Teqball : le monde est incurvé
Catherine Jewell, Division des publications, OMPI
Le teqball, nouveau jeu de ballon ingénieux, simple et ludique, fait fureur dans le monde du football. Stars du foot, clubs les mieux classés et équipes nationales, tous ont contracté le virus. Gergely Muranyi, de l’entreprise Teqball, évoque les défis qu’il a fallu relever pour mettre au point ce nouveau sport, ainsi que le rôle de la propriété intellectuelle dans la réalisation des ambitions de l’entreprise, à savoir promouvoir ce sport à l’échelle mondiale et, à terme, en faire une discipline olympique.
Quelle est l’origine du teqball?
L’entreprise Teqball a été créée par Gábor Borsányi, Gyuri Gattyán et Viktor Huszár. L’idée est née dans l’esprit de Gábor, le plus créatif de l’équipe, alors qu’il était un jeune joueur de football professionnel. Lorsqu’il ne pouvait pas s’entraîner un terrain de football, Gábor rejoignait un ami pour enchaîner les passes au-dessus de l’une des nombreuses tables de ping-pong en béton installées au pied des immeubles de Budapest. Plus tard, il a compris qu’en incurvant simplement le plateau d’une table, il pouvait créer un jeu bien plus amusant, que nous avons appelé le teqball.
De quoi s’agit-il exactement?
Teqball est l’entreprise qui a mis au point un produit sportif innovant, utilisé pour un nouveau sport inspiré du football qui peut être pratiqué par les professionnels et les amateurs, y compris les personnes atteintes d’un handicap. Le jeu combine le rythme rapide du tennis de table avec l’habileté et le dynamisme du football. L’un des grands avantages du teqball est que vous n’avez pas besoin d’une équipe pour jouer, juste d’un ami. Nous l’avons appelé teqball parce qu’il faut de la technique pour y jouer et un ballon de foot classique.
L’entreprise a été créée en 2014 et a son siège à Budapest (Hongrie), où se trouve notre centre de recherche-développement. Nous employons environ 130 personnes (contre 38 l’année dernière), dont beaucoup ont moins de 30 ans. L’objectif premier de l’entreprise est de créer de la valeur grâce au pouvoir du sport. C’est ce qui nous motive.
La table de teqball est-elle réservée exclusivement à un jeu s’inspirant du foot?
Lorsque nous avons lancé le teqball, nous étions vraiment centrés sur le football mais en fait, une table de teqball peut être utilisée pour cinq jeux différents : teqball, teqis, teqpong, qatch et teqvoly. Pour l’instant, le teqball est le plus répandu. Ainsi, les différentes coupes de teqball que nous organisons s’inspirent du football. À l’avenir, nous prévoyons de faire de ces autres jeux des disciplines sportives à part entière et d’organiser des Jeux où les athlètes pourront concourir dans tous les sports Teq. Ce serait un événement incroyable.
À quoi ressemble le matériel?
La table de teqball est à peu près de la taille d’une table de ping-pong, mais sa surface est incurvée et elle est dotée d’un filet solide pour que la balle rebondisse en arrière si elle n’a pas été frappée correctement. Cela signifie que les joueurs ne peuvent compter que sur leurs capacités et leur habileté. Il n’y a pas de hasard dans ce jeu. Tout ce dont vous avez besoin pour commencer à jouer, c’est d’un adversaire à l’autre bout de la table. Pour les passionnés de football, c’est un excellent moyen de développer leurs compétences techniques, leur concentration et leur endurance.
Le teqball est la seule méthode d’entraînement au monde qui offre aux joueurs un tel contact avec le ballon. C’est ce qui séduit les footballeurs. De nombreux joueurs de football internationaux s’adonnent déjà au teqball pendant leur temps libre, sans aucune incitation de notre part, pour améliorer leur maniement du ballon ou simplement pour le plaisir. C’est aussi un très bon moyen de s’échauffer et de récupérer. Nous avons créé une série d’exercices d’entraînement pour permettre aux joueurs de tirer le meilleur parti du teqball et d’améliorer leurs compétences footballistiques sur le stade grâce à notre équipement.
Nos actifs de propriété intellectuelle sont notre bien le plus précieux et les protéger nous permet d’établir de nouvelles relations commerciales sans craindre de les mettre en péril.
Quelle est votre gamme de produits?
