Intensifier l’utilisation de la propriété intellectuelle au service du développement
L’OMPI a accueilli les 5 et 6 novembre une conférence internationale destinée à sensibiliser les donateurs au rôle crucial de la propriété intellectuelle dans le développement, à les encourager à apporter leur concours aux projets de développement en rapport avec la propriété intellectuelle et à améliorer l’accès des pays en développement, et notamment des pays les moins avancés (PMA) et des pays africains, aux subventions consacrées à ce type de projets.
Cette conférence a permis d’expliquer aux bailleurs de fonds l’importance que revêt la propriété intellectuelle pour le développement et les moyens permettant aux pays en développement d’utiliser la propriété intellectuelle pour faciliter leur développement économique, social et culturel, compte tenu en particulier des Objectifs du Millénaire pour le développement. Les trois principaux thèmes de la conférence – aide au commerce, science, technologie et innovation au service du développement et fracture numérique – ont fait l’objet d’une série de débats de haut niveau avec des décideurs de premier plan, et de présentations par un large éventail de conférenciers mettant en exergue des exemples concrets d’utilisation de la propriété intellectuelle dans les pays en développement.
L’augmentation des ventes de l’OCFCU depuis la création des marques de commerce équitable et l’enregistrement
des marques de cafés éthiopiens – Harrar, Sidamo et Yirgacheffe – lui a permis de construire des écoles et un
dispensaire. (Photos: Tadesse Meskela)
L’une de ces présentations a été faite par M. Tadesse Meskela, directeur général de l’Oromia Coffee Farmers Co-operative Union (OCFCU), en Éthiopie, qui a expliqué de quelle manière la propriété intellectuelle a été utilisée pour combattre la pauvreté, en mettant l’accent sur des questions telles que l’amélioration des conditions de vie et l’accès aux services sociaux, notamment les écoles et cliniques de santé. Depuis la création des marques de commerce équitable et l’enregistrement des marques protégeant les cafés éthiopiens – Harrar, Sidamo et Yirgacheffe (Magazine de l’OMPI 5/2007, Quand l’origine compte – Deux cafés…) – les ventes annuelles de l’OCFCU sont passées de 180 000 dollars É.-U. en 2001 à plus de 20 millions de dollars É.-U. en 2008. Ces recettes ont permis à l’OCFCU de construire des écoles et un dispensaire, et de fournir aux planteurs de café de l’eau propre ainsi qu’un entrepôt équipé des machines nécessaires au nettoyage du café.
Des boîtes de conserves et autres matériaux récupérés à travers Bamako par l’équipe de Cheick Diallo et recyclés pour devenir des modèles de meubles primés. (Photos: Cheick Diallo)
Cheick Diallo (Mali), a impressionné son auditoire en lui montrant des images des meubles primés qu’il fabrique avec des matériaux de recyclage récupérés dans les rues de Bamako. Il y a une douzaine d’années que ce dessinateur de mobilier autodidacte a ouvert son atelier. Il y emploie maintenant 12 personnes, et ses meubles sont exportés vers l’Afrique du Sud, l’Allemagne, les États-Unis d’Amérique, la France, l’Italie et le Royaume-Uni. Convaincu qu’il y a de la place sur le marché international pour des produits africains de bonne qualité, il a utilisé les médias pour faire la promotion de ses modèles. Une des rançons de son succès a été de voir apparaître sur les marchés européens des contrefaçons de ses meubles et, un peu paradoxalement, d’être accusé lui-même d’avoir copié des originaux européens. Il a été abasourdi de découvrir qu’il n’avait aucun recours, même s’il pouvait prouver que les dessins étaient de lui, étant donné que ses œuvres n’étaient pas protégées. Il s’est dit fermement convaincu du caractère indispensable de la protection des droits de propriété intellectuelle et du fait que l’Afrique avait grandement besoin d’être sensibilisée à cet égard.
La conférence était organisée dans le cadre des projets de mise en œuvre de la recommandation no 2 du Plan d’action de l’OMPI pour le développement. Elle a marqué une première étape importante dans l’établissement de liens entre l’OMPI, ses États membres et les donateurs, et permettra aux pays en développement de nouer un dialogue avec les bailleurs de fonds sur les questions de propriété intellectuelle et à l’OMPI, de promouvoir les partenariats pour favoriser l’amélioration de l’accès au financement des pays en développement. Elle a créé, en réunissant des représentants des pays en développement et d’organisations telles que la Banque mondiale, la Banque africaine de développement, le Département pour le développement international du Royaume-Uni, l’USAID et des donateurs actuels de l’OMPI, l’occasion idéale d’entamer ce processus de dialogue et de constitution de partenariats.
La séance récapitulative de la conférence a été l’occasion de commencer à définir certaines des prochaines étapes qui permettront à l’OMPI d’aider ses États membres en développement à développer des partenariats et mobiliser des ressources pour la propriété intellectuelle et le développement. Des travaux sont en cours dès à présent pour profiter de l’impulsion donnée par la conférence, et l’OMPI travaillera de concert avec ses actuels donateurs, ses donateurs potentiels et ses États membres en développement pour en assurer la poursuite.
Si la mise en œuvre du Plan d’action de l’OMPI pour le développement s’inscrit dans le cadre du budget ordinaire de l’Organisation, le développement de partenariats et l’accès aux ressources extrabudgétaires sont considérés comme des moyens d’élargir l’impact des activités de l’OMPI en faveur du développement en général et d’accélérer la mise en œuvre des recommandations du Plan d’action de l’OMPI pour le développement en particulier.
Photos: Cheick Diallo
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