La propriété intellectuelle pour une Afrique émergente
Francis Gurry, Directeur général de l’OMPI
La Conférence ministérielle africaine 2015 sur la propriété intellectuelle pour une Afrique émergente organisée conjointement par le Gouvernement du Sénégal et l’OMPI avec le concours de l’Union africaine (UA) et de l’Office des brevets du Japon à Dakar (Sénégal) du 3 au 5 novembre sera l’occasion d’examiner ce que la propriété intellectuelle peut apporter aux économies africaines et au développement d’écosystèmes d’innovation et d’industries de la création dynamiques sur tout le continent.
Dans l’économie du savoir mondialisée, l’innovation, la créativité et la propriété intellectuelle sont riches de promesses en termes de croissance, d’échanges commerciaux et d’emploi et ce, quel que soit le stade de développement des pays concernés. Toutefois, ces promesses ne se concrétisent pas automatiquement. Chaque nation doit trouver la juste combinaison de politiques pour mobiliser le potentiel novateur et créateur propre à son économie.
Aujourd’hui, la composante intellectuelle de la production est beaucoup plus importante que par le passé et la propriété intellectuelle est un mécanisme indispensable pour convertir ce savoir‑faire en actif négociable et réaliser l’avantage concurrentiel qu’il représente.
Les droits de propriété intellectuelle définissent un cadre juridique sûr pour l’investissement dans l’innovation et la créativité et la commercialisation de leurs résultats, permettant aux entreprises, notamment les nouvelles entreprises de haute technologie, de franchir l’étape périlleuse de la transformation d’une idée en produit commercialement viable et de se lancer avec succès à l’assaut du marché mondial, tout en préservant l’intérêt public. De fait, la propriété intellectuelle est un facteur clé dans la création d’un environnement où l’innovation et la créativité peuvent s’épanouir et générer croissance et prospérité.
Toutefois, ces avantages ne peuvent être réalisés que lorsque le système de propriété intellectuelle repose sur un savant mélange de politiques qui concilie les intérêts souvent concurrents des producteurs, d’une part, et des consommateurs, d’autre part. C’est à ce défi que sont confrontés les décideurs en Afrique et dans le reste du monde.
Jusqu’ici, l’action menée dans le domaine de la propriété intellectuelle en Afrique a essentiellement porté sur la constitution et le développement de l’infrastructure de base, les cadres réglementaires, le renforcement des capacités et la mise en valeur des ressources humaines. Il s’agit à présent de mettre en œuvre ces instruments pour appuyer la réalisation des objectifs économiques des pays africains.
L’Afrique est forte d’une longue tradition d’innovation et de créativité et jouit de ressources extraordinaires dans ce domaine mais a souvent eu du mal à réaliser pleinement ce potentiel économique. La situation est en train de changer. De plus en plus, les économies africaines cherchent à apporter une valeur ajoutée à leurs ressources en matière d’innovation et de création en faisant appel au système de la propriété intellectuelle.
Bien que les économies africaines soient encore confrontées à de nombreuses priorités concurrentes et pressantes en matière de politiques générales, l’innovation et la propriété intellectuelle progressent lentement mais sûrement à l’ordre du jour des pouvoirs publics africains.
Je suis convaincu que l’Afrique est à l’aube d’une ère nouvelle et particulièrement intéressante. Aujourd’hui, le continent compte certaines des économies qui connaissent la plus forte croissance au monde et les nations africaines saisissent les opportunités offertes par l’économie du savoir et la révolution numérique pour lutter contre la pauvreté, améliorer la productivité agricole et stimuler la compétitivité industrielle dans leur volonté d’assurer un développement durable et solidaire.
L’Indice mondial de l’innovation 2015 met en évidence les évolutions positives dans le paysage de l’innovation en Afrique. Maurice, l’Afrique du Sud et le Sénégal occupent cette année le sommet du classement des pays d’Afrique subsaharienne, et de plus en plus d’économies africaines surclassent les pays de même catégorie économique dans le domaine de l’innovation. En Afrique subsaharienne, des pays à faible revenu comme le Rwanda, le Mozambique et le Malawi atteignent à présent des résultats équivalents à ceux des pays à revenu intermédiaire. De la même façon, le Burkina Faso, le Kenya, le Mali et l’Ouganda obtiennent des résultats qui dépassent généralement ceux des autres économies de même niveau de développement. Malgré des moyens limités, ces économies africaines se montrent efficaces s’agissant de traduire les investissements qu’elles consentent dans l’innovation et la création en résultats tangibles.
La Conférence ministérielle africaine de 2015 est l’occasion d’examiner avec les décideurs et les spécialistes les moyens par lesquels la propriété intellectuelle peut appuyer au mieux la transformation scientifique et technologique des économies africaines et d’approfondir la compréhension du rôle stratégique qu’elle peut jouer pour stimuler le développement économique et social et la réduction de la pauvreté sur le continent.
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