Nous avons la Teqball ONE, une table très solide et durable qui est fixée au sol. Les municipalités l’utilisent dans les parcs publics et nous nous en servons pour les compétitions professionnelles de teqball. Nous avons également une version compacte et mobile, appelée Teqball SMART, qui est idéale pour les écoles. Cette année, nous allons également lancer une version plus abordable, qui coûtera environ 700 euros en magasin. Ce dernier modèle est bien plus facile à fabriquer et nous permettra d’augmenter considérablement notre capacité de production.
La création d’un plateau incurvé a-t-elle soulevé des difficultés?
Une table avec une surface plane est simple à concevoir, mais pour créer un plateau incurvé parfaitement lisse, léger, silencieux, facile à assembler et à expédier, il a fallu relever plusieurs défis techniques importants.
Trouver les bons matériaux et la meilleure manière de tout assembler a nécessité un important travail de recherche et de nombreux essais, ainsi que beaucoup de patience et de détermination. Finalement, nous avons réussi à mettre au point deux produits qui ont été primés. Nous avons gagné un Red Dot Design Award pour la Teqball ONE et un iF Design Award pour la Teqball SMART.
Les tables sont traitées contre les UV et peuvent être utilisées à l’intérieur comme à l’extérieur. Le plateau est en stratifié haute pression et la structure en acier résiste à l’effet corrosif del’eau de mer ou de la neige. Conformément à notre engagement de qualité, les tables sont fabriquées à partir de matériaux de premier choix.
Le plus difficile a été de trouver un investisseur pour financer le projet. Après 18 mois de recherche, nous avons obtenu l’appui financier de l’investisseur hongrois Gyuri Gattyán.
Lorsque nous avons eu l’idée du teqball, il était évident que nous devions la protéger. En raison de sa simplicité, n’importe qui pouvait la copier. Nous avons donc compris l’importance de la propriété intellectuelle dès le départ.
Quels sont vos marchés cibles?
L’Europe est notre principal objectif; c’est là que la culture du football est la plus présente. Il est intéressant de noter que le football (soccer) est également en plein essor aux États-Unis d’Amérique, où il devient une alternative moins coûteuse et plus sûre au football américain. Mais nous avons aussi des activités en Afrique, en Asie et en Amérique latine; les Brésiliens, en particulier, s’intéressent au football et au teqball.
Comment avez-vous suscité l’intérêt pour le teqball?
Au départ, il a été difficile de motiver les gens, mais il leur a suffi d’essayer le teqball pour être séduits. Nous en avons parlé à toutes nos relations dans le milieu du football. Nous savions que nous devions persévérer jusqu’à ce que les gens voient leurs stars du football préférées jouer au teqball et utiliser notre équipement. Aujourd’hui, beaucoup de grands joueurs de football, de clubs de football comme le FC Barcelone, le Real Madrid, Arsenal et Chelsea, et d’équipes nationales jouent au teqball. Tous ont commencé de manière spontanée, sans aucune promotion de notre part, parce qu’ils aimaient vraiment le jeu. Cela a véritablement contribué à promouvoir la popularité du teqball en tant que sport.
Plus tôt dans l’année, le Conseil olympique d’Asie a officiellement reconnu le teqball. Pour nous, c’est un grand pas en avant car cela signifie que le teqball est désormais un sport officiel dans 45 pays asiatiques. Cela ouvre également la voie à l’intégration du teqball dans les prochains jeux asiatiques, deuxième plus grand événement sportif au monde.
Comment avez-vous fait du teqball un sport professionnel?
Après avoir décidé de promouvoir le teqball en tant que sport professionnel, nous avons compris qu’il fallait constituer une fédération pour superviser sa pratique et la FITEQ, Fédération internationale de Teqball, a été créée en 2017. Elle a son siège à Lausanne (Suisse). Nous avons engagé ce processus peu de temps avant la première coupe du monde de teqball organisée en 2017 en Hongrie. Quarante-deux pays ont participé à la coupe du monde de teqball organisée à Reims (France) en 2018 contre une vingtaine à celle de 2017 en Hongrie, signe que la popularité de ce sport augmente rapidement.
À quel moment avez-vous pris conscience de l’importance de la propriété intellectuelle?
Lorsque nous avons eu l’idée du teqball, il était évident que nous devions la protéger. En raison de sa simplicité, n’importe qui pouvait la copier. Nous avons donc compris l’importance de la propriété intellectuelle dès le départ. Nous avons veillé à ce que tous nos partenaires potentiels signent nos accords de non-divulgation bien structurés et pris des mesures pour protéger la conception de nos tables et d’autres éléments techniques. À ce jour, nous avons demandé une protection dans quelque 50 pays à l’aide des différents systèmes de dépôt et d’enregistrement économiquement intéressants qui sont proposés par l’OMPI, comme le Traité de coopération en matière de brevets et le système de La Haye concernant l’enregistrement international des dessins et modèles industriels.
