Paul Omondi, auteur indépendant
Mme Jihan Williams se décrit elle-même comme une femme des Caraïbes aux multiples facettes en raison de sa passion pour les arts, les activités de sensibilisation et le droit. Son intérêt pour la propriété intellectuelle l’a catapultée à la tête de l’Office de la propriété intellectuelle de Saint-Kitts-et-Nevis, dont elle dirige le service d’enregistrement. Dans cette entrevue, elle nous parle de l’importance de la propriété intellectuelle pour le secteur de la créativité et la croissance économique dans les Petites Antilles, ainsi que de son incursion dans le monde de la littérature.
Mon intérêt pour la propriété intellectuelle est né de mon amour de l’art et du spectacle. Je me suis également inspirée de feu Masud Sadiki, qui était un musicien très connu dans mon pays. Il m’a encouragée à m’intéresser aux contrats et à la question des redevances dans le domaine de la musique, et à étudier les différentes manières dont les artistes pouvaient protéger leurs œuvres et en tirer parti. Sa passion et sa foi en moi m’ont aidée à m’orienter vers un master en droit de la propriété intellectuelle.
Les jeunes sont très créatifs, et ils doivent s’intéresser à la propriété intellectuelle s’ils veulent protéger leur créativité et comprendre comment elle peut leur permettre de gagner leur vie. C’est extraordinaire de se rendre compte que grâce à la propriété intellectuelle, ils peuvent s’épanouir même s’ils n’ont pas de garanties matérielles ou beaucoup d’argent pour se lancer. Votre esprit et votre talent sont tout ce dont vous avez besoin, quel que soit votre âge. Mais il est important que les jeunes comprennent comment fonctionne le système de la propriété intellectuelle pour qu’ils ne portent pas atteinte aux droits d’autres créateurs lorsqu’ils utilisent leurs œuvres.
Les jeunes sont très créatifs, et ils doivent s’intéresser à la propriété intellectuelle s’ils veulent protéger leur créativité pour gagner leur vie.
À Saint-Kitts-et-Nevis, nous avons la passion de la musique. Nous avons tant de musiciens doués et prometteurs! La propriété intellectuelle permet d’organiser ce secteur, notamment par la jurisprudence en matière de droit d’auteur. L’affaire Marvin Gaye Estate contre Robin Thicke et Pharrell Williams, qui concernait la chanson “Blurred Lines”, a beaucoup intéressé le public car les tribunaux ont considéré que cette chanson portait atteinte au droit d’auteur de Marvin Gaye sur sa célèbre chanson de 1977, “Got To Give It Up”. Nos musiciens se sont intéressés à la propriété intellectuelle au travers de cette affaire et de quelques autres jugements analogues rendus dans la région. Les créateurs se renseignent désormais bien plus qu’avant à Saint-Kitts-et-Nevis. C’est très encourageant et cela nous aide beaucoup à sensibiliser le public à la propriété intellectuelle.
Le monde du spectacle représente une activité économique considérable dans les Caraïbes, et nous avons beaucoup d’artistes talentueux, que ce soient des DJ, des musiciens, des auteurs-compositeurs ou des producteurs. La propriété intellectuelle offre des perspectives considérables et la région a commencé à le reconnaître. C’est pourquoi l’économie orange est devenue prioritaire dans les Caraïbes et joue un rôle important dans notre programme de développement, en particulier du fait qu’elle offre de nombreuses perspectives à la jeunesse. Notre rôle en tant qu’Office de la propriété intellectuelle est de mettre en place un cadre dynamique pour permettre aux jeunes et à notre secteur de la créativité de s’épanouir.
Notre rôle en tant qu’Office de la propriété intellectuelle est de mettre en place un cadre dynamique pour permettre aux jeunes et à notre secteur de la créativité de s’épanouir.
J’ai la passion de l’écriture. J’encourage toutes les personnes intéressées à écrire elles aussi, et à protéger leurs œuvres. Pour moi, l’écriture ne consiste pas seulement à raconter ou à documenter des histoires, c’est aussi une activité libératrice. Après une fausse couche à l’âge de 37 ans, je me suis mise à écrire pour m’aider à gérer mes émotions. C’est ainsi que j’ai pu commencer à me soigner.
Il est intitulé “Lifting the Weight of Miscarriage: Healing Insights for Pregnancy Loss Sufferers and the People Around Us” (“Se libérer du poids d’une fausse couche : idées de soins pour les personnes qui ont perdu leur bébé et pour notre entourage”). C’est le récit très ému de ce que j’ai vécu après avoir perdu mon bébé pendant le deuxième trimestre de ma grossesse. Je partage mon expérience physique, émotionnelle et spirituelle et je propose quelques idées pour gérer cette situation et se soigner aux personnes qui ont vécu la même chose et à leurs proches. Je voulais aider et orienter d’autres femmes en transmettant tout ce qui m’avait aidé pendant cette période douloureuse de ma vie. Je me réjouis de voir que ce livre encourage d’autres femmes à partager leur expérience. Et je suis très heureuse de constater que mon livre aide également des hommes, en mettant en lumière les souffrances qu’une fausse couche cause aussi aux pères.
J’ai publié mon livre à compte d’auteur parce que je voulais conserver un contrôle complet sur le processus, depuis le style d’écriture et le titre jusqu’à la conception de la couverture. Je voulais raconter et présenter mon histoire de manière aussi authentique que possible sans subir les contraintes d’un éditeur. Et chose importante, je m’étais fixé un délai très court pour lancer le livre le 23 novembre 2022, au premier anniversaire de ma perte, en mémoire de mon fils.
Ce nom de “la Fille bondissante” vient du surnom “Bouncing” que me donnait mon père. C’est à la fois un coup de chapeau à mon père et une évocation de mes nombreux centres d’intérêt : je “bondis” souvent de l’un à l’autre entre les arts, la propriété intellectuelle, le droit et les activités de sensibilisation. J’ai créé cette société pour soutenir mes ambitions littéraires. J’ai beaucoup appris grâce à ce projet, qui m’a amené à travailler avec des concepteurs et des éditeurs pour me procurer un numéro international normalisé du livre (ISBN), commercialiser le livre et le faire distribuer par Amazon et Kindle. J’envisage aussi de publier une version audio du livre.
Je réfléchis actuellement à l’écriture d’un guide de la propriété intellectuelle simple et facile à comprendre qui serait destiné aux entrepreneurs. Je pourrais même envisager ensuite d’écrire un livre pour les enfants pour les amener à penser à ces questions dès leur jeune âge, puisque la propriété intellectuelle vous permet de gagner de l’argent avec vos œuvres quel que soit votre âge. Les enfants sont très créatifs et sont constamment en train d’essayer de construire et de créer. Le but est de leur permettre de comprendre les notions fondamentales de la propriété intellectuelle au moment où ils commencent à explorer leurs talents créatifs. Nous avons besoin de plus de créateurs, et pas simplement de consommateurs.
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