Pôles d’innovation : l’importance de créer des liens
7 juin 2021
Juin 2021 ・ 4 minutes reading time
Pôles d’innovation : l’importance de créer des liens
Tout comme les individus tirent parti des liens qu’ils créent dans leurs environnements sociaux et professionnels, les pôles d’innovation traversent les frontières à la recherche de partenaires. Il est de plus en plus important de créer ces liens et de choisir les bons partenaires.
La fin du génie solitaire?
La production de savoir scientifique et technologique s’appuie de plus en plus sur la collaboration. Ces vingt dernières années, avec l’avènement du travail d’équipe et en collaboration, le chercheur solitaire est devenu une espèce en voie de disparition. L’essentiel du savoir scientifique est produit dans des équipes d’au moins six chercheurs. Il en va de même pour les innovations technologiques.
La collaboration internationale s’intensifie également dans la plupart des pays à revenu élevé. Si la communauté scientifique est engagée de longue date dans la coopération internationale, les améliorations en matière de communication ont néanmoins aidé les scientifiques à faire connaître et à coordonner leurs efforts de manière de plus en plus efficace. Les multinationales cherchent aussi à gagner en efficacité en répartissant leur activité R-D dans le monde et en passant par une collaboration internationale, pour :
- adapter les technologies aux différents besoins du marché;
- accéder à une réserve unique de talents; ou
- simplement diminuer les coûts liés aux chercheurs.
Les pôles d’innovation aux États-Unis d’Amérique comptent parmi les mieux connectés au monde. De par leur étendue et leur fréquence, les collaborations entre inventeurs et scientifiques résidents aux États-Unis d’Amérique sont un élément essentiel du réseau d’innovation mondial. D’autres pôles d’innovation les ont rejoints au cœur de ce réseau d’innovation mondial : Beijing, Bengaluru, Francfort, Londres, Paris, Shanghai et Tokyo.
Co-inventions et copublications internationales, en pourcentage
(Source : OMPI, données extraites du Rapport sur la propriété intellectuelle dans le monde 2019)
Dans quelle mesure la collaboration est-elle mondialisée?
La collaboration en matière de production scientifique (publication), opposée à la production technologique (brevets), implique de plus en plus des équipes issues d’organisations d’au moins deux pays. En vingt ans seulement, la part de la collaboration scientifique internationale a augmenté de moitié, la proportion d’articles scientifiques parmi les publications passant de 17% à 25%. Les co-inventions internationales sont un phénomène beaucoup moins fréquent.
La production internationale de brevets en collaboration, bien que dans des proportions plus faibles, affiche une nette tendance à la hausse jusqu’à la deuxième moitié des années 2000, passant du simple au double, de moins de 5% à presque 11%. Depuis 2010, cette proportion diminue légèrement. Le fait que des équipes internationales sont à l’origine d’un pourcentage plus élevé d’articles scientifiques que de brevets est un signe que la production scientifique est plus internationalisée que la production technologique.
Co-inventions (à gauche) et copublications (à droite), par pays
(Source : OMPI, données extraites du Rapport sur la propriété intellectuelle dans le monde 2019)
À l’exception du Japon, et dans une moindre mesure de la République de Corée, la plupart des pays qui déposent le plus de demandes de brevet présentent une forte proportion de co-inventions internationales. Les États-Unis d’Amérique et les pays d’Europe occidentale affichent principalement une tendance croissante dans ce domaine. Les pays de plus petite taille ayant des zones urbaines denses, actives en matière d’innovation et intégrées dans des réseaux internationaux, par exemple la Suisse, favorisent l’établissement de collaborations internationales. L’Inde a également un taux élevé de co-inventions internationales. Dans les grands pays de l’Asie orientale, les choses sont différentes. Avant les années 2000, la part des co-inventions internationales en Chine était considérable mais le volume était faible. Par la suite, lorsque le volume de dépôts de brevet chinois a augmenté, la part des co-inventions internationales s’est considérablement réduite, devenant comparable à celles du Japon et de la République de Corée, qui sont très faibles.
Les tendances concernant les co-publications internationales montrent une image très différente. Tous les principaux pays publiant des articles scientifiques ont une proportion de co-publications internationales plus élevée que celle de co-inventions internationales, à l’exception de l’Inde. De plus, ces proportions ont augmenté régulièrement au cours de la période considérée. Cependant, les chiffres montrent que les pays d’Asie orientale sont moins ouverts à l’international que les États-Unis d’Amérique et l’Europe occidentale en termes de publications scientifiques.
À quoi ressemblent les liens ainsi créés?
La collaboration internationale se concentre dans quelques grands pays même si cette collaboration se réduit à mesure que de nouveaux acteurs entrent dans le réseau. Les co-publications scientifiques et les demandes de brevet déposées conjointement entre les États-Unis d’Amérique, l’Europe occidentale et le Japon représentent près de la moitié des liens internationaux.
Les nouveaux venus dans ces réseaux, notamment la Chine, l’Inde, l’Australie ou le Brésil, sont surtout liés à ces trois régions. Toutefois, même si les collaborations en dehors de ce triangle restent rares, leur proportion a augmenté, atteignant 13% de l’ensemble des co-publications internationales entre 2011 et 2015.
Globalement, la collaboration est de plus en plus la norme. La collaboration et les liens créés avec l’un ou l’autre de ces pôles d’innovation facilitent l’échange de savoir et même le transfert de technologie et encouragent encore plus l’innovation dans le monde entier.
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