L’OMPI organise une réunion-débat sur l’autonomisation des femmes dans le secteur de l’édition
30 décembre 2019
Le 4 octobre 2019, dans le cadre de la cinquante-neuvième série de réunions des assemblées des États membres de l’OMPI, le Secteur du droit d’auteur et des industries de la création et le Département de la gestion des ressources humaines de l’OMPI ont organisé un débat d’experts sur le thème “L’autonomisation des femmes dans le secteur de l’édition”.
Le Directeur général de l’OMPI, M. Francis Gurry, a ouvert la manifestation en soulignant l’importance de l’égalité de genre dans le secteur de l’édition. En effet, l’édition, tout comme l’ensemble du secteur de la création, a un pouvoir d’influence extrêmement important et il est donc essentiel de parvenir à représentation équitable dans ce domaine
La vice-directrice générale, Mme Forbin, a ouvert le débat en rappelant que le secteur de l’édition n’avait pas toujours été exempt de discrimination fondée sur le genre. Au contraire, les exemples de femmes de lettres ayant changé leur nom de plume pour être publiées montrent qu’il était parfois préférable pour les femmes de cacher leur identité : on pense entre autres à la Britannique J. K. Rowling, aux sœurs Brontë, à George Sand et à Fred Vargas.
Mme Forbin a ensuite souligné que fort heureusement, les choses évoluaient et que le talent des femmes était à présent reconnu dans le secteur de l’édition. À titre d’exemple, on peut notamment citer :
préférable pour les femmes de cacher leur identité : on pense entre autres à la Britannique J. K. Rowling, aux sœurs Brontë, à George Sand et à Fred Vargas.
Mme Forbin a ensuite souligné que fort heureusement, les choses évoluaient et que le talent des femmes était à présent reconnu dans le secteur de l’édition. À titre d’exemple, on peut notamment citer :
- Mme Bodour Al Qasimi – fondatrice et PDG de la maison d’édition Kalimat, spécialisée dans les livres et contenus éducatifs pour enfants afin de promouvoir la langue arabe et l’autonomisation des jeunes;
- Mme Teresa Cremisi – directrice du développement éditorial chez Gallimard et présidente de Flammarion; et
- Mme Trasvin Jittidecharak – fondatrice de Silkworm Books, première éditrice en Asie du Sud-Est et défenseuse de la protection du droit d’auteur et de la lutte contre la censure
Le débat
La principale question examinée était celle de savoir si de nos jours, le genre avait un effet sur les choix éditoriaux, les politiques commerciales et les stratégies éducatives.
Mme Amina Hachimi-Alaoui
La première intervenante, Mme Amina Hachimi Alaoui, fondatrice de la maison d’édition Yanbow Al Kitab, a expliqué qu’elle avait eu l’idée d’ouvrir une bibliothèque dans un contexte particulier au Maroc, lorsque, après l’indépendance, tradition et modernité s’étaient invitées dans la vie des Marocaines.
Selon Mme Hachimi Alaoui, de nombreuses enseignantes marocaines travaillent à l’amélioration des supports pédagogiques, d’un point de vue quantitatif et qualitatif, pour favoriser l’accès aux livres des écoles et des enfants. Ces femmes appartiennent à une génération plus jeune et plus créative, inspirée par des pionnières comme Mme Hachimi Alaoui. Mais malgré leur travail, le secteur de l’édition doit être attentif au soutien de la société en faveur de certaines questions, qui n’existe peut-être pas encore.
Mme Roanie Levy
La deuxième intervenante, Mme Roanie Levy, présidente et présidente-directrice générale d’Access Copyright, a expliqué que l’Amérique du Nord était également confrontée à une forme de censure, car les ouvrages sur les questions relatives aux femmes restent souvent marginaux dans le secteur de l’édition.
Mme Levy a ajouté que les femmes étaient surreprésentées dans le secteur canadien de l’édition, qui compte environ 70% de femmes, notant que les bas salaires pouvaient expliquer la sous-représentation des hommes dans ce secteur. En outre, le secteur se caractérise par un important écart de rémunération entre les hommes et les femmes, puisque les femmes gagnent souvent à peine la moitié de leurs homologues masculins.
M. Michiel Kolman
M. Michiel Kolman, vice-directeur général d’Elsevier et envoyé présidentiel pour les questions de diversité et d’inclusion à l’Union internationale des éditeurs, membre du Consortium pour des livres accessibles, a noté que les données fournies par les pays du Nord faisaient état de grands progrès sur la question de la diversité de genre.
Ainsi, les données communiquées par l’association des éditeurs (Publishers Association) du Royaume-Uni concernant le secteur de l’édition de ce pays révèlent un nombre de femmes supérieur au nombre d’hommes dans ce secteur. Plus important encore, elles montrent que les femmes y détiennent 54% des postes de direction et de cadres supérieurs. La question de l’origine ethnique est plus délicate, puisqu’il reste difficile d’attirer et de retenir du personnel issu de minorités ethniques.
En ce qui concerne les pays du Sud, où les données chiffrées sont difficiles à obtenir, on observe que de nombreuses femmes, à l’instar de l’éditrice marocaine pour enfants Amina Hachimi Alaoui, ont créé leur propre maison d’édition. À noter d’ailleurs que les maisons d’édition les plus petites et les plus récentes se montrent particulièrement innovantes et disposées à faire bouger les choses en publiant des œuvres qui sortent des sentiers battus, et donnent ainsi une voix à de nouveaux artistes sur la scène littéraire et culturelle. Ces artistes sont de plus en plus souvent des femmes, ce qui illustre bien la manière dont la diversité et l’inclusion servent le changement sociétal et culturel.
Sur ce point, Mme Levy a ajouté qu’en 2012, le Canada avait étendu les exceptions relatives au droit d’auteur au secteur de l’enseignement avec sa Loi sur la modernisation du droit d’auteur, qui avait nui à l’édition et pesé sur les gains enregistrés dans ce secteur. De fait, de nombreux éditeurs indépendants, notamment des éditrices, avaient connu une baisse de leurs revenus.
Le rôle de l’OMPI
Dans ce contexte, le rôle de l’OMPI est essentiel. L’Organisation offre un cadre favorable au dialogue afin d’examiner les moyens d’améliorer l’infrastructure et les pratiques dans le secteur de l’édition. Selon les experts, il est encore possible d’apporter des améliorations dans le domaine du droit de prêt public et du droit d’auteur, et de la connaissance des droits dans le secteur de l’édition, en particulier pour les éditrices. Les experts estiment également qu’il est crucial d’améliorer les indicateurs permettant de repérer les lacunes et de mesurer les progrès accomplis dans le domaine de l’édition.