Nos actifs de propriété intellectuelle sont notre bien le plus précieux et les protéger nous permet d’établir de nouvelles relations commerciales sans craindre de les mettre en péril. Les droits de propriété intellectuelle sont au cœur de nos projets en vue de la création d’un réseau mondial de fabrication et de distribution de nos tables, l’objectif étant de permettre aux passionnés de sport qui veulent jouer au teqball d’acheter nos produits à des prix raisonnables. En Amérique du Sud, par exemple, les prix de nos produits sont prohibitifs en raison du niveau élevé des droits d’importation. Avec un partenaire local pour la fabrication et la distribution de nos tables Teqball, celles-ci seront accessibles à un plus grand nombre de personnes à un prix abordable. Nous travaillons déjà dans ce sens avec un partenaire en Chine. En Europe, notre boutique en ligne sera notre principal point de vente et nous permettra de proposer à nos clients des options plus souples en matière de paiement (par exemple, un acompte initial suivi de versements mensuels). Nous pensons qu’il s’agit là d’un bon moyen de mettre le sport à la portée de tous. Le véritable enjeu pour nous n’est pas le nombre de tables vendues, mais le nombre de joueurs potentiels. Nous vendons du sport et nous transmettons la joie que procure la pratique du sport. Les droits de propriété intellectuelle ont également un rôle important à jouer en ce sens qu’ils nous permettent de promouvoir le sport et son développement à long terme.
Quelle est l’importance du parrainage?
À moyen terme, nous envisageons de créer des marques pour différentes compétitions de teqball, comme les championnats du monde de Teqball et la Teqball World Series. Chacune de ces compétitions devra être accompagnée d’une stratégie efficace en matière de propriété intellectuelle pour attirer les partenaires, les médias, les joueurs de haut niveau et, bien sûr, les spectateurs. En 2018, lors des premiers jeux de Beach teqball organisés sur la plage de Lupa, à proximité de Budapest, nous avions déjà signé des accords de parrainage avec de grandes entreprises comme BMW et Hublot. Compte tenu de l’engouement pour la marque Teqball, notre objectif pour les prochains championnats du monde de teqball, en 2019 et 2020, est de passer à un niveau supérieur en attirant de nombreux autres partenaires de premier rang.
Les compétitions de teqball sont-elles diffusées?
Oui, la radiodiffusion contribue largement à susciter l’intérêt pour ce sport. À l’avenir, la cession des droits de radiodiffusion de ces événements sera la principale source de revenus de l’entreprise. Nous avons diffusé la Coupe du monde de teqball 2018 pour la première fois sur YouTube et Facebook. Les jeux de Beach teqball organisés à Cabo Verde en juin 2019 ont été diffusés à la télévision en Europe et en Afrique. Les affaires marchent vraiment bien dans ce domaine.
Quels sont vos projets?
Notre objectif avec le teqball est d’attirer le plus de joueurs possible. À cette fin, nous mettons au point du matériel de formation pour les écoles afin de faciliter la création d’une nouvelle génération de joueurs. Notre équipe multisport travaille également à l’organisation d’événements sportifs autour du teqis, du teqpong, du qatch et du teqvoly. La propriété intellectuelle jouera là aussi un rôle important. Mais notre but ultime est de faire du teqball une discipline olympique.
Bien que les affaires soient florissantes, nous n’avons jamais considéré le teqball comme un simple produit commercial lucratif. Notre objectif est de créer de la valeur grâce au pouvoir du sport. C’est pourquoi, en 2018, nous avons lancé plusieurs campagnes sur la responsabilité sociale des entreprises dans le monde entier. Par exemple, nous avons fait don de deux tables de teqball au camp de réfugiés de Zaatari en Jordanie, où nous avons également mis en place un programme de formation. Le camp dispose maintenant de deux entraîneurs professionnels de teqball qui entraînent régulièrement les enfants dans le camp. C’est notre façon de leur donner de l’espoir et un avant-goût de la joie que procure la pratique du sport.
Quel est votre message à l’intention des jeunes inventeurs?
Croyez en vous, restez toujours humble et ne vous laissez jamais décourager par une réponse négative.
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