réputation d’excellence dans le domaine de la médecine pédiatrique. Voyant arriver l’expiration du délai de protection des droits en Europe, les administrateurs de l’hôpital eurent une idée ingénieuse. Ils organisèrent un concours pour choisir un auteur qui écrirait la suite de Peter Pan et partagerait avec l’hôpital les redevances sur les ventes de son livre. Accueilli avec enthousiasme par la critique, L’Habit Rouge de Peter Pan, par Geraldine McCaughrean, a été publié en 2006. Les droits cinématographiques et télévisuels ont été vendus peu après. . |
George Gershwin (1898-1937)
Photo Carl Van Vechten
Né Jacob Gershowitz, d’une famille pauvre de juifs immigrants, George Gershwin devait devenir l’un des plus grands compositeurs américains. Ayant d’abord appris le piano en jouant à l’oreille, il commença à suivre des cours à l’âge de 12 ans. Quelques années plus tard, il avait publié sa première chanson et attiré l’attention des compositeurs de Broadway, avant de connaître un triomphe au début des années 20 avec Rhapsody in Blue. Il composa ensuite, en collaboration avec son frère parolier Ira, des comédies musicales dont la première fut Lady Be Good (1924). Gershwin a toujours écrit pour orchestre et pour piano solo. Il est reconnu internationalement, à la fois en tant que compositeur “traditionnel” et moderne.
Antonio Gramsci (1891-1937)
Antonio Gramsci a connu une enfance difficile. Son père ayant du mal à trouver du travail après avoir fait de la prison pour faux en écriture publique, les neuf membres de la famille passent plusieurs années dans la misère. Sa santé est compromise par une malformation de la colonne vertébrale. À l’université de Turin, où il étudie grâce à une bourse, il adhère au mouvement socialiste. Dès la création du Parti communiste italien, en 1921, il est élu membre du comité central, puis Secrétaire général, après un séjour d’un an à Moscou. En 1926, il est emprisonné pour s’être opposé à Mussolini, et il lui est interdit d’écrire pendant trois ans. À partir de 1929, Gramsci entreprend la rédaction de ses carnets de prison. Lorsqu’il meurt en prison, à l’âge de 46 ans, ces derniers sont au nombre de trente-trois. C’est sa belle-soeur Tatiana qui réussira à les faire sortir clandestinement de la prison et s’occupera de leur publication à Moscou.
Ahmad Javad (1892-1937)
Ahmad Javad Akhundzade est surtout connu pour être l’auteur des paroles de l’hymne national de l’Azerbaïdjan, ainsi que de nombreux poèmes. Il est devenu membre du parti Musavat en 1918, puis membre du comité central. Il était aussi dirigeant de l’union littéraire Musavat. Le régime soviétique, qui s’est toujours méfié de lui, l’a fait arrêter au début des années 20 pour activités “contre-révolutionnaires”. Il fut de nouveau arrêté quelques années plus tard pour avoir encouragé le nationalisme l’indépendance, et exécuté en octobre 1937.
Ikki Kita (1883-1937)
Attiré par les idéaux socialistes pendant ses études, le Japonais Kita rencontre un grand nombre de personnages influents de son pays. Lorsqu’éclate la révolution chinoise, en 1911, il part pour la Chine, pour aider à renverser la dynastie Qing. Mais huit ans plus tard, lorsqu’il rentre à Tokyo, il a perdu ses illusions. Fondateur, avec d’autres, de Yuzonsha, une organisation ultranationaliste, Kita troque sa philosophie socialiste contre une attitude pro-fasciste. Bien que préconisant l’unité nationale, il croit aussi que la situation nécessite un coup d’État militaire suivi de l’instauration d’un régime impérial totalitaire qui suspendra la constitution et éradiquera la corruption. Son plan de “réorganisation” prévoit également l’imposition de limites à la richesse individuelle et une réforme agraire. ;Les écrits de Kita ont joué un rôle important dans le Japon d’avant-guerre et représentent une combinaison très particulière de fascisme, de marxisme, d’agrarianisme et de militarisme.
Karol Szymanowski (1882-1937)
Le compositeur et pianiste Karol Szymanowski est issu d’une famille polonaise fortunée. Il commence à étudier la musique avec son père, puis dans une école de musique d’Elisavetgrad dirigée par Gustav Neuhaus, et enfin au Conservatoire d’État de Varsovie. Il deviendra directeur de cette institution en 1926, mais la quittera quatre ans plus tard. Les occasions de faire de la musique étant peu nombreuses sous l’occupation russe, Szymanowski trouve son inspiration dans de longs voyages à travers l’Europe, l’Amérique, l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient. Il conservera toutefois pour la musique populaire polonaise un amour profond qui se manifeste clairement dans ses compositions. En plus de ses nombreuses œuvres musicales, Szymanowski a aussi produit un recueil de poèmes et un roman.
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